
Des observateurs de l'UE et des fonctionnaires dans un bureau de vote à Beyrouth lors des élections législatives, le 15 mai 2022. Photo d'archives ANWAR AMRO / AFP
Ces dernières semaines, un sujet revient quasi quotidiennement dans les médias libanais : les élections municipales. Ce scrutin, reporté depuis 2022, est crucial pour le fonctionnement des autorités locales dans les villes et villages du pays, alors que de nombreux conseils municipaux ont démissionné depuis le dernier vote en 2016, ou sont devenus dysfonctionnels en raison de difficultés financières ou pénuries de personnel.
Leur organisation est prévue en principe au mois de mai, le scrutin s’étalant sur quatre dimanches de suite, en fonction des régions.
L’Orient-Le Jour vous donne quelques clés pour comprendre les discussions et autres articles liés à cette échéance, aux enjeux principalement administratifs et locaux.
Quand doit se tenir le scrutin ?
– Le Liban a tenu ses dernières élections municipales en 2016. Initialement élus pour un mandat de six ans, les conseils municipaux ont vu leur mandat prorogé trois fois depuis 2022. Si elles ont lieu comme prévu, les prochaines élections devront se tenir avant le 31 mai 2025, conformément à la loi de report votée l’année dernière.
– C’est le ministère de l’Intérieur qui décide d’« organiser les élections pour toutes les municipalités le même jour ou fixer des jours distincts pour chaque municipalité ou groupe de municipalités ».
– Début mars, le ministre Hajjar avait annoncé que « la première phase des élections municipales débutera le 4 mai » et qu’elles se dérouleront « en quatre étapes » jusqu’au 25 mai. Cette annonce a été officialisée lundi.
Qu’est-ce que la circonscription électorale ?
– Une circonscription électorale est définie comme une unité géographique électorale indépendante, composée d’un certain nombre d’électeurs pour un certain nombre de sièges électoraux.
– Au Liban, chaque municipalité représente une circonscription électorale à part entière.
Qui est élu et avec quelles prérogatives ?
– Les conseils municipaux sont élus par les électeurs issus de la localité et inscrits sur ses listes électorales. Le nombre de conseillers est déterminé en amont du scrutin par le ministère de l’Intérieur.
– Les candidats doivent être des citoyens libanais âgés d’au moins 25 ans et jouissant de leurs droits civiques.
– Le président et le vice-président du conseil municipal détiennent le pouvoir exécutif : ils sont élus à la majorité des membres du conseil.
Qui est éligible pour voter ?
– Est éligible pour voter tout citoyen libanais qui a atteint la majorité électorale (21 ans) avant la fin janvier de l’année en cours et jouissant de ses droits civiques.
– Le registre électoral utilisé pour les élections municipales est le même que celui des élections législatives. Les électeurs sont appelés à voter aux élections municipales suite à une décision émise par le ministre de l’Intérieur dans les deux mois précédant la fin du mandat des conseils municipaux.
Quel mode de scrutin est en vigueur ?
– Les élections municipales fonctionnent selon le mode de scrutin majoritaire. Dans les élections municipales, il n’y a ni listes fermées ni votes préférentiels, un électeur peut donc voter pour une, deux ou six personnes. Il peut aussi voter pour une liste entière ou rayer des noms. Ce seront donc les candidats avec le plus de votes qui seront élus.
– A contrario, dans un mode de scrutin proportionnel, comme celui observé pour les législatives, les sièges à pourvoir sont répartis en fonction du nombre de voix obtenues par la liste, en fonction du coefficient électoral, c’est-à-dire le nombre de voix permettant d’obtenir un siège.
Que sont les « mégacentres » de vote ?
– Comme pour les élections législatives, les électeurs doivent voter dans la localité où ils sont inscrits, et qui n’est pas nécessairement leur lieu de résidence. Cette exigence a alimenté les appels à la création de mégacentres – de grands bureaux de vote situés dans les principales villes, permettant aux électeurs de voter sans avoir à retourner dans leur ville ou village natal, sachant que Beyrouth à elle seule compte une population équivalant à la moitié de la population totale du Liban.
– Plusieurs acteurs politiques, ainsi que des groupes militants et des ONG plaident depuis longtemps en faveur de cette réforme, faisant valoir qu’elle faciliterait la participation électorale en supprimant les coûts de déplacement. Un autre avantage est que les mégacentres pourraient réduire les intimidations exercées sur les électeurs, notamment dans les régions dominées par un seul parti politique, et limiter le clientélisme.
– La question a pris de l’importance après la destruction de plusieurs villages du Liban-Sud durant la guerre entre le Hezbollah et Israël, qui s’est intensifiée en septembre 2024, les mégacentres pouvant permettre aux résidents déplacés de voter sans avoir à se rendre dans leur village.
L’élection d’office
– L’élection d’office ou cooptation se produit lorsqu’une liste l’emporte sans opposition. l’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) est opposée à cette option, car les candidats sont souvent soumis à des pressions pour ne pas se présenter afin qu’une seule liste l’emporte – en particulier dans les villes où un parti politique exerce une forte influence. Cette option a notamment été évoquée récemment dans la presse concernant les villages du Sud, où le Hezbollah et le mouvement Amal veulent éviter des élections dans un contexte sécuritaire qui reste tendu.
Quid des élections des moukhtars ?
Les élections sont communément appelées « élections municipales et des moukhtars », car le vote permettant d’élire ces administrateurs locaux, principalement en charge des documents et questions d’état civil (actes de naissance, décès, demandes de passeports ou cartes d’identité), se déroule le même jour et dans le cadre du même processus.