
Des Palestiniens se prennent en photo sur un char israélien capturé le 7 octobre 2023 après avoir traversé la frontière entre Israël et Gaza. Saïd Khatib/Archives AFP
Le Hamas aurait commencé à coordonner une attaque d’ampleur contre Israël suite au conflit à Gaza en 2021, avec ses dirigeants à l’étranger, mais aussi avec l’Iran et le Hezbollah, sollicitant un soutien financier et discutant de l’éventualité d’une attaque militaire conjointe visant à « détruire » l’État d’Israël, révèlent les enquêtes menées par les services de renseignements israéliens sur les « défaillances sécuritaires » ayant mené au 7-Octobre, citées par le Haaretz.
Ces investigations se fondent sur des documents saisis par l’armée israélienne à Gaza durant son offensive terrestre sur l’enclave débutée en octobre 2023, plusieurs jours après l’opération « Déluge d’al-Aqsa » du Hamas. Certains ont été publiés la semaine dernière dans un rapport d’un centre de recherche israélien collaborant avec les renseignements du pays, l’Israel Intelligence Heritage and Commemoration Center, relayé par le quotidien israélien lundi.
Série d’échanges au sein de « l’axe de la résistance »
Les documents rendraient compte d’un « changement stratégique » dans l’approche du Hamas en 2021, considérant la « destruction de l’État d’Israël » comme un « objectif pratique et réalisable » et non plus « un objectif à long terme ». Le rapport du centre israélien s’appuie pour cela sur les déclarations publiques de responsables iraniens, du Hezbollah et du Hamas, vouant l’État d’Israël aux gémonies, mais aussi sur une série d’échanges entre ces membres de « l’axe de la résistance » indiquant que les déclarations n’étaient pas « de simples vantardises ».
En janvier 2019, le chef militaire du Hamas, Yahya Sinouar, tête pensante de l’attaque du 7-Octobre, assassiné le 16 octobre 2024, a, suite à une discussion avec des responsables iraniens, rédigé un document appelé « Ce que nous attendons d’eux » dans lequel il propose un accord entre la Force el-Qods des gardiens de la révolution iraniens, le Hezbollah et le Hamas pour une « guerre de libération pour Jérusalem » selon une attaque coordonnée sur plusieurs fronts, rapporte le centre israélien.
En juin 2021, des dirigeants du Hamas auraient envoyé une lettre au commandant iranien de la Force el-Qods Esmaïl Qaani demandant « 500 millions de dollars de financement sur deux ans pour préparer des opérations militaires », ainsi qu’une autre au guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, assurant que le Hamas pourrait « éliminer » Israël avec le « soutien iranien ». Un mois plus tard, Yahya Sinouar aurait envoyé cette fois-ci une lettre à Mohammad Said Izadi, chef de la branche « Palestine au Liban » de la Force el-Qods, lui demandant de bâtir une « force militaire indépendante » dans le sud du Liban, rapporte également le centre israélien.
Près d’un an plus tard, Yahya Sinouar aurait envoyé une lettre détaillée à l’ancien chef du bureau politique du mouvement palestinien, Ismaïl Haniyé, assassiné le 31 juillet à Téhéran, déclarant que la « préparation (des combattants) pour une grande bataille stratégique qui changera le visage de la région est presque achevée ».
Trois scénarios envisagés
Dans sa lettre datée de 2022, le chef du Hamas expose trois scénarios d’attaque possibles, tout en exhortant Ismaïl Haniyé à se rendre d’urgence en Iran pour « accélérer la création d’une force du Hamas au Liban ». Le premier scénario, décrit comme étant le plus souhaitable, évoque une attaque conjointe du Hamas et du Hezbollah, de préférence pendant les fêtes juives, lorsque « Israël intensifie son agression (sur le complexe d’)al-Aqsa ». Le deuxième scénario, dont l’offensive du 7-Octobre et ses conséquences se rapproche, prévoyait une attaque menée par le Hamas avec un soutien partiel du Hezbollah, visant à préparer le terrain pour « la destruction d’Israël à terme ». Le troisième prévoyait une offensive du Hamas depuis les territoires palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie occupée, soutenue par des milices en Jordanie et en Syrie, sans implication directe du Hezbollah ou de l’Iran.
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, assassiné le 27 septembre 2024 dans un bombardement israélien, aurait préféré présenter à l’ayatollah Khamenei la première option qu’il considérait comme « réaliste », d’après une lettre écrite le 1er juillet 2022 par Ismaïl Haniyé à Yahya Sinouar, suite à une réunion avec le chef du Hezbollah, précise le rapport israélien cité par le Haaretz. Le Hezbollah a finalement ouvert un « front de soutien » le lendemain du 7-Octobre, ayant mené un an plus tard à une guerre ouverte avec l’État hébreu avant un cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024.
La dernière réunion « secrète » documentée dans le rapport remonte à juin 2023, soit quatre mois avant le 7-Octobre, et se serait tenue à Téhéran entre des responsables politiques du Hamas et des hauts responsables du régime iranien, dont l’ayatollah Khamenei. Ismaïl Haniyé aurait affirmé que le Hamas était prêt à diriger une nouvelle confrontation avec Israël. « Une opportunité réaliste d’éliminer Israël » selon les responsables iraniens, soutient le rapport israélien.
Malgré ces documents, le degré de coordination entre les membres de « l’axe de la résistance » pour l’attaque du 7-Octobre menée exclusivement par le Hamas, ayant entraîné la guerre dévastatrice sur l’enclave palestinienne de Gaza, demeure inconnu. Malgré plusieurs réunions à Beyrouth dans les mois qui ont précédé le 7-Octobre, la question du choix volontaire et réfléchi d’ouvrir un « front de soutien » par le Hezbollah n’est pas encore élucidée à ce jour.
Bullshit......ils ont ( et continuent d'avoir) des taupes partout et n'ont pas su ce qui se préparait.....????
08 h 53, le 19 mars 2025