
Le chef des Forces libanaises Samir Geagea. Photo tirée du compte X du parti
Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a fixé un ultimatum pour le désarmement du Hezbollah, estimant que le parti devrait remettre son arsenal aux mains de l'État dans un délai de six mois, balayant d’un revers de main toute perspective de parvenir à cet objectif par le biais d' « un dialogue autour d’une stratégie de défense nationale ».
Au cours d'un entretien sur la chaîne MTV dans l'émission « Sar al-Wa'et » ( « Il est temps », en arabe), le chef chrétien a indiqué que « le délai effectif pour la remise des armes est de six mois, pas davantage. Même le transfert de l’arsenal du Hezbollah vers Téhéran ne nécessiterait pas plus de temps (...) ». Il a dans ce cadre estimé que « l'idée d'un dialogue autour de la mise en place d'une stratégie de défense nationale est révolue. Ce qu’il faut désormais, c’est la mise en place d’un calendrier immédiat ». Cette revendication est martelée depuis plusieurs jours par les proches des FL, notamment au sein du gouvernement de Nawaf Salam, alors que la question de l'arsenal de la formation chiite fait débat au Liban.
« C’est à l’armée libanaise qu’incombe la responsabilité de formuler la stratégie de défense nationale », a ajouté Samir Geagea. Cette stratégie devrait selon lui « être élaborée par l’institution militaire, soumise ensuite au Conseil des ministres pour y être débattue et adoptée – et non discutée autour d’une table de dialogue ».
L'hérésie d'une distinction entre le nord et le sud du Litani
Le chef des FL a de nouveau insisté sur la mise en œuvre de l'ensemble des résolutions internationales des Nations unies, notamment les résolutions 1701 et 1559, dans un contexte où les pressions pour aller dans ce sens se multiplient tant à l'intérieur qu’à l'extérieur du Liban. La résolution 1701, adoptée par le Conseil de sécurité pour mettre fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2006, a constitué le socle de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024, afin de mettre un terme aux combats entre les deux belligérants. Le texte, entre autres, fait référence à la résolution 1559 stipulant le désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises, notamment le Hezbollah.
À ce sujet, Samir Geagea a estimé qu'il ne doit pas y avoir de différence de traitement entre les zones au nord et au sud du Litani, fleuve qui délimite la zone frontalière qui doit être, selon l'accord de cessez-le-feu, évacuée par le Hezbollah. « Il n'y a pas de nord et de sud du Litani, cette hérésie a pris fin », a-t-il lancé.
« Aucune menace de guerre civile » au Liban
Le chef chrétien a par ailleurs écarté le risque d’une guerre civile en raison des pressions exercées sur le Hezbollah, affirmant n’avoir « jamais entendu de responsables du parti chiite proférer de telles menaces ». Selon lui, le Hezbollah cherche avant tout à conserver son arsenal. « Personne au Liban ne veut d’une guerre civile, et je ne vois aucun acteur capable d’en déclencher une », a-t-il dit.
Le numéro deux des FL Georges Adwan avait brandi mercredi la menace d’un retrait de la confiance des députés FL au gouvernement, en raison d'un désaccord après des propos du ministre de la Culture Ghassan Salamé, proche du Premier ministre Nawaf Salam, concernant le désarmement de la milice chiite. Samir Geagea, lui, a choisi l’apaisement. « Avec toute mon respect pour Ghassan Salamé, je ne soutiens pas son approche sur la question des armes. Il est désemparé sur cette question, qui ne tolère ni débat ni atermoiement », a-t-il déclaré. Il a cependant estimé qu'il était « trop tôt » pour évoquer une démission des ministres des Forces libanaises.
On ne préfère, et de loin à ceux qui ont troqué notre pays contre des postes pompeux et de l’argent facile.
18 h 22, le 11 avril 2025