
Le bus de Aïn el-Remmané criblé de balles, suite à une attaque de miliciens chrétiens qui marque le début de la guerre civile libanaise le 13 avril 1975. Photo d’archives AFP
Ce dimanche 13 avril, le Liban commémore le 50e anniversaire de la guerre civile, alors qu’il se remet à peine d’une guerre dévastatrice de plus de 13 mois contre Israël. Nombre d’événements sont prévus en fin de semaine, organisés par la société civile, les milieux académiques, mais aussi par le ministère de la Culture. Voici une liste non exhaustive de ces événements :
Du côté universitaire et de la société civile
L’Université américaine de Beyrouth tient des table rondes et une exposition sur la mémoire et les témoignages de la guerre, « 50 ans d’amnésie », à partir du 14 avril, questionnant notre rapport à l’histoire de la guerre. Côté 7e art, le festival de cinéma « Écrans du sud » (du 11 au 19 avril) commémore le 13 avril 1975 à travers la projection du film Green Line de Sylvie Ballyot, une autopsie du conflit à travers les yeux d’une femme allant à la rencontre d’anciens miliciens pour les confronter et les interroger sur leurs actes. Le centre de documentation et de recherche UMAM organise dimanche l’exposition « 50 ans de déjà-vu » avec des artistes libanais comme Lamia Joreige ou Alfred Tarazi, pour répondre à la question « Comment archiver ce qui n’est pas encore terminé ? » Enfin, au musée Beit Beirut, une série d’événements est tenue de midi à minuit dimanche, comme une visite à pied de la ligne de démarcation ayant divisé Beyrouth en deux durant la guerre civile, une discussion publique sur la façon dont la guerre civile perdure et des performances artistiques. En outre, sur les réseaux sociaux, le hashtag #تنذكر_وما_تنعاد ( « se souvenir pour ne pas se répéter ») accompagne ces jours-ci l’annonce d’autres initiatives.
Du côté des médias et de l’État
Des médias, comme L’Orient-Le Jour et An-Nahar, honorent la date en plongeant dans leurs archives et en organisant des débats publics. Notre publication organise samedi une table ronde au Musée Sursock sur la question « En a-t-on fini avec la guerre des autres ? » en présence de l’historienne Dima de Clerck et du journaliste Albert Kostanian. En collaboration avec An-Nahar et L’Orient-Le Jour, le ministère de la Culture organise l’exposition photo « Khamsoun fi khamsin », vendredi, en présence du ministre Ghassan Salamé et du Premier ministre Nawaf Salam, ainsi que deux panels de discussions sur les thèmes « faire face au passé » et « ce qui a changé depuis le début de la guerre civile », avec la participation de membres de la société civile.
« Le ministère organise cette initiative pour soutenir un effort collectif de mémoire, nécessaire pour tirer les leçons du passé, tourner la page des conflits et enfin saisir l’opportunité de reconstruire le pays », explique Yasmine Hélou, conseillère du ministre de la Culture. « L'évènement s’inscrit dans une démarche lucide : non pour raviver les blessures, mais pour éviter qu’elles ne se reproduisent », conclut-elle.
Outre cet événement, malgré le nombre d’initiatives organisées dans le pays, aucun autre n’a en revanche été mis sur pied par l’État. Contactés, des proches du président Joseph Aoun, du Premier ministre Nawaf Salam ainsi que du président du Parlement Nabih Berry ont indiqué qu’aucun des trois présidents n’était à la tête de l’organisation d’un événement de commémoration. L’État libanais ne commémore généralement pas la date anniversaire de la guerre civile et le conflit n’est toujours pas enseigné dans les manuels scolaires, alors qu’il n’existe, cinquante ans plus tard, toujours pas de consensus quant aux raisons de son éclatement, ni de récit unifié. Une problématique régulièrement soulevée par les chercheurs et intellectuels.
Du côté des partis politiques
Côté politique, le parti des Kataëb, à travers son slogan « Notre histoire, c’est la résistance. Notre cause, c’est le Liban. » a annoncé son événement de commémoration, samedi, de « la naissance de la résistance libanaise ». Le Bloc National organise également un séminaire, vendredi, sous le titre « La guerre civile est-elle enfin terminée ? » en présence d’universitaires au Musée Sursock. Aucun autre parti politique n’avait, à l’heure de publication, annoncé de commémoration.
Avis personnel : il vaut mieux passer outre cet événement sans aucune manifestation ou cérémonie. Tant que l’HISTOIRE dans les manuels scolaires n’est pas unifiée. Tant que les esprits sont encore vifs entre diverses parties. Tant que personne n’a de nouvelles de leurs proches disparus. Tant que les armes circulent. Tant que la vision du liban est 100% différente entre les libanais qui possèdent la MÊME NATIONALITÉ mais DES IDENTITÉS DIFFÉRENTES. Tout ceci pourrait ressortir des mauvais souvenirs enfouis mais non disparus. C’est de l’auto flagellation inutile.
14 h 51, le 11 avril 2025