L'administration américaine du président Donald Trump prévoit de révoquer le statut de « protection temporaire » accordé à environ 240 000 Ukrainiens ayant fui leur pays après l’invasion russe du 24 février 2022, rapporte Reuters citant un haut fonctionnaire de Trump et trois sources proches du dossier. Une décision qui pourrait entraîner « une expulsion accélérée » de ces réfugiés, « potentiellement dès le mois d’avril », ajoute l'agence.

Cette mesure constituerait un renversement spectaculaire, dans la politique d’immigration américaine, face à l’accueil réservé aux Ukrainiens sous l’administration du président Joe Biden. La révocation des protections accordées a ces derniers était déjà envisagée avant le clash historique en direct à la Maison-Blanche devant les médias entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky survenu le 28 février.

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Selon les sources, cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de l’administration Trump visant à retirer le statut légal à plus d'1,8 million de migrants admis sur le sol américain dans le cadre de programmes humanitaires temporaires mis en place sous la précédente administration démocrate. Le locataire de la Maison Blanche avait signé le 20 janvier dernier un décret imposant de nouvelles restrictions aux migrants, notamment des limitations à l'asile et aux protections humanitaires. Le décret ordonne au Département de la sécurité intérieure (DHS) de mettre fin à tous les programmes d'admission sur le territoire pour les ressortissants cubains, haïtiens, nicaraguayens et vénézuéliens. En outre, cette disposition pourrait avoir un impact sur les programmes concernant les ressortissants afghans, ukrainiens et d'autres pays.

Selon un responsable de l’administration républicaine et une source proche du dossier, ayant requis l’anonymat, Washington prévoit de révoquer le statut de « protection temporaire » pour environ 530 000 Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens dès ce mois. Ce plan, révélé pour la première fois par CBS News, pourrait exposer ces migrants à des procédures d’expulsion accélérées, selon un mail interne du service de l'immigration et des douanes des États-Unis (ICE) consulté par Reuters.

Tricia McLaughlin, porte-parole du ministère américain de la sécurité intérieure, a déclaré que le ministère n'avait rien à annoncer pour le moment. La Maison Blanche et l'ambassade d'Ukraine n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de l'agence. 

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Plus de 1,8 million de migrants visés

Les migrants privés de leur statut de protection pourraient être soumis à des procédures d’expulsion rapide, appelées « removal expedited ». Contrairement aux immigrants entrés illégalement sur le territoire, qui peuvent être expulsés dans un délai de deux ans, ceux passés par des points d’entrée légaux sans être officiellement « admis » aux États-Unis ne sont soumis à aucune limite de temps pour une expulsion accélérée, précise l’e-mail. 

Sous l'administration Biden, plusieurs programmes ont été instaurés dans le but de créer des voies légales temporaires d'immigration, dans l'optique de réduire l’immigration illégale tout en offrant une aide humanitaire. Parmi les bénéficiaires de ces initiatives figurent plus de 240 000 Ukrainiens fuyant l'invasion russe, ainsi que 530 000 ressortissants de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela. Ces programmes ont également permis à plus de 70 000 Afghans ayant fui l'arrivée au pouvoir des talibans. Un million d'autres migrants ont organisé leur passage à la frontière grâce à l'application CBP One, conçue pour simplifier les démarches d'entrée légale. Parallèlement, des milliers d'autres ont pu bénéficier de programmes plus ciblés, tels que ceux relatifs au rapatriement familial, visant certains ressortissants d'Amérique latine et des Caraïbes.

Maux de tête dus au stress

Durant sa campagne électorale, Donald Trump avait promis de mettre fin aux programmes de l’administration Biden, estimant qu’ils dépassaient le cadre légal américain. Le mois dernier, son administration a suspendu le traitement des demandes liées à l’immigration pour les personnes entrées aux États-Unis sous certains programmes d'admission spécifiques de Biden, plongeant des familles comme celle de Liana Avetisian dans l’incertitude.

Mme Avetisian, ancienne agente immobilière en Ukraine, travaille désormais dans le secteur de l’assemblage de fenêtres, tandis que son mari est employé dans le bâtiment. La famille, qui a fui Kiev en mai 2023, s’est installée à DeWitt, dans l’Iowa. Leur statut et leurs permis de travail expirent en mai. Ils ont déjà dépensé près de 4 000 dollars en frais de dossier pour tenter de renouveler leur statut et demander une protection temporaire (TPS). « Nous ne savons pas quoi faire », confie Mme Avetisian, qui souffre désormais de maux de tête dus au stress. 

Les alliés des américains ayant fui l'Afghanistan pour échapper à la mainmise des talibans, entrés sous l'administration Biden, ont également été pris dans la vague de répression lancée par Trump.

Cet article est une traduction d'une information diffusée par Reuters en anglais.