Le président de la République, Joseph Aoun, et le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, se sont entretenus par téléphone jeudi, après la convocation de l’ambassadeur du Liban à Bagdad, à la suite de propos tenus par M. Aoun. Au cours de cet échange, ils ont souligné « la solidité et la profondeur des relations libano-irakiennes ».

« Le président Aoun et le Premier ministre irakien ont affirmé, lors d’un appel téléphonique, la solidité et la profondeur des relations libano-irakiennes, indépendamment de tout facteur pouvant les influencer. Ils ont également souligné leur volonté commune de renforcer et de développer ces relations dans divers domaines », a annoncé la présidence sur son compte X.

Jeudi également, dans le cadre de sa visite en Irak, le député Kabalan Kabalan (mouvement chiite Amal) a rencontré le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani à Bagdad, en présence de l’ambassadeur du Liban en Irak, Ali el-Habhab. Il lui a remis une lettre écrite du président du Parlement et chef d'Amal, Nabih Berry, rapporte l’ANI. M. Kabalan a exprimé sa gratitude et son estime envers « l’Irak et son peuple, qui ont toujours soutenu le peuple libanais par tous les moyens face aux épreuves et aux crises, notamment la guerre criminelle menée par l’entité israélienne usurpatrice contre le peuple libanais ».

Le Premier ministre irakien a, pour sa part, salué « les sacrifices et la résilience du peuple libanais dans la défense de sa patrie et des causes de la nation », rendant hommage au « rôle pionnier et sage joué par M. Berry au Liban et dans la région ». Il a exprimé ses vœux de «paix, de sécurité et de stabilité pour le Liban, la Palestine et l’ensemble de la région».

Il a également affirmé « l’engagement de l’Irak à soutenir la souveraineté du Liban et l’unité de son territoire, ainsi qu’à coordonner les efforts en vue de lancer le processus de reconstruction des régions (détruites par la guerre) et de renforcer la sécurité et la stabilité du pays ».

La veille, l'ambassadeur du Liban à Bagdad, Ali el-Habhab, avait été convoqué par le ministère irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, pour lui faire part de son mécontentement concernant les déclarations du président Aoun au sujet des Hachd el-Chaabi, les Forces de mobilisation populaire (FMP) en Irak, selon un communiqué relayé par l'agence Reuters et par des médias libanais et arabes qui exprime un « malaise » face aux propos incriminés, perçus comme une critique indirecte du modèle irakien.

Le chef de l’État, qui a fait du « monopole des armes » par l’État libanais son leitmotiv, avait déclaré pour la première fois que « les combattants (du Hezbollah) pourraient rejoindre l’armée s’ils possèdent les qualifications et réussissent les tests requis pour intégrer l’institution ». Il a ajouté qu’il ne s’agissait pas de reproduire « l’expérience du Hachd el-Chaabi irakien, en intégrant le Hezbollah dans l’armée ou en faisant du Hezbollah une unité indépendante au sein de celle-ci ». Le Hachd el-Chaabi est une coalition de groupes paramilitaires majoritairement pro-iraniens, intégrée à l’appareil étatique irakien. Les propos de Joseph Aoun avaient aussi fait vivement réagir les opposants du parti sur les réseaux sociaux. 

Beyrouth et Bagdad coopèrent à plusieurs niveaux, notamment dans le secteur de l’énergie, à travers un accord de troc avec paiement différé mis en place lors des premières années de la crise qui a éclaté au Liban en 2019. Dans ce cadre, Électricité du Liban (EDL) s’approvisionne en carburant irakien. Pendant la guerre entre Israël et le Hezbollah, en 2023/2024, de nombreux Libanais résidant dans les zones les plus exposées aux bombardements israéliens se sont réfugiés en Irak.