
Conférence de presse de Kulluna Irada à Beyrouth, le 2 avril 2025. Yara Sarkis/L'Orient-Le Jour
Le think tank et groupe de pression libanais Kulluna Irada, spécialisé dans les questions de gouvernance et les réformes politiques et économiques, a organisé mercredi dans les locaux du Beirut Digital District une conférence de presse pour dénoncer une campagne de dénigrement à son encontre, qu’il attribue à des acteurs voyant leurs «intérêts menacés» par son action.
C’est la première fois, depuis le début de l’année, que l'ONG organise une conférence de presse pour répondre aux attaques de ses adversaires. Des adversaires qu’elle ne nomme pas, mais qu’elle lie au « lobby bancaire et à ses alliés politiques », opposés à ses propositions en faveur d’une restructuration saine du secteur financier pour sortir le Liban de la crise. Objectif de la démarche : démontrer « le caractère infondé des accusations » et réaffirmer sa mission après une « campagne systématique » visant, selon elle, à « tromper l’opinion publique ».
Kulluna Irada, qui plaide pour un respect strict des normes internationales en matière de faillite bancaire et une répartition équitable des pertes qui en découlent dans un Liban en pleine crise depuis 2019, a été visé à la mi-mars par un signalement judiciaire pour « tentative de déstabilisation du système financier libanais », entre autres griefs.
Le procureur de la République, Jamal Hajjar, a transmis la semaine dernière au procureur près la cour d’appel de Beyrouth, Ziad Abi Haïdar, les dossiers visant Kulluna Irada (KI), ainsi que les médias Daraj et Megaphone, objets des mêmes accusations.
Lors de son intervention, Wafa Saab, membre du conseil d’administration de l’organisation civique, a tenu à clarifier les sources de financement de l’association : « KI est exclusivement financé par les contributions de ses membres. Toutes les allégations évoquant un soutien extérieur – que ce soit de Soros, d’Open Society ou d’autres – sont des calomnies. Une simple vérification sur leurs sites officiels suffit à le démontrer », a-t-elle affirmé.
De son côté, l’avocate Diane Assaf, conseillère juridique auprès de l’organisation, a déclaré que le think tank était « pleinement disposé à coopérer avec les autorités judiciaires » pour clarifier ce qu’elle qualifie de « fausses déclarations ». Sur un ton ironique, elle a ajouté : « Si KI est responsable de l’effondrement de la livre libanaise, de la crise économique et du désastre national, et non les gouvernements successifs, la Banque du Liban (BDL) et certaines banques, alors… que dire... »
L’un des principaux défis de l’association est « la bataille des réformes », explique Dr Labib Abou Zahr, membre de l’ONG. Un combat qui s’oppose directement aux bénéficiaires du système corrompu et à ceux redoutant l’application des lois. Il s’agit de tenir pour responsables les acteurs de l’effondrement économique, unis malgré leurs divergences par leur crainte d’un véritable changement. Cette lutte vise à protéger les droits des déposants et à renforcer la transparence des finances publiques.
Sans nommer explicitement cette « alliance » qui, par « son influence politique et médiatique, a systématiquement entravé toute velléité de réforme par le passé », Dr Abou Zahr a souligné que « nous assistons tous à une campagne orchestrée – féroce, méthodique et systématique – mêlant intimidation et déformation des faits » et visant à « cibler » tous ceux qui œuvrent concrètement pour la réforme.
Les attaques contre Kulluna Irada ont commencé dans le sillage de l’élection de Joseph Aoun et de la désignation de Nawaf Salam au poste de Premier ministre. Dans un entretien à L’Orient-Le Jour publié le 8 février, jour de la formation du gouvernement, la directrice des politiques publiques de Kulluna Irada et ancienne collaboratrice de L’OLJ, Sibylle Rizk, avait déclaré que la campagne contre l’organisation visait en réalité M. Salam et sa volonté de réforme.
Pour Labib Abou Zahr, cette « alliance » poursuit un double objectif : « étouffer les voix qui dénoncent les véritables responsables de l’effondrement » – ceux-là mêmes qui ont systématiquement bloqué toute réforme ces dernières années – tout en « manipulant » l’opinion publique à travers une « réécriture » des événements passés. Cette falsification du récit historique vise à la fois à exonérer les auteurs de la catastrophe économique et à discréditer les forces engagées dans la lutte contre la corruption et le combat pour les réformes.
Je n'ai rien a voir avec le lobby bancaire. Mais le Liban n'est pas la Suede et les reformes pronées par Kulluna Irada ne feront que envoyer a Dubai le peu de capital Libanais encore present au Liban. K.I. entrainera le Liban a sa perte.
09 h 10, le 03 avril 2025