
Un garçon assiste aux funérailles de combattants du Hezbollah, tués avant le cessez-le-feu du 27 novembre avec Israël, dans le village de Taybé, au Liban-Sud, près de la frontière avec Israël, le 6 avril 2025. Photo AFP/ RABIH DAHER.
Estimant que la meilleure approche pour le désarmement du Hezbollah est le « dialogue », le président Joseph Aoun, qui a fait du « monopole des armes » aux mains de l'État son leitmotiv, a déclaré mardi pour la première fois que les « combattants (du Hezbollah) pourraient rejoindre l’armée s'ils possèdent les qualifications et réussissent aux tests requis pour intégrer l'institution », précisant qu'une telle approche avait « été adoptée à la fin de la guerre civile avec plusieurs autres partis ». Le président a précisé dans la foulée, lors d'un entretien en amont de sa visite au Qatar, qu'il ne s'agissait pas de reproduire « l’expérience du Hachd el-Chaabi irakien en intégrant le Hezbollah dans l’armée ou que le Hezbollah devienne une unité indépendante au sein de cette armée ». Le Hachd el-Chaabi est une coalition de groupes paramilitaires majoritairement pro-iraniens intégrée à l’État irakien.
Ses propos ont été toutefois vivement critiqués sur la toile, notamment par des internautes hostiles au parti chiite.
« Non, nous ne voulons pas de membres du Hezbollah en uniforme militaire. Ils doivent être jugés pour leurs crimes commis à l’intérieur du Liban, pour leur entrée en Syrie, et pour avoir exercé le terrorisme et la violence contre un pays et un peuple » a asséné la militante libanaise Kinda el-Khatib, condamnée en décembre 2020 par un tribunal militaire pour « collaboration » avec Israël.
Une logique qui rejoint celle du porte-parole des Forces Libanaises (FL), qui a publié mardi un communiqué sur X appelant à juger le parti « pour ce qu’il a commis contre les Libanais depuis 1991 », estimant que « contrairement à la guerre libanaise, qui s’était imposée à tous et avait nécessité une amnistie générale, le parti, lui, a délibérément opprimé, humilié et soumis les Libanais dans le cadre du projet expansionniste iranien ».
« Des milliers de combattants se retrouveraient désoeuvrés »
Même son de cloche pour l'avocat Joy Lahoud, habitué des saillies contre le Hezbollah. « Les Libanais ne devraient pas payer un seul sou d’impôts pour financer les salaires de ces gens-là. Comment pouvez-vous remplacer la doctrine du « wali al-faqih » (concept clé de la République islamique d'Iran depuis 1979, reconnaissant l'autorité spirituelle et temporelle du guide suprême iranien, Ndlr) par une doctrine libanaise ? Comment peut-on absoudre ces individus de dizaines de crimes ? » a-t-il lancé dans une publication sur son compte X.
Plus modéré, le journaliste au quotidien an-Nahar Ali Hamade, critique d'ordinaire du Hezbollah, a expliqué comprendre « l'objectif » du président derrière ses propos, dans la mesure où « des milliers de combattants du Hezbollah se retrouveraient désœuvrés » en cas de démilitarisation du parti, ce qui pourrait provoquer « un danger au niveau sécuritaire ».
C’est absurde! Des membres d’allégeance Iranienne au sein de notre organisation nationale !!
12 h 33, le 21 avril 2025