Le leader druze et ancien leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, lors du 48e anniversaire de l'assassinat de son père, Kamal Joumblatt, le 16 mars 2025 à Moukhtara dans le Chouf. Fadel ITANI / AFP
Le leader druze et ancien leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, accuse Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie en multipliant les ouvertures envers cette minorité, dans le cadre d'un vaste plan visant à tenter de morceler le Moyen-Orient en États communautaires.
« Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos », a-t-il déclaré dans une interview accordée à l'AFP mercredi. « Ils veulent annihiler Gaza, puis viendra le tour de la Cisjordanie (...), ils tentent de déstabiliser la Syrie, à travers les druzes mais d'autres aussi », a-t-il ajouté, dénonçant « un jeu dangereux ».
Dès la chute du pouvoir à Damas de Bachar el-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a envoyé des troupes dans une zone tampon démilitarisée du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, et tente de grignoter des territoires.
Les druzes sont répartis entre le Liban, Israël, le plateau du Golan et la Syrie, ainsi que la Jordanie. Ils se distinguent des courants sunnite et chiite de l'islam par leur doctrine ésotérique, dont la croyance en la réincarnation est un des piliers.
À Soueida, province du sud de la Syrie où sont concentrés les druzes, Israël a multiplié les gestes d'ouvertures en leur envoyant des colis humanitaires par l'entremise des druzes israéliens, et autorisant des dignitaires religieux à se rendre en Israël le 15 mars malgré l'état de guerre entre les deux pays.
Début mars, à la suite d'escarmouches dans une banlieue de Damas à majorité druze et chrétienne, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes. Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui inclurait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.
Les pourparlers étaient sur le point d'aboutir, mais des « pressions israéliennes » sur certaines des parties ont empêché la conclusion d'un accord final, a affirmé à l'AFP une source proche de ces pourparlers qui n'a pas voulu être identifiée.
« Soutenir Chareh »
Walid Joumblatt rappelle que sous le mandat français, il y a une centaine d'années, « la Syrie avait été divisée en quatre entités: « un État alaouite, un État druze, l'État de Damas et l'État d'Alep », tous deux sunnites. « Les druzes, avec les autres nationalistes syriens, ont pu empêcher alors la division de la Syrie » en lançant une révolte contre la puissance mandataire et le projet avait échoué au bout de quelques années », rappelle-t-il. Mais il exprime l'espoir qu'une division de la Syrie, que la guerre civile a morcelée en zones d'influences, « pourra aujourd'hui être évité ». « Il faut soutenir Ahmad el-Chareh », le nouveau dirigeant syrien, lance-t-il à l'adresse des dirigeants arabes.
Walid Joumblatt a été le premier responsable libanais à se rendre en Syrie en décembre pour rencontrer son nouveau dirigeant, qui lui a assuré que son pays n'exercerait plus « une influence négative » sur le Liban voisin. Sous le règne du clan Assad, le pouvoir syrien était accusé d'avoir déstabilisé le Liban et assassiné de nombreux responsables libanais. Parmi eux figure le père du leader druze, Kamal Joumblatt, fondateur du PSP, tué en 1977 pendant la guerre civile au cours de laquelle il s'était opposé à l'intervention de l'armée syrienne.
Meurtrier
Interrogé sur l'arrestation du meurtrier de son père, un général de l'ex-armée syrienne, par les nouvelles autorités à Damas, il affirme qu'il ne compte pas demander son extradition. Ibrahim Houweïja, ancien chef des renseignements de l'armée de l'air en Syrie, a été arrêté le 6 mars dans le nord-ouest de la Syrie. « C'est un grand criminel, il a également commis des crimes à l'égard du peuple syrien et doit être jugé en Syrie », dit Walid Joumblatt.
Figure incontournable de la politique libanaise depuis près de 45 ans, Walid Joumblatt affirme par ailleurs que les nouvelles autorités libanaises sont sous pression depuis la fin de la guerre meurtrière entre le Hezbollah, soutenu par l'Iran, et Israël.
« Les Américains veulent que le Liban normalise ses relations avec Israël », dit-il, affirmant que Washington « ne fournira pas d'aide à l'armée libanaise » avant le désarmement du mouvement islamiste Hezbollah et cette normalisation. Le Liban sort d'une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël, à laquelle un accord de trêve parrainé par Washington et Paris a mis fin le 27 novembre.
Le leader druze et ancien leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, accuse Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie en multipliant les ouvertures envers cette minorité, dans le cadre d'un vaste plan visant à tenter de morceler le Moyen-Orient en États communautaires.« Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos », a-t-il déclaré dans une interview accordée à l'AFP mercredi. « Ils veulent annihiler Gaza, puis viendra le tour de la Cisjordanie (...), ils tentent de déstabiliser la Syrie, à travers les druzes mais d'autres aussi », a-t-il ajouté, dénonçant « un jeu dangereux ».Dès la chute du pouvoir à Damas de Bachar el-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de...
J’ai un immense respect pour la vision politique de Walid Jumblatt mais il a du mal à accepter que son nasserisme pan-arabe est mort et enterré. Il le sait, il a juste du mal à l’accepter
17 h 39, le 28 mars 2025