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Politique - Vingt ans du 14 février 2005

« Il est temps pour moi de rester à vos côtés » : Hariri annonce le retour du Futur sur la scène politique libanaise

« Regardez où en sont aujourd'hui ceux qui ont tenté de tuer le projet de Rafic Hariri », a lancé le chef du Futur devant des dizaines de milliers de partisans. 

« Il est temps pour moi de rester à vos côtés » : Hariri annonce le retour du Futur sur la scène politique libanaise

Saad Hariri dans le centre-ville de Beyrouth, avant de prononcer un discours, le 14 février 2025. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Devant des dizaines de milliers de ses partisans réunis dans le centre-ville de Beyrouth, à l'occasion des 20 ans de l'attentat qui a tué l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, son fils Saad Hariri a annoncé vendredi le retour du Courant du Futur dans la vie politique au Liban, trois ans après sa mise en retrait, en janvier 2022.

« Ce mouvement est là pour rester et porter votre voix dans toutes les prochaines élections et échéances » politiques, a lancé le chef du Futur devant la foule. « Tout comme vous avez été à mes côtés pendant 20 ans, sans me quitter, il est temps pour moi de rester à vos côtés et de ne plus vous quitter », a-t-il lancé. 

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Adressant un de ses messages aux habitants de la Békaa, du Liban-Sud et de la banlieue sud de Beyrouth, fiefs du Hezbollah, et évoquant une « opportunité en or » pour le Liban dans la foulée des changements opérés ces dernières semaines, Saad Hariri a affirmé que la base du parti chiite est « partenaire de cette opportunité », mais à condition qu'elle se « libère de l'obstruction, de l'intimidation et des armes ». « Vous êtes partenaires dans la reconstruction, partenaires dans le rétablissement de la dignité de l'État », a-t-il dit.

Recueillement devant la tombe de Rafic Hariri

Selon des médias locaux, près de 70.000 partisans du Futur se trouvaient à Beyrouth pour le premier discours de Saad Hariri depuis son retrait de la scène politique. À son arrivée sur la place des Martyrs, il s'était recueilli sur la tombe de son père en compagnie de plusieurs membres de sa famille, dont sa tante Bahia, les dizaines de milliers de partisans présents l'ont accueilli avec hurlements de joie et vivats, l'exhortant à revenir sur la scène politique. Dans la foule, l'on apercevait principalement, selon notre photo-journaliste sur place Mohammad Yassine, des drapeaux libanais et, plus rarement, des drapeaux bleu clair du Courant du Futur, ainsi que des pancartes à l'effigie de Rafic Hariri et de son fils.

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Prenant la parole devant la mosquée Mohammad al-Amine, Saad Hariri a souligné « soutenir le mandat » du nouveau président Joseph Aoun et du Premier ministre Nawaf Salam, qui a formé il y a six jours son gouvernement, ainsi que de « tous les efforts pour construire un État normal, afin que le Liban retrouve son rôle dans le monde ». «Nous sommes avec l'armée et pour le retrait de l'occupation israélienne de toutes les villages où elle se trouve. Ceux qui ont tenté de tuer le projet de Rafic Hariri, regardez où ils en sont », a-t-il déclaré, alors que la guerre entre le Hezbollah et Israël, lancée unilatéralement par le parti chiite le 8 octobre 2023, a porté un grand coup à ce parti, avec notamment l'assassinat fin septembre 2024 de son chef Hassan Nasrallah, et que le régime syrien, accusé d'être derrière l'attentat du 14 février 2005, a été renversé le 8 décembre 2024.

« Le criminel Assad expulsé de Syrie »

Rendant toutefois hommage aux « martyrs de toutes les régions » suite à l'offensive israélienne violente sur le Liban, entre septembre et novembre 2024, il a salué le fait que, pendant cette escalade et les frappes quotidiennes sur le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud, les Libanais ont « accueilli les déplacés et dit, avec leurs actes, que le Liban est un ».

L'ancien Premier ministre a par ailleurs commenté la polémique provoquée par le plan de Donald Trump pour la bande de Gaza, dont il veut expulser les 2,4 millions de Palestiniens vers d'autres pays comme l'Egypte, la Jordanie et l'Arabie saoudite. Un projet décrié par le monde entier mais salué par Tel-Aviv. « Le problème de Benjamin Netanyahu, c'est qu'il échappe à toute responsabilité, tue et déplace ». « Le problème ne peut pas être résolu aux dépens de l'Egypte, la Jordanie et l'Arabie saoudite », a-t-il lancé.

Il avait commencé son discours en établissant un parallèle entre les manifestations massives ayant suivi l'assassinat de son père, Rafic Hariri, il y a 20 ans, et qui avaient mené à la fin, quelques semaines plus tard, de 15 ans de tutelle syrienne sur le Liban.

« Aujourd'hui, après vingt ans, nous revenons sur la place des Martyrs pour dire à Rafic Hariri qu'il nous manque. Il y a vingt ans, sur cette même place, vous avez expulsé Bachar el-Assad du Liban », s'est-il exclamé, rappelant qu'après « 20 ans de domination, d'arrestations arbitraires et de brutalité, le peuple syrien héroïque s'est levé et a expulsé le criminel de Syrie », en référence à la chute du régime Assad. « Cela marque l'occasion, pour nous, de déclarer notre soutien à la stabilité de la Syrie et à de meilleures relations sur un pied d'égalité » entre Beyrouth et Damas.

Un portrait d'Ahmad el-Chareh, le nouveau président par intérim de la Syrie, qui était à la tête d'une coalition de mouvements rebelles et islamistes à l'origine de la chute du régime Assad, pouvait notamment être observé sur la place des Martyrs vendredi, selon des images de notre photo-journaliste. Sur cette banderole, le président syrien était entouré de Rafic, Saad et Baha' Hariri, ainsi que du prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane (MBS), et... de l'ancien président irakien Saddam Hussein.

Une banderole brandie par des manifestants à Beyrouth, le 14 février 2025. Photo Mohammad Yassine/L'OLJ

Responsabilité partagée de la crise au Liban

Revenant en outre sur la crise socio-économique et financière au Liban, M. Hariri a souligné que le pays « a traversé de nombreuses crises et, nous n'avons jamais nié que nous portons une part de responsabilité ». Trouver une solution à la crise « est une responsabilité partagée », a-t-il poursuivi, assurant : « Nous restons avec vous dans toutes les échéances nationales, et tout vient en son temps ».

Ce grand rassemblement populaire était organisé par le Courant du Futur, qui s'était abstenu de participer aux élections législatives de 2022 dans la foulée du retrait politique de son chef.

Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005, dans un attentat à la bombe à Beyrouth, provoqué par l'explosion d'une charge de 1 000 kg de TNT. Son assassinat a marqué un tournant au Liban, l'attentat ayant porté la trace du régime syrien qui occupait alors le pays. Après des semaines de manifestations massives contre la tutelle syrienne, le régime Assad avait fini par retirer ses troupes du Liban en avril 2005. Un tribunal international spécial, créé plusieurs années plus tard pour juger ce crime, a reconnu un cadre du Hezbollah, allié de la Syrie au Liban, coupable de l'attentat.

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Des partisans venus de la Békaa, du Sud et du Akkar

En préparation du rassemblement prévu dans le centre de Beyrouth, les partisans du Courant du Futur et de Saad Hariri avaient commencé à se rassembler tôt vendredi matin en provenance de différentes régions du Liban et à affluer à Beyrouth.

Ils étaient notamment partis de Baalbeck et Ersal dans la Békaa, brandissant des drapeaux du parti et des portraits de Rafic et Saad Hariri, a rapporté notre correspondante dans la région Sarah Abdallah. Dans le nord du Liban et en réponse à l’appel du comité de coordination du Courant du Futur au Akkar, des milliers de personnes provenant de divers villages et localités de cette région la plus au nord du pays avaient pris la route dès l’aube en convoi de voitures et de bus, selon notre correspondant Michel Hallak.

Arrivé à Beyrouth mardi soir pour assister à la cérémonie commémorative de l’assassinat de son père, Saad Hariri avait rencontré mercredi le président Joseph Aoun, Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berry. Le leader sunnite, qui avait officiellement suspendu toute activité politique en 2022 et vit désormais à l’étranger, avait quitté le palais présidentiel sans faire de déclaration, se contentant d’inviter les journalistes à écouter son discours prévu vendredi.

Devant des dizaines de milliers de ses partisans réunis dans le centre-ville de Beyrouth, à l'occasion des 20 ans de l'attentat qui a tué l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, son fils Saad Hariri a annoncé vendredi le retour du Courant du Futur dans la vie politique au Liban, trois ans après sa mise en retrait, en janvier 2022. « Ce mouvement est là pour rester et porter votre voix dans...
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Ayons confiance en J. Aoun pour la suite des choses. En ce qui concerne Hariri, il devra regagner la confiance des libanais malgrés qu'il a fait face à l'apogé de la puissance du HB, pas tout était de sa faute. Il devra aussi gagner la confiance de MBS... à suivre.

Joseph ibin Helo

19 h 50, le 14 février 2025

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Commentaires (4)

  • Ayons confiance en J. Aoun pour la suite des choses. En ce qui concerne Hariri, il devra regagner la confiance des libanais malgrés qu'il a fait face à l'apogé de la puissance du HB, pas tout était de sa faute. Il devra aussi gagner la confiance de MBS... à suivre.

    Joseph ibin Helo

    19 h 50, le 14 février 2025

  • Peut être que tous ces libanais devraient rester dans la rue jusqu’à ce que le HB dépose ses armes et permettre ainsi à notre pays d’être libéré des envahisseurs qu’il a invité en sachant qu’ils ne partiront que lorsqu’ils déposeront leurs armes et se déclareront vaincus. Ce qui est le cas a ne pas en douter. Un miracle s’était produit voilà 14 ans grâce à la détermination des patriotes libanais, pourquoi ne pas le renouveler pour en finir avec ces deux usurpations, hezbeliote et israélienne. Berry a d’autres projets pour nous, coupons lui l’herbe sous les pieds en exigeant sa démission.

    Sissi zayyat

    12 h 21, le 14 février 2025

  • La 20eme commemoration de Rafic Hariri: les commanditaires et assassins: Un s'est refugie a Moscou comme un chat. L'autre est mort et sera enterre le 23! Le tour du Mullah Perse viendra bientot! Justice est faite!

    Cadmos

    12 h 18, le 14 février 2025

  • Pensee particulière ’ Cette année après exactement 20ans lui et ses compagnoms assassinés pourront vraiment reposer en paix, avec la fuite ou la liquidations des tyrans le Liban pourra peut être avec le potentiel qu'on a, réaliser ce que cet homme d'état avait rêvé.

    Liban Libre

    12 h 13, le 14 février 2025

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