Rechercher
Rechercher

Politique - Cessez-le-feu

Tirs de roquettes vers Israël : mises en garde des officiels libanais contre une nouvelle « spirale de violence »

Le Hezbollah a démenti toute implication et insisté sur son « attachement » à l'accord de cessez-le-feu. 

Tirs de roquettes vers Israël : mises en garde des officiels libanais contre une nouvelle « spirale de violence »

Une frappe israélienne sur Kfar Kila, au Liban-Sud, vue depuis Israël, le 22 mars 2025. Photo AFP / Jalaa Marey

Les tirs de roquettes lancés depuis le Liban-Sud en direction d'Israël, tôt samedi matin, quasiment inédits depuis l'entrée en vigueur de la trêve fin novembre dernier, ont provoqué une série d'appels unanimes à la retenue et de dénonciations des violations israéliennes du cessez-le-feu de la part des officiels libanais. Le Hezbollah lui-même a affirmé tenir à la trêve entre le Liban et Israël, tandis que son allié traditionnel, le président de la Chambre et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, lui a fait un appel du pied, dans une injonction « à toutes les parties libanaises » à s'unir autour de l'État et ses institutions y compris l'armée. 

Avant 8h du matin, l'armée israélienne a affirmé avoir intercepté trois roquettes en direction de la localité de Metoula. Si les habitants du sud du Liban ont dit à notre correspondant local, Mountasser Abdallah, ne pas avoir entendu de tirs, l'armée libanaise a indiqué avoir retrouvé des lance-roquettes « improvisées » près d'Arnoun, dans le caza de Nabatiyé au nord du Litani. Ces tirs ont provoqué une attaque violente de l'aviation israélienne, qui a mené 18 frappes dans plusieurs régions du Sud, tuant au moins deux personnes dont une fillette.

« Attachement » du Hezbollah à l'accord de trêve

Le Hezbollah s'est rapidement dédouané de toute implication. Il a dénoncé, dans un communiqué, des « prétextes » israéliens pour « poursuivre les attaques » et réaffirmé son « attachement à l'accord de trêve », tout en « soutenant l'État libanais pour faire face à cette dangereuse escalade sioniste contre le Liban ».

La branche militaire du Parti syrien national social (PSNS) a également démenti toute implication dans les tirs de roquettes. « Une fausse information attribuée à une chaîne de télévision circule et prétend que la branche militaire du parti aurait revendiqué le lancement de roquettes depuis le Liban-Sud » en direction d'Israël, a souligné le PSNS dans un communiqué. « Nous tenons à souligner que cette information est totalement fausse et que la branche armée du PSNS rejette tout rapport avec un quelconque tir de roquette. Elle affirme la prépondérance du rôle de l'État, du gouvernement et de l'armée dans l'arrêt des attaques israéliennes contre le Liban et dans tout plan de sécurité », poursuit le texte.

Lire aussi

« Le feu vert de Washington permet à Israël de faire ce qu’il veut »

Premier à réagir, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a mis en garde contre « la reprise des opérations militaires à la frontière sud, car elles risquent d'entraîner le pays dans une nouvelle guerre, qui serait désastreuse pour le Liban et les Libanais ». Dans un appel avec le ministre de la Défense, Michel Menassa, il a souligné la nécessité de prendre toutes les mesures sécuritaires et militaires nécessaires pour garantir que « seul l'État a le pouvoir de décider de la guerre et de la paix ». Le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque meurtrière du Hamas en Israël et du début de l'offensive israélienne sanglante sur Gaza, le Hezbollah avait ouvert son front dit de « soutien » en tirant des obus vers le Nord israélien. La guerre avait connu une escalade en septembre 2024, avec des frappes israéliennes intenses sur plusieurs régions du Liban, jusqu'à un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024. Malgré cet accord, qui réclamait notamment son retrait total du Liban-Sud, l'armée israélienne continue d'occuper au moins cinq positions qu'elle estime « stratégiques » en territoire libanais. C'est dans ce cadre que M. Salam a également contacté la coordinatrice de l'ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, pour lui demander que les Nations unies « redoublent leur pression internationale sur Israël, pour qu'il se retire totalement des territoires libanais toujours occupés.

« Éviter toute violation » qui pourrait menacer le Liban

Le président libanais, Joseph Aoun, a pour sa part condamné les « tentatives de faire retomber le Liban dans la spirale de la violence », selon un communiqué. M. Aoun a estimé que ce qui s'est passé samedi dans le Sud, et les violations qui y sont observées depuis le 18 février, date limite pour l'application des conditions de la trêve, sont une «attaque persistante contre le Liban». Il a également demandé à toutes les forces concernées au Liban-Sud, en particulier au comité de suivi du cessez-le-feu, et à l'armée de suivre les événements avec « le plus grand sérieux afin d'éviter toute répercussion et de mettre un terme à toute violation qui pourrait menacer le pays dans ces circonstances délicates ». Il a enfin demandé au commandant en chef de l'armée, le général Rodolphe Haykal, de prendre les mesures nécessaires sur le terrain pour préserver la sécurité des citoyens et d'enquêter sur les circonstances des tirs.

Lire aussi

Le Liban est-il menacé d’une nouvelle guerre ?

De son côté, le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a appelé toutes les parties au Liban à ne pas « créer de prétextes pour l'ennemi » israélien et à « se rallier à l'État et ses institutions », notamment militaires, après les tirs de roquettes en provenance du Sud vers Israël. « Tous les Libanais, en particulier les forces politiques, doivent purifier leur discours politique, se rallier à l'État et à ses institutions constitutionnelles, judiciaires, militaires et sécuritaires, et être conscients des dangers résultant de la création de prétextes pour l'ennemi en attisant les conflits », a-t-il dit. Dans son communiqué, M. Berry a estimé que « le premier et dernier bénéficiaire de l'entraînement du Liban et de la région dans une spirale de violence majeure est Israël et ses organismes sécuritaires et militaires », soulignant que l'État hébreu s'est rendu coupable de « plus de 1.500 violations du cessez-le-feu », « alors que le Liban et sa résistance se sont engagés pleinement à toutes les dispositions de cet accord ».

Reprendre les armes du Hezbollah « par la force ou par consensus »

Le ministre libanais de la Défense a, lui, souligné le refus du Liban de « revenir à la situation qui prévalait avant le cessez-le-feu de novembre 2024 » et dit « s'opposer fermement aux tentatives de saper les efforts de l'État pour consolider la sécurité et la stabilité sur tout le territoire libanais, en particulier sur les frontières sud et est », respectivement avec Israël et la Syrie. Il a affirmé que l'armée libanaise a lancé une enquête sur les circonstances des tirs de roquettes à partir du Liban-Sud et appelé les « parrains » de l'accord de cessez-le-feu à dissuader Israël de poursuivre ses « violations et attaques sous des prétextes fallacieux ». 

Le ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi, a affirmé avoir effectué des contacts diplomatiques visant à faire pression sur Israël pour calmer la tension à la frontière libano-israélienne. Il s'est notamment entretenu avec ses homologues jordanien, égyptien, européen et français, ainsi qu'avec l'adjointe de l’envoyé spécial du président américain pour la paix au Moyen-Orient Morgan Ortagus, et la secrétaire d'État adjointe américaine pour les affaires du Moyen-Orient, Natasha Franceschi. « J'ai demandé à ce que l'on fasse pression sur Israël afin de mettre fin à l'escalade », a-t-il poursuivi.

Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Taymour Joumblatt a, lui, déclaré que « le respect de l'accord de cessez-le-feu et l'application de la résolution 1701 sont le seul moyen de ne pas entrer dans de nouveaux conflits militaires qui pourraient pousser le Liban à la guerre à nouveau ».

Dans un entretien sur les ondes de la radio locale La Voix du Liban, le député Ghassan Hasbani (Forces libanaises) a estimé que les tirs de roquettes depuis le territoire libanais en direction d'Israël sont « une tentative d'entraîner le Liban dans une nouvelle guerre, d'enflammer la frontière et de mettre l'armée et l'État en première ligne ». M. Hasbani a souligné que « l'armée doit reprendre les armes du Hezbollah par la force ou par consensus, sinon ce processus sera confié aux Israéliens dans le Sud et aux Syriens dans l'Est, ce qui n'est acceptable pour aucun Libanais, car cela affecte la souveraineté nationale ».

Les tirs de roquettes lancés depuis le Liban-Sud en direction d'Israël, tôt samedi matin, quasiment inédits depuis l'entrée en vigueur de la trêve fin novembre dernier, ont provoqué une série d'appels unanimes à la retenue et de dénonciations des violations israéliennes du cessez-le-feu de la part des officiels libanais. Le Hezbollah lui-même a affirmé tenir à la trêve entre le Liban et Israël, tandis que son allié traditionnel, le président de la Chambre et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, lui a fait un appel du pied, dans une injonction « à toutes les parties libanaises » à s'unir autour de l'État et ses institutions y compris l'armée. Avant 8h du matin, l'armée israélienne a affirmé avoir intercepté trois roquettes en direction de la localité de Metoula. Si les habitants...
commentaires (2)

A quoi servent les armes du Hezbollah et de ses complices? A attirer sur le Liban les missiles israéliens, et A RIEN D'AUTRE! Et certains se poseraient encore la question: Faut-il désarmer le Hezbollah?

Yves Prevost

07 h 00, le 23 mars 2025

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • A quoi servent les armes du Hezbollah et de ses complices? A attirer sur le Liban les missiles israéliens, et A RIEN D'AUTRE! Et certains se poseraient encore la question: Faut-il désarmer le Hezbollah?

    Yves Prevost

    07 h 00, le 23 mars 2025

  • Poutine aussi dit que c’est l’Ukraine qui l’agresse. Ils sont bien inspirés et jouent aux plus malins malgré la raclée qu’ils ont reçu. Ils sont prêts à mourir et à sacrifier toute leur communauté plutôt que de s’avouer vaincus et qu’ils ont perdu le contrôle de notre pays.

    Sissi zayyat

    19 h 57, le 22 mars 2025

Retour en haut