
La ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Rima Karamé, avec des représentants de la presse locale. Photo fournie par le ministère
« On ne peut plus parler de sauvetage sans réforme. Mon travail consiste à développer une vision en vue de réformes qui ne viendront pas d’en haut, mais du terrain, des écoles, des enseignants… ». Devant une poignée de journalistes invités pour faire connaissance, la ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Rima Karamé, a donné le ton vendredi. Son mandat (d’un an et trois mois) ne sera pas celui des réformes, mais d’un travail en profondeur pour préparer celles-ci. « Notre gouvernement est là pour poser les fondations », rappelle-t-elle, reprenant les propos du Premier ministre, Nawaf Salam.
Entre-temps, elle veut remettre sur pied un ministère malmené par les crises successives au Liban et par l’érosion de la confiance entre ce département et les membres de la famille éducative. Avec pour priorités d’étudier la structure du ministère, d’établir un diagnostic sur son fonctionnement et de « l’informatiser depuis l’école jusqu’en haut de l’échelle », afin de disposer de données fiables et de redresser « une école publique qui agonise ». « Je vais mettre l’accent sur le secteur public », insiste-t-elle, reconnaissant toutefois « les difficultés de l’école privée », qui scolarise plus de 70% des élèves. « On ne peut commencer par dix dossiers à la fois. On doit définir nos priorités », insiste-t-elle, face à la masse de questions à traiter, depuis le financement de l’éducation jusqu’à la reconstruction des écoles détruites par la guerre, la question des salaires des enseignants, en passant par les nouveaux programmes ou les élèves syriens, sans oublier l’Université libanaise.
Le secteur éducatif du Liban, public et privé, est en crise depuis le début de la dépréciation de la livre libanaise en 2019. Elle s’est effondrée davantage avec la pandémie du Covid-19, l’explosion au port de Beyrouth en août 2020, les défections et les grèves d’enseignants dont les salaires ne valaient plus grand-chose et enfin, la guerre entre Israël et le Hezbollah qui a commencé le 8 octobre 2023, détruisant un nombre important d’écoles au Liban-Sud, dans la banlieue sud de Beyrouth, et la Békaa. Selon un récent rapport de l’Unicef, le Fonds de l'ONU pour l'enfance, malgré le cessez-le feu décrété en novembre 2024, plus de 25 % des enfants n’étaient toujours pas scolarisés. Plus d’un demi-million d’enfants sont privés d’école, alors que le pays continue de se débattre avec l'impact dévastateur du conflit et des défis socio-économiques.
Salaire des enseignants contractuels
La ministre de l’Éducation a ainsi évoqué ses deux premières mesures, annoncées jeudi à l’issue du Conseil des ministres, la hausse du salaire horaire des enseignants contractuels du public à 366 000 livres libanaises pour le primaire/complémentaire et 660 000 LL pour le secondaire, de même que l’intégration de la prime de productivité au salaire des enseignants du public. Des décisions prises après avoir passé « un mois entier à rencontrer les représentants syndicaux des écoles publiques ».
Parallèlement, Rima Karamé peaufine son équipe de travail. Accompagnée de son frère, l’avocat Fahmi Karamé, son conseiller personnel sur l’aspect légal des décisions, qui « ne coûte pas un sou à l’État », elle affirme avoir fait appel notamment au chercheur universitaire Adnane el-Amine pour faire avancer la réforme des curricula scolaires qui datent de 1997. Cette réforme, gérée par le Centre de recherche et de développement pédagogique (CRDP), organisme sous la tutelle du ministère, est en marche depuis 2022 après des années de stagnation. La nouvelle ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur veut enfin se pencher sur l’épineuse mais « indispensable » question du financement par les donateurs internationaux, l’important pour elle étant de « faire l’équilibre entre ces donateurs dont nous avons besoin et la nécessité pour le ministère de rester maître à bord ». C’est d’ailleurs grâce à ces financements que la ministre envisage de lancer son premier chantier, l’informatisation.
En espérant que quelqu'un pensera former des générations FRANCOPHONES dans ce fichu pays. Dans ces écoles publiques où la langue FR est dispensée par des prof qui balbutient en FR. L'atout de notre pays c'est notre TRILINGUISME dont la langue Française. Notre atout. Notre plus value et de quoi privilégier nos enfants et générations futures face aux autres candidats à l'emploi dans la région. Mais personne n'y pense sérieusement à établir un plan complet incluant médias audio visuels Francophones basés au liban
20 h 08, le 14 mars 2025