
Des arbres coupés dans l’une des forêts de la Qamouaa dans le Akkar, en août 2024. Photo fournie par un témoin
Le ministre libanais de l’Agriculture Nizar Hani a décrété dimanche l’état d’urgence pour la sauvegarde des forêts du Liban, « menacées par les changements climatiques, les incendies répétés, l’abattage illégal et massif d’arbres, les destructions résultant de la guerre israélienne au Liban-Sud et dans la Békaa-Nord, ainsi que les empiétements du béton et le chaos urbanistique ».
M. Hani s’exprimait au cours d’un événement organisé à l’occasion de la Journée internationale des forêts (qui tombe le 21 mars) par le centre agricole de Deir el-Qamar (Chouf), dans la bibliothèque publique du village. « Malgré tous les efforts du ministère de l’Agriculture en coopération avec d’autres administrations, les défis vont croissant et des mesures plus strictes sont indispensables », a-t-il déclaré.
Parmi les mesures prises récemment, le ministre a évoqué la coopération avec le ministère de la Défense en vue de déployer les forces de l’ordre dans les zones qui connaissent un abattage d’arbres massif. Il a également affirmé qu’il coordonnait avec le ministère de la Justice pour demander aux juges d’accélérer la publication de jugements dissuasifs à l’encontre des contrevenants. Il a enfin préconisé de renforcer la surveillance sur le terrain en coopération avec le ministère de l’Intérieur, par la création d’une chambre centrale pour contrôler les infractions, en coordination avec les centres de protection des forêts et les garde-forestiers.
Pour ce qui est des décisions prises dans son administration, M. Hani a annoncé le gel des permis d’élagage pour l’année 2025 à partir du 1er avril, le gel de l’octroi et du renouvellement des permis de production du charbon à partir du 1er juin, l’intensification des patrouilles et des procès-verbaux à l’encontre des contrevenants en coordination avec l’armée et les forces de l’ordre, la remise en question des permis de bonification agricole des terrains pour s’assurer de leur conformité avec les critères de l’agriculture durable, et le gel des constructions en milieu forestier.
Les contrevenants prennent volontiers prétexte des permis d’élagage ou de production de charbon pour abattre purement et simplement des arbres en milieu forestier, y compris des espèces menacées ou protégées par la loi comme les conifères. Ces pratiques destructrices sont communes au Liban depuis des dizaines d’années, et n’ont jamais été réglementées de manière efficace par les autorités.
Ce concept de durabilité des forêts sera au centre des politiques du ministère, a assuré Nizar Hani, qui était ancien directeur de la réserve du Chouf. Il s’est prononcé en faveur du concept de l’agriculture durable en milieu forestier, en vue d’améliorer les relations qu’entretiennent les communautés locales avec les forêts.
« Le slogan de la journée internationale cette année est celui des forêts et de la nourriture, en raison du rôle pivot du milieu forestier dans la sécurité alimentaire mondiale, puisque 5 milliards de personnes dans le monde se nourrissent grâce aux forêts, de manière directe ou indirecte », a-t-il conclu.
C’est seulement en protégeant sa nature que le Liban pourra protéger et développer ses hommes.
06 h 45, le 27 mars 2025