Face à une crise sans précèdent, le Liban se trouve aujourd’hui à un tournant historique. Marqué par des décennies de corruption, de clientélisme et d’instabilité économique, le pays du Cèdre est en quête d’un nouveau souffle. Et si l’avenir passait par une refondation en profondeur ?
Vision 2040 est un projet ambitieux créé par Jubhet el-Hurriya, et établi pour une transformation du Liban. Il se veut une feuille de route stratégique visant à redresser l’économie, restaurer l’État de droit et réconcilier la société libanaise avec elle-même.
L’adoption de l’approche de spécialisation en tant que politique publique n’est pas une option de luxe, mais une nécessité stratégique pour construire une nation capable de faire face aux défis mondiaux, de parvenir au développement durable et à l’innovation, et d’assurer l’excellence dans plusieurs domaines. Par conséquent, il faut mettre l’accent sur le développement et l’amélioration des compétences spécialisées dans divers secteurs vitaux. Le contrôle de la qualité est adopté comme un outil essentiel dans tous les domaines du travail et des services, et l’assurance qualité est une caractéristique essentielle de chaque service fourni.
Jubhet el-Hurriya propose donc un chantier indispensable, une analyse d’un Liban qui pourrait renaître de ses cendres.
Depuis l’effondrement financier de 2019, le Liban a sombré dans une crise qui semble sans fin : dépréciation monétaire, inflation galopante, chômage de masse et fuite des cerveaux. Pour sortir de cette spirale destructrice, Vision 2040 propose un modèle, ou une stratégie, fondé sur des axes principaux dont l’économie, l’éducation, la santé, le tourisme, l’agriculture, les métiers spécialisés, etc.
L’économie du pays est la priorité absolue. La refonte des banques libanaises, couplée à une gestion transparente de la dette publique, permettrait de rétablir la confiance des investisseurs et de la diaspora. Un fonds souverain basé sur les actifs publics pourrait être créé pour éponger une partie des pertes et financer les réformes. Le modèle rentier basé sur les services et la finance doit être remplacé par une économie diversifiée, avec un accent sur l’agriculture durable, l’industrie manufacturière et la technologie.
Beyrouth pourrait devenir une plaque tournante de la technologie et des start-up, attirant investissements et talents. Le Liban, doté d’un riche patrimoine historique et naturel, pourrait renaître en misant sur un tourisme durable. La relance du secteur passe par une modernisation des infrastructures, un renforcement de la sécurité et une mise en valeur des trésors culturels et gastronomiques du pays.
Le véritable défi du Liban n’est pas seulement économique : il est politique et institutionnel. Vision 2040 exige la neutralité politique et l’ouverture vers le monde qui nous entoure. Cette vision souligne la haute importance et la mise en place d’un État de droit basé sur le mérite, la transparence et la séparation des pouvoirs. La lutte contre la corruption doit être le fer de lance du renouveau libanais. Un corps judiciaire réellement indépendant, couplé à des lois anticorruption appliquées sans discrimination, garantirait l’émergence d’un État juste et équitable. L’administration libanaise, minée par le népotisme et la bureaucratie, doit être modernisée à travers la numérisation des services publics et la suppression des emplois fictifs. Un recrutement basé sur le mérite, plutôt que sur l’allégeance politique ou confessionnelle, garantirait un service public efficace et au service des citoyens.
Vision 2040 prône une armée nationale forte, capable d’assurer la souveraineté du Liban et de mettre fin aux milices armées. Le contrôle exclusif de la sécurité par l’État est un prérequis pour la stabilité et la restauration de l’autorité publique.
La fracture sociale libanaise est profonde. Entre communautés cloisonnées et générations désillusionnées, le pays peine à se forger une identité nationale unifiée. Vision 2040 ambitionne de reconstruire un Liban inclusif, où la culture et l’éducation deviennent des vecteurs d’unité. La privatisation excessive de l’éducation ayant creusé des inégalités majeures, il faudrait un enseignement public gratuit et de qualité, couplé à une réforme des programmes pour intégrer davantage d’histoire nationale, de civisme et d’esprit critique. Le Liban ayant longtemps été un phare culturel du monde arabe, il faudrait encourager la création artistique et la liberté d’expression, en protégeant les artistes, les journalistes et les intellectuels des pressions politiques et confessionnelles.
Nous devons mettre un point final à l’appartenance confessionnelle comme critère d’accès aux droits et aux opportunités. Vision 2040 propose une citoyenneté pleine et entière, où chaque Libanais est un citoyen avant d’être chrétien, musulman, druze ou autre.
Si ce projet propose un modèle de transformation en profondeur, il pourrait faire face à des résistances majeures. Mais rien n’est impossible. Avec une pression populaire continue, une diaspora mobilisée et une jeunesse prête à relever le défi, le Liban pourrait surprendre et renaître d’ici à 2040.
Vision 2040 n’est pas un simple programme de réforme : c’est une refondation du Liban en tant qu’État moderne, démocratique et prospère. Ce projet appelle à un changement de mentalité, à un sursaut collectif pour dépasser les clivages et bâtir un pays à la hauteur de son potentiel.
Si le chemin est semé d’embûches, l’histoire a prouvé que le Liban, malgré toutes ses crises, sait se réinventer. La question n’est pas de savoir si le pays peut changer, mais quand et comment le changer, le transformer.
Tant que le Liban, ce pays écorché, possède encore en son sein des hommes et des femmes prêts à se battre pour lui, Vision 2040 pourrait être cette opportunité pour la réforme et la renaissance d’un pays nouveau. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour qu’un rêve prenne racine.
Miled KAREH
Président Jubhet el-Hurriya
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