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Ortagus veut l'exclusion du Hezbollah du gouvernement libanais, le parti chiite en colère

Le chef du bloc du Hezbollah, Mohammad Raad dénonce « une ingérence inacceptable dans les affaires libanaises ». 

Morgan Ortagus lors d'une conférence de presse à Baabda, au Liban, le 7 février 2025. Photo REUTERS/Emilie Madi

À l'issue de sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Baabda, l'émissaire américaine Morgan Ortagus a affirmé vendredi que le Hezbollah ne devait pas faire partie du gouvernement que le Premier ministre désigné Nawaf Salam cherche à former depuis mi-janvier, tout en soulignant la fin que « le règne de la terreur » du Hezbollah « au Liban et dans le monde est révolu ». En réponse, la présidence libanaise a précisé que ses propos reflétaient uniquement son « point de vue ». De son côté, Mohammad Raad, chef du bloc du Hezbollah, a dénoncé une « ingérence inacceptable »  dans les affaires libanaises.

« Israël a vaincu le Hezbollah et nous lui en sommes reconnaissants, et nous insistons sur le fait que le Hezbollah ne doit en aucun cas participer au nouveau gouvernement libanais », a lancé Mme Ortagus. Elle a aussi souligné que « l'Amérique est engagée dans son partenariat » avec le Liban et porte de « grands espoirs » dans l'avenir, en raison de l'arrivée au pouvoir « d'hommes crédibles et engagés, qui feront en sorte que la corruption prenne fin, tout comme l'influence du Hezbollah ». En outre, Mme Ortagus a confirmé que les États-Unis étaient déterminés à ce que la date du 18 février soit celle de la fin de la mise en application des modalités du cessez-le-feu au Liban, et notamment du retrait israélien, et soit respectée.

Une « ingérence inacceptable » 

En réponse, la présidence de la République a diffusé un communiqué précisant que « certains propos prononcés par l’émissaire américaine, Mme Morgan Ortagus, du palais de Baabda, reflètent son point de vue et ne concernent en rien la présidence de la République ». « Le communiqué de la présidence de la République, qui s’est distancé par-rapport à ces propos, nous suffit », a réagi le chef du bloc du Hezbollah, Mohammad Raad tout en dénonçant « une ingérence inacceptable dans les affaires libanaises ». 

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« Cette déclaration est pétrie de haine et d’irresponsabilité, elle a ciblé une composante libanaise qui fait partie intégrante de l’entente nationale et de la vie politique libanaise », a lancé M. Raad. Ces propos américains « sont une ingérence inacceptable dans les affaires libanaises et un pied-de-nez à toutes les convenances diplomatiques et aux règles de la diplomatie internationale », a-t-il ajouté. M. Raad a par ailleurs estimé ne pas vouloir « commenter outre mesure ces propos qui visent une composante libanaise ayant tenu tête à l’agression israélienne en en sortant vainqueur ». « Le vainqueur est celui qui a montré le vrai visage de cet ennemi (israélien) et son génocide contre les civils, les domiciles et les hôpitaux », a assené le député.

Il a accusé Mme Ortagus, et derrière elle les Etats-Unis, de s’en prendre au Hezbollah alors qu’ils soutiennent le terrorisme que représente Israël, nuisant par là même à la « prétendue démocratie américaine ». Et de conclure : « Nous comptons sur la résistance de notre peuple qui repose sur l’équation armée-peuple-résistance, l’équation réaliste dont le Liban peut être fier car elle préserve sa souveraineté. »

Plus tard dans la journée, des partisans du Hezbollah se sont rassemblés devant l'aéroport de Beyrouth pour protester contre les propos de l'émissaire américaine. 

L'armée libanaise « prête à se déployer »

Lors de sa réunion avec Mme Ortagus, le président Aoun lui a fait part de ses remerciements pour le soutien de Washington au Liban. Il a affirmé que les consultations pour la formation du nouveau gouvernement « touchent à leur fin » et que ce cabinet devrait être capable de « répondre aux aspirations et aux espoirs des Libanais, conformément à son discours d’investiture ».

Le chef de l'État a souligné que la coopération avec les forces internationales se poursuivait de manière constructive pour mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, ajoutant que l'armée libanaise est « prête à se déployer dans les villages et localités d’où les forces israéliennes se retireraient », et insisté sur un retrait total israélien dans le délai fixé au 18 février.

Le président Aoun a encore insisté sur « la nécessité de mettre fin aux agressions israéliennes, notamment les assassinats de civils et de militaires, la destruction de maisons, ainsi que les destructions de terres agricoles » dans le sud du Liban. Il a encore rappelé que la libération des prisonniers libanais détenus en Israël fait « partie intégrante » de l'accord de cessez-le-feu. 

Au cours de son entretien avec le chef de l’État, en compagnie d'une délégation comprenant notamment l'ambassadrice américaine Lisa Johnson, Mme Ortagus a transmis à M. Aoun les félicitations de Donald Trump pour son élection. Elle a également transmis le « soutien » de Washington à Beyrouth. 

Les États-Unis et la France ont négocié l'accord de cessez-le-feu au Liban, qui a mis un terme à la guerre entre le Hezbollah et l'armée israélienne, lancée le 8 octobre 2023 et qui a duré jusqu'au 27 novembre 2024. Les combats ont fait plus de 4 000 morts et détruit des villages et quartiers entiers de certaines régions du Liban, notamment dans le Sud, la Békaa et la banlieue-sud de Beyrouth. Alors que la période d'application des modalités de cet accord a été étendue jusqu'au 18 février, après une prorogation en raison de refus israélien de se retirer du Liban-Sud, Washington est de plus chargé de négocier une libération de prisonniers du Hezbollah capturés par Israël pendant son offensive terrestre. 

Alors qu'Israël a mené des frappes dans la nuit de jeudi à vendredi sur la région de Nabatiyé et la région frontalière avec la Syrie dans la Békaa, Joseph Aoun s'est par ailleurs entretenu avec plusieurs responsables sécuritaires. Il a ainsi tenu une réunion avec le directeur général par intérim de la Sûreté générale, chargée notamment de la gestion des postes frontaliers, le général Élias Baïssari, et avec le chef des services de renseignement de l'armée, le général Tony Kahwagi, ainsi qu'avec le commandant en chef par intérim, le général de division Hassane Audi. Ils ont notamment évoqué la question du déploiement de l'armée libanaise au sud du Litani, une des conditions de l'accord de cessez-le-feu.

À l'issue de sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Baabda, l'émissaire américaine Morgan Ortagus a affirmé vendredi que le Hezbollah ne devait pas faire partie du gouvernement que le Premier ministre désigné Nawaf Salam cherche à former depuis mi-janvier, tout en soulignant la fin que « le règne de la terreur » du Hezbollah « au Liban et dans le monde est révolu »....