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Politique - Politique au Liban

Après deux ans d'affaires courantes et trois semaines de tractations, le cabinet Salam voit le jour

Les négociations ont permis de débloquer dans les dernières heures l'impasse causée par le cinquième portefeuille chiite, mais ne relevant pas du tandem Amal-Hezbollah.

Le Premier ministre libanais désigné Nawaf Salam, au palais de Baabda, le 8 février 2025. Photo AFP

Après trois semaines de tractations et plus de deux ans d'un cabinet uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes en pleine crise et sous les bombes, le Liban a enfin un nouveau gouvernement. 

Le cabinet de Nawaf Salam, composé de 23 ministres en plus de ce dernier, a été annoncé samedi après-midi, à l'issue d'une réunion entre M. Salam, le président libanais Joseph Aoun, et le président de la Chambre Nabih Berry, qui a clôturé des tractations relativement difficiles. Après la signature par le chef de l’État des décrets d'usage, notamment celui marquant la démission du gouvernement précédent de Nagib Mikati, le secrétaire général du Conseil des ministres Mahmoud Makkiyé a lu les noms des membres de l'équipe ministérielle, parmi lesquels figurent cinq femmes.


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Au cœur des tractations des dernières semaines, le portefeuille accordé à un cinquième ministre chiite relevant de la quote-part du président du Conseil et non du tandem Amal-Hezbollah a finalement été attribué à Fadi Makki, un expert en économie. Le cabinet comprend notamment des figures comme l'ancien représentant de l'ONU en Libye Ghassan Salamé, et l'homme politique et intellectuel Tarek Mitri. Comme cela était attendu, le portefeuille des Finances reste dans les mains de la communauté chiite et d'un proche du président de la Chambre : Yassine Jaber. 

Nawaf Salam avait déclaré que son gouvernement exclurait les membres des partis politiques et tout ministre ayant l'intention de se présenter aux élections législatives prévues pour l'année prochaine. Ses ministres ne sont donc pas membres de partis, mais il les a nommés après avoir consulté les dirigeants politiques dans un pays où le pouvoir est depuis longtemps partagé selon des quotas confessionnels.


« Rétablir la confiance » 

Prenant la parole après la lecture des décrets par M. Makkiyé, Nawaf Salam a exprimé l'espoir que son nouveau gouvernement sera « un gouvernement de réforme et de salut », dans une déclaration télévisée depuis le palais de Baabda. Il a ajouté qu'il s'efforcerait de « rétablir la confiance entre les citoyens et l’État, entre le Liban et ses voisins arabes, et entre le Liban et la communauté internationale », après la guerre et des années d'effondrement économique largement imputé à la corruption généralisée et à la mauvaise gestion.

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Son gouvernement, qui est convié à un premier Conseil des ministres au palais présidentiel, mardi 11 février à 11h, est confronté à la tâche ardue de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour débloquer des milliards de dollars auprès des donateurs internationaux, de superviser un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et de reconstruire le pays.

Après plus de deux ans de gouvernance intérimaire, l'affaiblissement du Hezbollah au cours de sa guerre avec Israël a permis à l'ancien chef de l'armée, le général Joseph Aoun, considéré comme le candidat préféré de Washington, d'être élu président et de désigner Nawaf Salam comme Premier ministre.

Le président Aoun a exprimé, dans un communiqué publié sur X, sa « satisfaction quant à la formation du nouveau gouvernement », félicitant son président et ses ministres et leur souhaitant de réussir dans leurs tâches. Le président de la République a assuré que « les membres du gouvernement sont non partisans et seront certainement au service de tous les Libanais car leur objectif est de servir l'intérêt du Liban ». La formation du « gouvernement de réforme et de salut » a été basée sur « des critères de compétence, d'expérience, de spécialisation, de CV et de réputation », selon le communiqué de la présidence.

« Prêts à aider » 

L'ONU a salué samedi la formation du nouveau gouvernement, qu’elle considère comme « l’annonce d’un nouveau chapitre plus radieux » pour le pays, selon un communiqué de la représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.

De son côté, l’ambassadrice de l'Union européenne au Liban, Kaja Kallas, a félicité le Liban. « Nous sommes prêts à aider le nouveau gouvernement à mettre en place un programme axé sur les réformes et tourné vers l'avenir, tout en relançant le partenariat UE-Liban, notamment en organisant un conseil d’association cette année », a-t-elle déclaré.

« Nous nous félicitons de l'engagement du Premier ministre Nawaf Salam à adopter un programme réformiste », a écrit sur X l'ambassadrice de l'UE au Liban, Sandra De Waele. Elle a rappelé que « les réformes sont essentielles pour l’avenir du Liban » et ajouté : « Nous comptons sur tous les acteurs politiques pour qu’ils ne se contentent pas d’adopter des réformes, mais qu’ils les mettent également en œuvre. »

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La formation du gouvernement saluée au Liban et à l'étranger ; Joseph Aoun assure que les ministres sont « non-partisans » | Retrouvez notre direct

La communauté internationale a longtemps exhorté le Liban à mettre en place des réformes pour débloquer des fonds substantiels destinés à stimuler une économie minée depuis 2019 par une crise financière. Le nouveau gouvernement devra revoir les accords, notamment avec le Fonds monétaire international, et préparer les élections législatives.

L'ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, a salué dans un message sur X la formation « de la réforme et du sauvetage ». « Une première étape dans le chantier de réformes qui s’annonce, en vue de l’instauration d’un état de droit au service de tous ses citoyens », a-t-il écrit, précisant que la France « sera au rendez-vous pour soutenir » Nawaf Salam et son cabinet. De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réagi sur son compte X : « Félicitations au président Joseph Aoun et au Premier ministre Nawaf Salam. Plein succès dans sa mission à Joe Raggi, nommé ministre des Affaires étrangères. »

Déclaration ministérielle

Sur son compte X, l'ambassade américaine à Beyrouth a salué la formation du nouveau gouvernement. « Le peuple libanais mérite un gouvernement qui reconstruira les institutions de l'État, luttera contre la corruption et mettra en œuvre les réformes nécessaires », a écrit l'ambassade. Elle a également exhorté « à la rédaction d'une déclaration ministérielle qui aidera le Liban à tourner la page et à tracer une voie vers la réalisation de ces objectifs ». Avant que le nouveau gouvernement ne puisse exercer ses fonctions, il doit rédiger sa déclaration ministérielle, qui sera soumise au vote de confiance des députés dans les 30 jours. Le Parlement libanais, qui compte 128 sièges, est principalement dominé par des partis traditionnels fondés sur la représentation confessionnelle.

Sur le plan local, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, désormais relégué dans l'opposition, a affirmé sa détermination à faire face à la « quadruple alliance ». Le président du parti Kataëb Samy Gemayel a lui contacté M. Salam et a salué « sa patience et sa détermination à former un gouvernement en moins d’un mois ». Il a espéré que « le nouveau cabinet pourra jouer un rôle à la mesure du discours d’investiture du président de la République, notamment dans la restitution des institutions de l’Etat et le monopole des armes aux mains de l’Etat ».  

De son côté, l'ex-Premier ministre Nagib Mikati a appelé son successeur, Nawaf Salam, pour le féliciter de la formation du nouveau gouvernement et lui souhaiter plein succès dans le travail du cabinet, selon les informations de notre chroniqueuse politique Hoda Chédid.

« Félicitations au Liban et au président Nawaf Salam (...). Les Libanais méritent l'opportunité de concrétiser les grandes attentes placées dans le mandat et le gouvernement », a réagi sur X l'ancien Premier ministre Saad Hariri. « Félicitations pour le premier gouvernement sans tiers de blocage. Félicitations pour le premier gouvernement sans obstruction confessionnelle », a écrit sur X le député de la contestation, Mark Daou. Il a toutefois souligné qu'il « reste encore des points à travailler, notamment le ministère des Finances, certains partages confessionnels et la réduction de la représentation druze ». « C’est une véritable opportunité pour le Liban », a-t-il ajouté. « Malgré les remarques, il est essentiel de poursuivre le projet de changement. »

Après trois semaines de tractations et plus de deux ans d'un cabinet uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes en pleine crise et sous les bombes, le Liban a enfin un nouveau gouvernement. Le cabinet de Nawaf Salam, composé de 23 ministres en plus de ce dernier, a été annoncé samedi après-midi, à l'issue d'une réunion entre M. Salam, le président...
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