
Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan. Photo ANI
Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan a mis en garde jeudi le juge Tarek Bitar, chargé de l'instruction sur les explosions au port de Beyrouth du 4 août 2020, contre toute « politisation de la justice ». Le Hezbollah et ses alliés, dont est proche le mufti, accusent régulièrement le magistrat qui a engagé ces dernières années des poursuites contre plusieurs responsables proches du parti chiite.
« La loi constitue une garantie absolue et seule la vérité doit primer », partant, « rien n'est plus dangereux que l'arbitraire judiciaire et la politisation de la justice », a déclaré le juge dans un communiqué relayé par l'Agence nationale de l'information (Ani). Le mufti Kabalan a encore averti le juge contre les « calculs politiques et interférences internationales » dans son enquête sur le drame du 4 août.
À la veille de l'audition prévue vendredi des anciens directeurs sécuritaires Abbas Ibrahim (Sûreté générale) et Tony Saliba (Sécurité de l'État), par Tarek Bitar, le religieux chiite a averti contre « toute manœuvre malintentionnée qui plongerait le Liban dans un cauchemar aux conséquences catastrophiques ». Il a également plaidé pour « une justice impartiale » dans ce dossier, non « un règlement politique ».
Le 14 octobre 2021, des affrontements avaient eu lieu à Tayouné entre des sympathisants présumés des Forces libanaises, positionnés dans le quartier voisin de Aïn el-Remmané, à des miliciens du Hezbollah et d’Amal qui étaient entrés dans le quartier, alors qu'ils se dirigeaient vers le Palais de Justice de Beyrouth pour y manifester contre le juge Tarek Bitar. Ces affrontements avaient fait sept morts et plus de 30 blessés.
Après la catastrophe du 4 août 2020, le parti chiite avait été pointé du doigt par ses détracteurs qui l'accusait d'être responsable de l'acheminement et du stockage du nitrate d'ammonium ayant provoqué l'explosion meurtrière. Des accusations dont la formation pro-iranienne se défend, alors que l'enquête est toujours en cours, et que plusieurs responsables sécuritaires et politiques ont été inculpés par Tarek Bitar, dont certains sont proches du parti chiite.
Le juge avait engagé des poursuites contre une série de responsables politiques, sécuritaires et judiciaires en janvier 2023, mais il n’avait pas pu les convoquer en raison d’une interdiction imposée aussitôt après des poursuites par l’ancien chef procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, qui avait ordonné à la police judiciaire de ne plus coopérer avec le magistrat. Depuis que le nouveau chef du parquet, Jamal Hajjar, est revenu le 10 mars dernier sur la décision de son prédécesseur, Tarek Bitar parvient aisément à notifier les personnes qu’il souhaite auditionner, grâce à la police judiciaire qui recommence à suivre ses instructions.
Et la politisation de la religion, il en pense quoi ?
20 h 50, le 10 avril 2025