La périphérie de Yohmor el-Chakif visée par des tirs d'artillerie, au Liban-Sud, le 27 mars 2025. Photo obtenue par Mountasser Abdallah
Six personnes ont été tuées jeudi dans une série de frappes israéliennes au Liban, ont indiqué les autorités libanaises, Israël affirmant viser des combattants du Hezbollah. Ces frappes interviennent malgré la trêve qui a mis fin le 27 novembre à la guerre meurtrière entre le Hezbollah et l'armée israélienne.
Une frappe israélienne de drone jeudi matin sur Yohmor el-Chakif, dans le caza de Nabatiyé au Liban-Sud, a fait trois morts, selon un bilan publié par le ministère libanais de la Santé. Selon les informations de notre correspondant au Liban-Sud, les trois victimes sont des membres du Hezbollah, identifiés comme Hussein Ali Hallal, de Habbouch, Fawzat Noureddine et Mohammad Sultan, de Kfar Remmane.
Avant cette frappe de drone, la zone dite de « Dabach » à Yohmor el-Chakif venait d'être pilonnée par l'artillerie israélienne avec une dizaine d'obus. L'armée israélienne a revendiqué ce tir et dit avoir visé « plusieurs terroristes du Hezbollah qui transportaient des armes ».
Tôt jeudi matin, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) avait rapporté qu'une personne avait été tuée et une autre blessée dans l'attaque d'un « drone ennemi » qui a ciblé un véhicule dans la localité de de Ma'roub, à une vingtaine de km de la frontière israélienne, dans le caza de Tyr. Israël a affirmé avoir « éliminé » dans cette frappe un responsable de l'unité al-Radwan, la force d'élite du Hezbollah. Après ce raid, l'armée israélienne a revendiqué jeudi l'élimination « par un drone de la Division 91 » d'Ahmad Adnane Bjeijé, « un commandant de bataillon de la force al-Radwane du Hezbollah », unité d'élite du groupe. Elle l'accuse d'avoir « mené plusieurs opérations terroristes » contre Israël, pendant la guerre et après. L'armée israélienne a dit avoir mené cette frappe dans la région de Derdghaya, village voisin de Ma'roub.
Jeudi après-midi, notre correspondant au Liban-Sud rapportait qu'un drone israélien a pris pour cible une voiture sur la route reliant Barachit à Beit Yahoun. Deux personnes ont été tuées dans cette frappe, selon le ministère de la Santé. Un peu plus tard, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne a annoncé que les deux personnes tuées sont des membres du Hezbollah.
« Effrayer » les habitants du Liban-Sud
Par ailleurs, selon les informations de notre correspondant, une grenade assourdissante a été tirée par l'armée israélienne en direction de plusieurs personnes qui installaient un kiosque pour vendre du café à Houla (Marjeyoun). Une source au sein de la municipalité de Houla a indiqué que ce tir a légèrement blessé deux personnes, touchées par des éclats de pierre après l'explosion de la grenade. Cette source estime que les Israéliens « veulent effrayer les habitants pour ne pas qu'ils retournent au village et y reprennent une vie normale ».
Dans la Békaa, un drone israélien survole à moyenne altitude l'Anti-Liban, notamment les localités de Nabi Chit, Jenta, Yahfoufa et Chaara, qui sont régulièrement frappées par des raids israéliens. Deux frappes avaient visé cette zone mercredi matin.
Au moins 117 tués depuis novembre
Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre à deux mois de guerre ouverte entre l'armée israélienne et le Hezbollah qui avait ouvert un front contre Israël en solidarité avec le Hamas au début de la guerre dans la bande de Gaza en octobre 2023. En dépit de la trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, où il entend conserver « une totale liberté d'action militaire ». Selon l'armée israélienne, ces frappes visent des infrastructures ou des membres du Hezbollah soutenu par l'Iran. Au moins 117 personnes ont été tuées dans ces frappes depuis fin novembre, selon le décompte de L'Orient-Le Jour.
L'escalade la plus intense depuis le cessez-le-feu s'est produite le week-end dernier, des frappes israéliennes sur le sud du Liban ayant fait huit morts. Israël a indiqué que ces raids étaient intervenus après des tirs de roquettes, les premiers à atteindre son territoire depuis le cessez-le-feu. Ces tirs n'ont pas été revendiqués. Le Hezbollah, fortement affaibli par deux mois de guerre ouverte contre Israël, a nié toute implication.
En vertu du cessez-le-feu, le Hezbollah devait retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud. Israël devait de son côté retirer ses forces au-delà de la Ligne bleue délimitée par les Nations unies, la frontière de facto, mais conserve cinq positions dans le sud du Liban qu'il juge « stratégiques ».
Le chef du Hezbollah, Naïm Kassem, a déclaré mercredi que le mouvement n'accepterait pas « la poursuite de l'occupation (israélienne). Il n'y a pas de place pour la normalisation ou la capitulation au Liban », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée.
Je suis vraiment dégoûté par cette attitude envers les malheureux qui meurent sous les frappes israéliennes! Comment peut-on concevoir cette rancœur envers des concitoyens, quelque soient les différences politiques? Vraiment décevant!
04 h 44, le 28 mars 2025