Rechercher
Rechercher

Économie - Dette

Les prix des eurobonds atteignent 18 cents, soit près de trois fois leur niveau de septembre

Certains analystes estiment que le marché est trop ambitieux ou optimiste. D’autres pensent que la trajectoire de ces derniers mois parle d’elle-même.

Les prix des eurobonds atteignent 18 cents, soit près de trois fois leur niveau de septembre

Un panneau sur lequel est affiché la photo du nouveau président Joseph Aoun à l’entrée de Hadeth (Baabda), le jour de son élection le 9 janvier 2025. Philippe Hage Boutros/L’Orient-Le Jour

Le prix moyen des eurobonds, obligations en dollars émises par l’État libanais, a atteint la barre des 18 cents pour un dollar lundi, dans le sillage de la formation du gouvernement de Nawaf Salam, finalisée samedi. Il avait clôturé la semaine précédente à 17,25 cents, selon les informations de marché citées par le département de recherche de Bank Audi. 

C’est la première fois depuis cinq ans que les eurobonds, qui se négocient uniquement entre détenteurs de titres déjà émis après que le Liban a fait défaut sur sa dette en mars 2020, atteignent ce niveau, qui reste cependant bien en dessous de leur valeur de base. Le directeur du département de recherche de Bank Audi, Marwan Barakat, souligne que ce prix moyen a quasiment triplé depuis septembre. 

« Le marché des eurobonds a été à l’image des développements politiques prometteurs des derniers mois, depuis le cessez-le-feu du 27 novembre entre Israël et le Hezbollah », résume Marwan Barakat. Il rappelle que sur cette période, le régime de Bachar el-Assad est tombé et a été remplacé par un nouveau pouvoir formé par les rebelles islamistes qui l’ont renversé, que le Liban a élu un président en la personne de Joseph Aoun, mettant un terme à plus de deux ans de vacance à la tête de l’État, puis un Premier ministre, Nawaf Salam, qui a réussi à former une équipe pour remplacer le gouvernement de Nagib Mikati, démissionnaire depuis deux ans et demi. 

Lire aussi

Aide au Liban : le FMI évoque des « consultations intensives » avec « les amis » du pays

« Tous ces développements ont amélioré les perspectives économiques et financières du Liban, renforçant la probabilité que les chantiers de réforme soient lancés en accord avec les conditions du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que de restructuration des eurobonds », poursuit le cadre de Bank Audi. Le montant nominal du principal de la dette contractée via les eurobonds, sans les intérêts donc, atteint 33 milliards de dollars répartis entre banques libanaises, placements étrangers et Banque du Liban. « C’est dans ce contexte que la demande des investisseurs institutionnels internationaux a fortement augmenté. Le marché parie sur un ratio de récupération de 25 cents pour un dollar, comme l’a anticipé Goldman Sachs (qui l’avait suggéré dans un rapport destiné aux investisseurs en décembre, NDLR) », ajoute-t-il. 


Processus « chaotique »

Également contacté, l’analyste financier Mike Azar considère que la trajectoire des eurobonds signifie que le marché perçoit une « probabilité relativement haute que le nouveau gouvernement soit à même de lancer le processus de restructuration de la dette, que le pays souscrive à un programme de réforme du FMI, qu’il restructure ses banques et sa banque centrale, et qu’il résolve enfin la question des dépôts ». « Mais s’il apparaît que le statu quo persiste sur les réformes ou que le gouvernement fait face aux mêmes problèmes que les précédents, les prix des eurobonds pourraient redescendre tout aussi vite à leur plus bas (autour de 7 cents) », tempère-t-il. 

« Il faut voir comment cela se traduira dans les faits. Je pense personnellement que le marché est un peu trop ambitieux ou optimiste sur ce que ce gouvernement sera capable de faire, à un peu plus d’un an des prochaines législatives et dans un système politique qui n’a pas fondamentalement changé », enchaîne-t-il. « Nous y verrons plus clair dans quelques semaines », conclut-il. 

Le PDG de I&C Bank, Jean Riachi, a pour sa part appelé à la prudence dans un message sur la plateforme X. « La prudence est de mise à ce niveau de prix. Il est peu probable que la valeur réelle de récupération soit beaucoup plus élevée, et le processus de négociation et de restructuration de la dette risque d’être long et chaotique », a-t-il écrit. 

« C’est une marque de confiance dans le nouveau gouvernement, compte tenu de la qualité des ministres, mais c’est à double tranchant : plus la situation s’améliore, plus les prix des eurobonds augmenteront », considère enfin l’ancien ministre du Travail et spécialiste du marché des titres de dette, Camille Abou Sleiman. Il appelle le gouvernement à lancer au plus vite le processus de restructuration de la dette avant que celui-ci ne devienne encore plus coûteux.

Longtemps bloqués sous les 10 cents, malgré de premiers soubresauts pendant l’automne, les eurobonds ont progressivement repris des couleurs en janvier pour se stabiliser aux environs de 16 cents après l’élection présidentielle. Après quelques jours d’hésitation, ils ont atteint puis dépassé la barre des 17 cents la semaine dernière, au fur et à mesure que le déblocage de la formation du gouvernement se précisait. 

Le prix moyen des eurobonds, obligations en dollars émises par l’État libanais, a atteint la barre des 18 cents pour un dollar lundi, dans le sillage de la formation du gouvernement de Nawaf Salam, finalisée samedi. Il avait clôturé la semaine précédente à 17,25 cents, selon les informations de marché citées par le département de recherche de Bank Audi. C’est la première fois...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut