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Lifestyle - Tendance

Comme une nostalgie du futur

Comme une nostalgie du futur

L'automne-hiver 2025, Alexander McQueen. Photo Alexander McQueen

« He is so planet Earth », médisait Trump de son prédécesseur Barak Obama. « Médisait », parce que dans l’optique de ce président des États-Unis, le moment est venu pour l’humanité d’abandonner la vieille Terre pour de nouvelles conquêtes, et quiconque s’attache encore à colmater les énormes brèches qui menacent de la rendre invivable accuse un manque de vision, sinon d’ambition. On observe cet hiver un tropisme vers ce qui, immergé dans le présent jusqu’au cou, veut ressembler à l’idée qu’on se fait du futur, qui se définit essentiellement par la conquête spatiale.


Louis Vuitton, automne-hiver 2025. Photo Louis Vuitton

Des matières glacées, glaciales dehors, chaudes dedans, imperméables au vent et au temps, recouvrent les vêtements d’extérieur comme on peut le voir notamment chez Louis Vuitton, dont la palette se complait dans un gris acier de toutes nuances. L’acier, matériau rétrofuturiste par excellence, dans lequel toute une génération a imaginé les engins conquérants, de la fusée à la soucoupe volante, est désormais remplacé par des matériaux plus légers et plus résistants, mais son mythe persiste, et avec lui l’image d’un futur blanc-gris inexorablement froid.

Sequins et broderies de cristaux viennent à leur tour vous coller sur la peau des débris de planètes. C’est si réjouissant, toutes ces lumières qu’on attire à soi, que nul n’aurait l’idée de secouer cette poussière stellaire, pas même d’une pichenette.

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Chez Alexander McQueen, sous la direction artistique du discret et si talentueux Seán McGirr, le tailleur pantalon, gris acier, décidément, s’orne de rocaille noire. L’Irlandais a-t-il voulu ainsi nous préparer à un « amrasissage » dans un certain futur, proche ou lointain ? Sous la veste émerge un haut imitant en noir une fourrure inconnue, toison de bison ou d’auroch. Ainsi le barbare rattrape le mutant et tout le monde est content !

On verra aussi chez les iconiques Coperni, toujours les premiers à tenter des expériences invraisemblables. Le tandem provençal que forment Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant n’a pas choisi au hasard le nom de sa marque. Clin d’œil à Copernic, Coperni n’aura de cesse, depuis la fondation du label en 2013, de créer l’air du temps quand ce dernier s’essouffle. On les verra ainsi en septembre 2023 créer une robe blanche sur le corps nu du mannequin Bella Hadid en y vaporisant un liquide constitué de fibres de coton et de matériaux synthétiques intégrés à une solution polymère. Cette saison, on pourrait interpréter leur collection dans laquelle abondent les ceintures double tour et les chemises bicolores, dans une palette d’humus, du vert terrien à la cannelle, la rouille, le noir, opposés à un blanc sidéral, comme une proposition duelle entre deux astres morts – l’un plus vivant que l’autre malgré son déclin. Les pièces de cet hiver, épaules carrées et dressées en pointe, camaïeux de cannelle et de vert militaire, semblent dessinées pour un QG d’espions ultrachics, sentinelles de deux mondes.

« He is so planet Earth », médisait Trump de son prédécesseur Barak Obama. « Médisait », parce que dans l’optique de ce président des États-Unis, le moment est venu pour l’humanité d’abandonner la vieille Terre pour de nouvelles conquêtes, et quiconque s’attache encore à colmater les énormes brèches qui menacent de la rendre invivable accuse un manque de vision, sinon...
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