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Campus - CONCOURS LITTÉRAIRE

Le Choix Goncourt de l’Orient : une célébration de la littérature francophone contemporaine par les étudiants du Moyen-Orient

Le nom du lauréat sera annoncé le mercredi 9 avril à 14h30, dans les locaux de l’AUF, au Centre d’employabilité francophone (CEF) de Beyrouth. 

Le Choix Goncourt de l’Orient : une célébration de la littérature francophone contemporaine par les étudiants du Moyen-Orient

Jebril Taleb. Photo Hayat Hazim

C’est désormais une tradition : des étudiants francophones représentant les 32 jurys étudiants formés au sein des départements de français de 29 universités membres de l’AUF au Moyen-Orient se retrouveront bientôt dans la capitale libanaise, plus précisément le 9 avril au Centre d’employabilité francophone (CEF) de Beyrouth pour délibérer et voter à huis clos avant de proclamer pour la treizième année consécutive, le Prix Choix Goncourt de l’Orient, en présence de Philippe Claudel, président de l’Académie Goncourt.

Réunis sous la houlette de Salma Kojok, romancière francophone et présidente du jury du Choix Goncourt de l’Orient, les étudiants désigneront leur coup de cœur, leur roman préféré et couronneront donc leur lauréat parmi les auteurs de la deuxième sélection de l’Académie Goncourt 2024 regroupant les ouvrages suivants : Madelaine avant l’aube (JC Lattès) de Sandrine Collette, Houris (Gallimard) de Kamel Daoud, Jacaranda (Grasset) de Gaël Faye, Archipels (L’Olivier) d’Hélène Gaudy, La Désinvolture est une bien belle chose (Mialet-Barrault) de Philippe Jaenada, Jour de ressac (Verticales) de Maylis de Kerangal, Vous êtes l’amour malheureux du Führer (Grasset) de Jean-Noël Orengo et Le Bastion des larmes (Julliard) de Abdellah Taïa.Comme d’accoutumée, le lauréat sacré verra son roman traduit en arabe d’ici à l’année prochaine avec le soutien de l’Institut français du Liban. La proclamation du prix sera suivie par un débat public. Les étudiants, eux, bénéficieront d’un atelier d’écriture animé par Salma Kojok et de diverses activités culturelles.

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Décerné chaque année à la meilleure œuvre littéraire de l’année écrite en français, le Choix Goncourt du Moyen-Orient est une déclinaison de la prestigieuse récompense française qui désormais se tient dans plus de 40 pays à travers le monde où les lycéens et jeunes étudiants votent eux aussi pour leur Goncourt. Organisé par la direction régionale Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) en partenariat avec les Instituts français de la région et le parrainage de l’Académie Goncourt, le prix, le seul à être régional, a déjà une histoire de 13 éditions. En effet, lancé en 2012 en collaboration avec 10 universités représentant uniquement cinq pays de la région, l’événement rassemble cette année 29 universités en provenance de 11 pays, à savoir le Liban, Chypre, l’Irak, la Jordanie, la Palestine, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Yémen, l’Égypte, Djibouti et le Soudan. Un essor qui témoigne à la fois de « l’intérêt des étudiants et des universités, mais aussi de leur engouement et de leur attente vis-à-vis de cette activité littéraire régionale francophone, dans des pays peu francophones », comme l’indique Mirande Khalaf, responsable de projet à l’AUF.

« Cette initiative vise à impulser une dynamique culturelle au sein des départements de français des différentes universités, à valoriser la littérature francophone en permettant aux étudiants de sortir de ce qu’ils ont l’habitude de lire à l’université, de découvrir des auteurs francophones contemporains, tout comme de développer une méthodologie d’analyse littéraire et une approche critique grâce à l’accompagnement des enseignants, puisque chaque jury étudiant est encadré par un ou plusieurs enseignants », explique-t-elle.

« Ceci, ajoute-t-elle, contribue par ailleurs à rénover le contenu et le cursus sachant que certaines universités ont voulu valoriser le travail des étudiants participant à cette activité en notant ou en publiant le travail fait par eux. Ces derniers présentent les livres, font un débat d’une manière régulière sur chacun des ouvrages lus. » Parallèlement, ils développent leurs compétences en rédaction de chroniques littéraires, qui seront rassemblées et publiées sur le blog du prix. « Certaines universités ont même opté pour l’insertion dans le programme une matière appelée Choix Goncourt de l’Orient alors que d’autres l’ont maintenue comme activité complémentaire », indique Mirande Khalaf. C’est ainsi qu’à la Sorbonne d’Abou Dhabi, ils ont fait un podcast sur les ouvrages en Égypte des revues, alors qu’au Liban, des chroniques sont souvent sélectionnées pour paraître dans L’Orient Littéraire.

Toutefois, en sus de cet appui et de cet accompagnement pédagogique qui se fait, « une collaboration interuniversitaire se met en place tant au sein d’un même pays qu’à l’échelle régionale », fait-elle remarquer. Par ricochet, un dialogue interculturel se construit, magnifiquement illustré par les productions et les multiples points de vue publiés sur le blog.

« Cette activité maintient une synergie entre les établissements de la région et dynamise la lecture à une époque où les jeunes s’en éloignent », souligne-t-elle. Elle permet surtout de faire vivre la francophonie dans une région sous tension où il est parfois difficile d’accéder à l’ouvrage format papier comme c’est le cas en Palestine, au Soudan et au Yémen. « On essaye de produire des versions numériques où l’accès à l’ouvrage est difficile, mais on a fait également tout notre possible pour dépasser toutes les contraintes et faire parvenir des versions papiers des ouvrages grâce aux Instituts français de la région qui se sont chargés à leur tour de les acheminer aux universités concernées », précise-t-elle.

Karen Nader. Photo Sara Hany

La littérature dépasse les frontières et incite à la réflexion

Habitant au Akkar, Jebril Taleb, 24 ans, n’est pas à sa première participation à cette manifestation culturelle. Poursuivant un master de recherche en lettres françaises à l’Université libanaise, campus de Tripoli, il se prépare depuis décembre dernier pour prendre part pour la troisième fois à cet événement, mais cette fois-ci en tant que président représentant le jury de son université. Il sera donc présent le 9 avril au CEF pour prendre part au processus de sélection, analyser, échanger, argumenter et débattre avant de voter. « C’est une expérience assez enrichissante », confie-t-il. « Cela encourage les étudiants à se mettre à lire, à échanger autour de leurs lectures, à débattre des thèmes traités, à parler le français, mais aussi à produire des textes littéraires, à écrire des chroniques », avance-t-il. « C’est aussi une opportunité de lire des œuvres contemporaines, de découvrir non seulement des auteurs francophones contemporains mais également la littérature francophone », a-t-il encore ajouté. Féru de lecture, le jeune homme qui a déjà entamé un second ouvrage, se dit marqué par cette belle initiative qui lui a permis, entre autres, de « réfléchir de manière critique aux œuvres et d’apprendre à suivre une méthodologie », et de rencontrer des écrivains comme Paule Constant, membre de l’Académie Goncourt, présente à Beyrouth, lors de la 12e édition.

Étudiante en 4e année à la faculté al-Alun à l’Université Aïn Chams en Égypte, Karen Nader, 21 ans, participe, elle aussi, pour la troisième fois au Choix Goncourt de l’Orient. Spécialisée en traduction écrite du français vers l’arabe et vice versa, la jeune fille raconte : « La première fois c’était en 2021, j’ai écrit une chronique sur le roman S’adapter de Clara Dupont-Monod. Pour moi, c’était une expérience inédite, notamment parce que le roman était touchant et abordait un thème très sombre, mais d’une façon intime et fluide. » Motivée par cette aventure, elle rempile en 2024. « Le Choix Goncourt de l’Orient renforce nos compétences et nous incite à lire des romans contemporains », estime-t-elle.

La proclamation du prix est prévue le 9 avril au CEF de Beyrouth.

« Personnellement, cela m’aide à enrichir mon bagage linguistique, à avoir une imagination vive en raison de la diversité des histoires abordées par les différentes plumes et à faire connaissance avec des écrivains créatifs », ajoute-t-elle. « L’importance de cette manifestation culturelle réside non seulement dans le développement intellectuel et académique de l’étudiant, mais elle contribue aussi à aiguiser son esprit critique en l’encourageant à s’exprimer librement tout en respectant les différents points de vue », indique-t-elle, avant de souligner que « le Choix Goncourt de l’Orient représente une expérience fort intéressante d’autant que le processus consiste à choisir un roman qui vous touche vraiment en raison de la plume de l’écrivain, de sa capacité à plonger le lecteur dans le déroulement des événements, à capter son attention et aussi de son style, des caractères qu’il présente et de son intrigue notamment lorsqu’elle porte sur des questionnements contemporains ou des thèmes profonds menant à la méditation, puis à écrire une chronique avant d’attendre placidement la déclaration du roman récompensé ».

Interrogée sur le fait de lire des romans, de confronter ses idées et d’argumenter avec d’autres étudiants qui ne lisent pas forcément avec les mêmes lunettes et qui, en raison des différences culturelles et linguistiques, ne perçoivent pas la réalité de la même manière, la jeune fille rétorque : « C’est merveilleux de pouvoir partager nos différentes perspectives à propos d’un seul roman, c’est tout aussi fascinant de voir comment un seul livre peut refléter tous ces avis collectés et publiés sur un seul blog. » Invitant tous les jeunes de son âge à participer au Choix Goncourt de l’Orient et à profiter de chaque occasion qui pourrait développer leurs compétences académiques, intellectuelles ou personnelles, elle affirme : « Je ne peux pas vous promettre de changer votre mode de vie en lisant quelques romans, mais votre perspective sur plusieurs choses va se libérer de tous les carcans. »Et de conclure : « La littérature, l’art dépassent les frontières, ils s’intéressent à l’âme et ils cherchent à éveiller chez nous des sentiments divers et nous incitent à poser des questions compliquées. Au premier abord, ceci pourrait nous mettre mal à l’aise, mais le développement de notre personnalité et de notre esprit nécessite du temps et de la patience. »


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