
Les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger en 2022 pour une visite officielle. Photo AFP/LUDOVIC MARIN
Déjà tendues, les relations entre l'Algérie et la France viennent de connaître une brusque poussée de fièvre dont Alger attribue avec insistance l'« entière » responsabilité au ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Le ministère algérien des Affaires étrangères a fustigé par communiqué l'attitude « affligeante » du ministre, l'accusant de « barbouzeries à des fins purement personnelles ».
Figure de la droite française et en campagne pour prendre la tête du parti Les Républicains, ce dernier s'est fait le porte-voix d'une ligne de fermeté face à l'Algérie, notamment sur les questions migratoires. « Il n'y a pas d'affaire Retailleau », a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, ajoutant que le ministre était « totalement indépendant » de la procédure judiciaire à l'origine de la nouvelle brouille entre Paris et Alger.
C'est l'arrestation d'un agent consulaire algérien, accusé de l'enlèvement d'un influenceur algérien exilé en France, qui a mis le feu aux poudres après un début d'accalmie. Alger a expulsé 12 agents français en rétorsion, ce à quoi Paris a répliqué en renvoyant 12 agents consulaires algériens et en rappelant pour consultations l'ambassadeur de France à Alger.
« Torpiller »
La crise a commencé l'été dernier, après l'annonce par Paris d'un soutien renforcé à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où Alger épaule les indépendantistes du Front Polisario. L'Algérie a alors retiré son ambassadeur à Paris.
Depuis, d'autres affaires ont envenimé la relation bilatérale, comme l'arrestation en novembre en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal et des bisbilles sur l'immigration. Avec une constante: les critiques d'Alger contre Bruno Retailleau, accusé de vouloir « torpiller » les relations avec Paris.
Depuis qu'il est ministre, M. Retailleau « a ciblé de façon très singulière l'Algérie », instaurant « un bras de fer » avec ce pays, explique l'enseignant en géopolitique Adlene Mohammedi. Le pouvoir algérien s'en est saisi pour en faire à son tour « une cible », ajoute-t-il. « Une manière de ne pas (viser) l'ensemble de l'Etat français » et « de se conserver une espèce de marge de manoeuvre » pour dire: « on veut maintenir un canal de discussion avec l'Elysée et le Quai d'Orsay, mais tout ce qui a trait au ministère de l'Intérieur nous pose problème », poursuit-il.
De fait, un échange téléphonique le 31 mars entre les présidents algérien et français, Abdelmajid Tebboune et Emmanuel Macron, avait laissé espérer une réconciliation. L'ex-ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi s'interroge sur X quant à la distinction faite par « une partie de (ses) compatriotes » entre MM. Retailleau et Macron. Il ne croit pas « à une divergence de fond » entre les deux hommes « mais plutôt à une distribution avisée des rôles », en mode « good cop, bad cop ».
« Ligne dure »
Le chercheur en relations internationales Abdellah Akir juge également « difficile de dire que Retailleau agit seul, sans l'approbation du président ». Que l'Algérie tienne à blâmer M. Retailleau est « un message au président français afin qu'il prenne la mesure qu'il jugera appropriée pour démanteler les mines posées par le ministre sur le chemin de l'apaisement », assure à l'inverse M. Akir.
Pour le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Bruno Fuchs, « en Algérie, la position vis-à-vis de la France n'est pas homogène ». Il y a « d'un côté les tenants de la ligne du dialogue, de l'autre les tenants d'une ligne extrêmement dure (qui) essaient de torpiller le retour à une normalisation », dit-il. Une hypothèse plausible, selon Adlene Mohammedi, même si le système algérien fait selon lui en sorte d'être « illisible ».
La relation franco-algérienne se remettra-t-elle de ces soubresauts ?
Sans vouloir se montrer trop optimiste, M. Mohammedi pense « que les deux pays n'ont pas intérêt à une rupture totale » et qu'un dialogue peut « reprendre ». Un « éloignement » définitif n'est pas envisageable, pense également Ismail Maarraf, professeur de sciences politiques à Alger. « Les intérêts stratégiques élevés entre les deux pays et la sensibilité des dossiers qui n'apparaissent pas en public font que l'on n'exclut pas un retour prochain des relations à la normale », selon l'expert.
Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a assuré mercredi que même si Paris a répliqué « avec fermeté » aux décisions algériennes, il faudra « à terme » reprendre le dialogue « dans l'intérêt des Français ».
Déjà tendues, les relations entre l'Algérie et la France viennent de connaître une brusque poussée de fièvre dont Alger attribue avec insistance l'« entière » responsabilité au ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Le ministère algérien des Affaires étrangères a fustigé par communiqué l'attitude « affligeante » du ministre, l'accusant de « barbouzeries à des fins purement personnelles ».Figure de la droite française et en campagne pour prendre la tête du parti Les Républicains, ce dernier s'est fait le porte-voix d'une ligne de fermeté face à l'Algérie, notamment sur les questions migratoires. « Il n'y a pas d'affaire Retailleau », a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, ajoutant que le ministre était « totalement indépendant » de la...
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