L'émissaire américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, n'en finit pas de faire parler d'elle. Après avoir suscité la polémique pour ses propos hostiles au Hezbollah ou encore pour avoir porté une bague représentant l'étoile de David lors de sa rencontre avec le président Joseph Aoun, Mme Ortagus a publié dimanche une photo d'elle tenant une roquette, debout près d'un soldat libanais. « Tout cela a été fait en une journée de travail », peut-on lire dans la légende qui accompagne cette photo sur X.

Commentant la photo, l'expert en armes Riad Kahawji explique qu'il s'agit d'une roquette Katioucha de 107 millimètres, que la responsable américaine aurait voulu afficher dans une allusion au retrait de l'arsenal militaire du Hezbollah de certaines parties du Liban-Sud. Il s'agit selon lui d'un « autre message pour le changement au Liban et le début d'une nouvelle ère », a-t-il écrit sur X.

Le quotidien An-Nahar, qui reprend des informations d'un site spécialisé dans les différents types de munitions, indique qu'il s'agit d'une roquette iranienne de type Hasib Fajr 1. 

Quoi qu'il en soit, ce cliché a rapidement fait réagir les internautes libanais, dont certains qui n'ont pas hésité à sortir une ancienne photo du chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui s'était vu offrir une douille d'obus par le Hezbollah dans le village de Ras Osta, lors d'une tournée en mai 2019 dans le caza de Jbeil. M. Bassil avait publié une photo de cet objet qu'il avait transformé en vase.

« Et Dieu créa Morgan Ortagus »

De nombreux internautes ont par ailleurs loué les actions politiques de Mme Ortagus, tandis que d'autres n'ont pas hésité à afficher leur admiration pour sa personne. « Et Dieu créa Morgan Ortagus au 8e jour. Vous insistez pour que les Libanais tombent amoureux de vous... Vous avez touché un point sensible : l'armée libanaise. Que Dieu vous bénisse. Et s'il vous plaît, ne faites pas tomber cet objet », a commenté un utilisateur du réseau X. 

À Beyrouth, Morgan Ortagus inaugure l’ère américaine

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« Merci pour votre clarté et votre franchise dans votre façon d’aborder la défaite des mandataires iraniens. Vous avez parlé au nom de la majorité libanaise. Il est temps de rétablir la paix dans la région. Le Liban et Israël en ont besoin depuis 2 500 ans », a écrit un autre.

D'autres réactions ont dénoncé les prises de position de l'émissaire américaine. « Votre soutien à l'entité sioniste ne prévaudra pas au Liban. Nous restons fermes quant à l'importance de notre souveraineté. Israël est notre ennemi, et cela ne changera pas. Nous avons été clairs sur ce point », a écrit le journaliste Mohammad Ghamlouch, de la télévision qatarie Al Araby. « Criminelle de guerre hideuse », a commenté une autre internaute. « Ce soldat ne fait pas honneur à l'armée libanaise et nous ne lui faisons pas confiance pour nous protéger de l'ennemi israélien terroriste », a-t-elle ajouté, en référence au militaire que l'on voit aux côtés de Mme Ortagus. 

Toujours sur X, le journaliste Hassan Allaïk — passé par le quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar — s'est emporté contre « les responsables » de ce qu'il a appelé une « mascarade », appelant à ce qu'ils fassent l'objet d'une enquête « quel que soit leur grade, jusqu'au commandant en exercice de l'armée ».

« Le président de la République, en tant que chef des armées, et le Premier ministre, en tant que champion des réformes, sont tenus de mettre fin à ces comportements qui insultent notre souveraineté et notre dignité nationale. Le travail de notre armée et les efforts de ses soldats et officiers ne sont pas des jouets que l'on fait parader par une main idiote qui veut marquer des points contre nous, en faveur d'Israël », a-t-il lancé. « Pour construire un État, il faut d'abord assurer le maximum de souveraineté contre un étranger agressif, et il faut aussi maintenir le maximum d'image de souveraineté », a encore ajouté le journaliste.

À l'issue de sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun vendredi dernier, l'émissaire américaine Morgan Ortagus avait affirmé que le Hezbollah ne devait pas faire partie du gouvernement, tout en soulignant la fin que « le règne de la terreur » du parti chiite « au Liban et dans le monde est révolu ».