Des manifestants se rassemblent dans un parc, apportant leur propre nourriture et leurs boissons lors d’un « Café du boycott », dans le cadre d’un boycott général organisé par l’opposition, à Ankara, le 2 avril 2025. Photo AFP/ Adem Altan.
Onze personnes interpellées pour avoir relayé des appels au boycott lancés par l'opposition turque après l'arrestation du maire d'Istanbul ont été relâchés sous contrôle judiciaire jeudi soir en Turquie, où les autorités tentent par tous les moyens d'éteindre une contestation inédite depuis 2013.
Parmi les onze personnes arrêtées figurait l'acteur Cem Yigit Uzumoglu ayant incarné Mehmed le Conquérant dans un docufiction diffusé sur Netflix, a annoncé jeudi le Syndicat turc des acteurs dont des cadres se sont dirigés en milieu de journée vers le palais de justice d'Istanbul où les prévenus ont été déférés.
« Nous sommes libres de protester, d'exprimer nos opinions et nous continuerons à l'être. Et s'il y a un obstacle à cela, nous continuerons à nous battre », a affirmé M. Uzumoglu après sa libération aux journalistes.
Les personnes arrêtées étaient poursuivies pour « incitation à la haine », a rapporté jeudi matin l'agence officielle turque Anadolu.
Le parquet général d'Istanbul a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête contre les personnes ayant lancé ou partagé des appels au boycott, qui ont gagné en force ces derniers jours, au moment où les manifestations se tarissaient dans les rues d'Istanbul et d'Ankara en raison de l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan.
Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition, a appelé les Turcs à une journée sans achat mercredi en soutien aux centaines d'étudiants placés en détention depuis le début de la contestation, déclenchée par l'arrestation le 19 mars du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan.
À Istanbul et Ankara, la capitale, des cafés, bars et restaurants ont choisi de rester fermés mercredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le patron du CHP, Özgür Özel, appelle en outre depuis la semaine passée à boycotter des dizaines d'entreprises et de groupes turcs réputés proches du pouvoir.
« Irresponsables »
Mercredi, une actrice d'une série diffusée par la chaîne publique turque TRT avait déjà fait les frais d'une publication relayant un appel au boycott.
La chaîne avait dans un communiqué annoncé retirer l'actrice du casting de la série, toujours en cours.
En parallèle, le groupe de rock britannique Muse annonçait repousser un concert prévu en juin à Istanbul, en réponse à des appels au boycott visant l'organisateur de l'événement, accusé de soutenir le gouvernement face aux manifestants.
La semaine passée, le président Erdogan avait fustigé les « appels irresponsables au boycott » émanant de l'opposition et de groupes d'étudiants, affirmant qu'aucune entreprise turque ne serait « laissée à leur merci ».
Les autorités, qui ont annoncé jeudi dernier avoir arrêté depuis le 19 mars près de 1.900 personnes accusées d'avoir pris part à des manifestations illégales, ont bloqué plusieurs sites internet listant les entreprises à boycotter.
Mercredi, le ministre turc du Commerce s'est rendu dans un supermarché d'Ankara pour y remplir un chariot de provisions, voulant « donner une bonne leçon » aux boycotteurs.
Le gouvernement a affirmé que le volume des achats avait doublé entre mardi et mercredi, sans préciser que mardi était un jour férié dans le pays, où des millions de personnes regagnaient leur domicile au terme des fêtes de l'Aïd.
L'arrestation d'Ekrem Imamoglu, destitué et placé en détention provisoire le 23 mars pour « corruption », une accusation qu'il rejette, a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013.
Onze personnes interpellées pour avoir relayé des appels au boycott lancés par l'opposition turque après l'arrestation du maire d'Istanbul ont été relâchés sous contrôle judiciaire jeudi soir en Turquie, où les autorités tentent par tous les moyens d'éteindre une contestation inédite depuis 2013.Parmi les onze personnes arrêtées figurait l'acteur Cem Yigit Uzumoglu ayant incarné Mehmed le Conquérant dans un docufiction diffusé sur Netflix, a annoncé jeudi le Syndicat turc des acteurs dont des cadres se sont dirigés en milieu de journée vers le palais de justice d'Istanbul où les prévenus ont été déférés.« Nous sommes libres de protester, d'exprimer nos opinions et nous continuerons à l'être. Et s'il y a un obstacle à cela, nous continuerons à nous battre », a affirmé M. Uzumoglu après sa...
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