La carcasse fumante d'un véhicule de la Finul, incendié par des manifestants, sur la route menant à l'aéroport international de Beyrouth, le 14 février 2025. Photo IBRAHIM AMRO AFP
Alors que les tensions ont repris vendredi soir dans les rues de la banlieue-sud de Beyrouth, sur fond de colère de partisans du Hezbollah couvant depuis la veille après l'interdiction notifiée à des avions iraniens d'atterrir au Liban, un convoi de la Force intérimaire de l'ONU au Liban qui passait sur une route où manifestaient des habitants de la banlieue-sud de la capitale a été attaqué, a confirmé la force dans un communiqué. « Le commandant adjoint sortant de la force, qui rentrait chez lui après la fin de sa mission, a été blessé », a-t-elle ajouté dans un communiqué, se disant « choquée par une attaque scandaleuse contre des Casques bleus qui ont œuvré pour rétablir la sécurité et la stabilité dans le sud du Liban ».
Une source sécuritaire avait préalablement confirmé à Reuters qu'un Casque bleu avait été blessé, tandis que des vidéos montraient au moins une voiture signée ONU en flammes près de l'aéroport de Beyrouth.
L'armée libanaise est intervenue sur les lieux et a poursuivi les casseurs, selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent plusieurs dizaines de soldats mobilisés sur une route de la banlieue-sud, en train d'avancer vers des véhicules en flammes. Elle a évoqué dans un communiqué « des manifestations dans plusieurs régions, notamment près de l'AIB, marquées par des actes de vandalisme, entre autres des agressions de soldats, l'attaque de véhicules de la Finul et une tentative de fermer la route de l'aéroport ». Elle a dans ce cadre mis en garde contre « toute action susceptible de créer des tensions internes aux conséquences imprévisibles, et surtout durant cette période délicate que traverse le pays ». La troupe a affirmé qu'elle agira « avec fermeté pour empêcher toute atteinte à la paix civile et arrêter les fauteurs de troubles ». Le commandant en chef par intérim de l'armée a en outre contacté le chef de la Finul afin d'exprimer son indignation face à l'attaque du convoi.
La Finul évoque de possibles « crimes de guerre »
« Les attaques contre les Casques bleus constituent des violations flagrantes du droit international et peuvent être assimilées à des crimes de guerre. Nous exigeons une enquête complète et immédiate de la part des autorités libanaises et que tous les responsables soient traduits en justice », a ajouté la force onusienne dans son texte. La coordinatrice de l'ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a, elle, dénoncé une attaque « inacceptable » qui « menace la sécurité du personnel des Nations unies ».
Selon des médias locaux, des sit-in et fermetures de route ont également eu lieu temporairement sur le pont du « Ring » entourant le centre-ville, proche du quartier de Khandaq el-Ghammiq, et dans le quartier de Corniche Mazraa. La route bloquée dans le centre-ville avec des pneus en flammes a été rapidement rouverte par l'armée.
La base du Hezbollah proteste contre la décision des autorités libanaises d'interdire aux avions en provenance de Téhéran d'atterrir à Beyrouth, après que des accusations ont été lancées par Israël selon lesquelles les gardiens de la révolution envoient des fonds au parti chiite à bord de ces vols.
Le suivi de Salam et Nassar
Le Premier ministre Nawaf Salam, pour sa part, est entré en contact avec Mme Hennis-Plasschaert, ainsi qu'avec le commandant en chef de la Finul, le général Aroldo Lázaro, pour condamner avec la plus grande fermeté « l'attaque criminelle contre les véhicules et le personnel » de la force onusienne. Il a exprimé « l’appréciation du Liban pour le rôle joué par les Casques bleus » dans le sud du pays et affirmé avoir demandé au ministre de l'Intérieur, Ahmad Hajjar, de « prendre des mesures urgentes afin d’identifier les assaillants, les arrêter et les déférer devant la justice compétente ».
Le ministre de la Justice, Adel Nassar, a de son côté contacté le procureur général de la République, Jamal Hajjar, afin de lui demander d'enquêter sur l'incident survenu sur la route de l'aéroport. À son tour, M. Hajjar a contacté le commissaire du gouvernement et les services de renseignement de l'armée, pour les appeler à agir. Le ministre de la Défense, Michel Menassa, a également pris contact avec la Finul et promis que justice sera faite.
Amal dénonce un « coup de couteau » dans le dos de la paix civile
Autre réaction notoire, celle du mouvement Amal, allié du Hezbollah, dont la direction a estimé que « l'attaque contre la Finul est une attaque contre le Liban-Sud, et les blocages de routes, où qu'ils aient lieu, sont un coup de couteau porté à la paix civile ». Le mouvement Amal a demandé à l'armée libanaise et aux forces de sécurité de poursuivre les agresseurs et de les « frapper d'une main de fer ». Ali Hijazi, secrétaire général du parti Baas au Liban, un autre allié du parti chiite, a évoqué pour sa part sur le réseau X, un incident « suspect » et appelé à l'arrestation des « personnes impliquées ».
Le Courant patriotique libre, qui était lui aussi proche du Hezbollah jusqu'à son implication dans la guerre de Gaza en 2023, a également fait état de « troubles suspects qui ne peuvent être justifiés sous aucun prétexte ». Il s'agit, selon le parti aouniste d'une « atteinte à la liberté de circuler » qui risque « d'entraîner le pays vers le chaos ».
Plus de 10 000 Casques bleus sont stationnés au Liban-Sud, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire office de force tampon face à Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays. Des tensions éclataient régulièrement avant la dernière guerre entre le Hezbollah et l’État hébreu, entre des convois de la Finul circulant au Liban-Sud et des habitants, dans une région où le parti pro-iranien était prépondérant. Un de ces incidents avait provoqué la mort d'un Casque bleu irlandais, Sean Rooney, en décembre 2022.
Un autre aéroport est devenu une urgence absolu car cet unique aéroport est pris en otage par une horde de lâches et de hors la moi qui ne connaissent que la rue, la barbarie et la destruction comme moyen d'expression. Ceux qui les commandent devraient payer à leur place car ce sont eux qui tiennent les ficelles de ces marionnettes decérebrées. Ils sont devenus la honte de notre pays civilisé.
09 h 20, le 15 février 2025