
Une maison détruite à Houla au Liban-Sud, le 18 février 2025. Photo Matthieu Karam/L'OLJ
Dans son dernier rapport sur la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité sur la période entre le 21 octobre 2024 et le 20 février 2025, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres fait un constat sans appel : la 1701 continue de faire l'objet de défis persistants le long de la Ligne bleue au Liban-Sud, malgré des avancées au cours des derniers mois. Le rapport s'étend de la fin de la période d'affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne, marquée par des frappes israéliennes violentes sur le Liban-Sud, la Békaa, la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que d'autres régions, ainsi que par des tirs de mortier et attaques de drones du parti chiite sur le territoire israélien.
M. Guterres souligne dans son rapport l'importance pour les belligérants de ne pas avoir recours à des actions « unilatérales et provocatrices », insistant sur l'importance de parvenir à un cessez-le-feu permanent.
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en consultations à huis-clos lundi 17 mars pour examiner l'application de la 1701, adoptée en 2006 afin d’instaurer une cessation des hostilités entre Israël et le Hezbollah. Les membres du Conseil entendront les exposés de la Coordonnatrice spéciale pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, qui s’est récemment entretenue avec les autorités libanaises et israéliennes, ainsi que du secrétaire général adjoint pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix.
Plus de 14 000 frappes israéliennes
Dans son texte, le chef de l’ONU déplore que les affrontements violents entre le Hezbollah et Israël, « en violation de la résolution 1701 », ont provoqué de lourdes pertes humaines, des déplacements massifs de population et des destructions considérables dans les infrastructures de part et d’autre de la Ligne bleue. Plus de 4 000 personnes ont été tuées au Liban dans les frappes israéliennes. « Les zones résidentielles, les infrastructures civiles et les terres agricoles ont été massivement endommagées ou détruites par les opérations israéliennes », souligne le document. Un rapport de la Banque mondiale, publié le 7 mars, estime les besoins de reconstruction à 11 milliards de dollars.
Le rapport détaille en outre l’ampleur des combats dans la zone d’opérations de la Force intérimaire de l'ONU dans le Sud (Finul) avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. « Du 21 octobre au 26 novembre, la Finul a enregistré 2 182 projectiles tirés depuis le Liban et 14 172 depuis Israël, ainsi que 633 attaques aériennes » de l'armée israélienne, indique le document. Les frappes aériennes israéliennes ont détruit l’infrastructure du Hezbollah, tandis que ce dernier a mené des attaques en profondeur sur le territoire israélien, notamment une frappe contre une base navale à Ashdod le 24 novembre, précise encore le rapport.
Plus de 100 positions reprises au sud du Litani
En revanche, depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, dans la nuit du 26 au 27 novembre, l'armée libanaise a entamé son déploiement au sud du Litani, prévu dans le cadre du cessez-le-feu, et a repris plus de 100 positions, au 20 février 2025, salue le chef de l'ONU. L'armée « a commencé à démanteler des infrastructures militaires et à confisquer des armes supposément appartenant au Hezbollah au sud du Litani », mentionne le texte.
Le secrétaire général salue en outre l’élection du président libanais Joseph Aoun et la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam. « Une atmosphère d’opportunité et d’espoir est palpable », avait-il d'ailleurs souligné lors de sa visite au Liban en janvier.
Groupes armés vs. cinq positions israéliennes
M. Guterres compte cependant parmi les défis la présence persistante du Hezbollah et d'autres groupes armés dans la zone sud du Liban. « Les échanges de tirs ont démontré que le Hezbollah et d’autres groupes armés possèdent des armes en dehors de l’autorité de l’État dans la zone située entre le fleuve Litani et la Ligne bleue », fait savoir Antonio Guterres, rappelant que cette situation constitue une violation des résolutions 1701 et 1559 (2004). Parallèlement, il dénonce le maintien de l'armée israélienne dans cinq positions au nord de la Ligne bleue, alors que l'accord de cessez-le-feu prévoit un « retrait progressif des forces israéliennes au sud de la Ligne bleue », et l’établissement de zones tampons en territoire libanais.
Bien que le cessez-le-feu ait apporté un soulagement provisoire, le rapport souligne la fragilité de la situation. Le secrétaire général appelle les deux parties à « s’abstenir de toute action unilatérale ou provocatrice » et exhorte la communauté internationale à renforcer son soutien à l'armée libanaise. « Il est dans l’intérêt des deux parties que l'armée puisse réaffirmer et consolider son autorité ainsi que celle de l’État libanais sur l’ensemble de son territoire », souligne-t-il, ajoutant qu’un cessez-le-feu permanent reste l’objectif ultime.