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Depuis Baabda, Ben Farhane se dit « confiant » dans la capacité des dirigeants libanais à mener des réformes

Il s'agit de la première visite d'un chef de la diplomatie saoudienne depuis 15 ans.

Depuis Baabda, Ben Farhane se dit « confiant » dans la capacité des dirigeants libanais à mener des réformes

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, reçu par le président libanais Joseph Aoun à Baabda, le 23 janvier 2025. Photo Ani.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, arrivé jeudi à Beyrouth, a assuré, depuis le palais présidentiel de Baabda, que l'Arabie saoudite « se tient aux côtés du Liban » et s'est dit « confiant » dans la capacité des nouveaux dirigeants à mener des réformes. Il s'agit de la première visite d'un ministre saoudien des Affaires étrangères au Liban depuis 15 ans.

« Nous avons une grande confiance en la capacité du (..) président (Joseph Aoun) et du Premier ministre désigné (Nawaf Salam) à mettre en place les réformes nécessaires pour renforcer la sécurité, la stabilité et l'unité du Liban », a déclaré Fayçal ben Farhane aux journalistes depuis le palais présidentiel. Ces réformes sont le préalable au déblocage des aides pour reconstruire le pays, plongé dans une profonde crise économique et qui sort d'une guerre dévastatrice entre le Hezbollah et Israël.

Le ministre a également souligné l'importance de respecter l'application de l'accord de cessez-le-feu, notamment le retrait complet d'Israël des terres libanaises et la mise en œuvre de la résolution 1701. La trêve, entrée en vigueur le 27 novembre 2024, a été assortie d'une période de deux mois durant laquelle Israël doit se retirer des territoires qu'il occupe au Liban-Sud, tandis que l'armée libanaise doit s'y déployer et que le Hezbollah doit se retirer au nord du fleuve Litani.

Optimisme et espoir

« Malgré les défis dans la région, nous regardons l'avenir du Liban avec optimisme, car la mise en œuvre de ces réformes renforcerait la confiance des partenaires du Liban et ouvrirait la voie au rétablissement de sa place naturelle dans son environnement arabe », a ajouté Fayçal ben Farhane.

De son côté, le président libanais a affirmé que la visite du chef de la diplomatie saoudienne constituait un « message d'espoir ». « Nous remercions le Royaume pour ses efforts en soutien au Liban, notamment en mettant fin au vide présidentiel. Nous espérons que les relations bilatérales se renforceront et se diversifieront dans tous les domaines, et que les frères saoudiens reviendront au Liban », a déclaré M. Aoun.

« Le discours d’investiture a été rédigé pour être mis en œuvre ; il reflète la volonté du peuple libanais », a-t-il ajouté. Les priorités de la prochaine phase sont la reconstruction, la gestion de la situation économique, ainsi que le soutien à l’armée et aux institutions sécuritaires. »

En prêtant serment le 9 janvier, Joseph Aoun avait promis d'ouvrir « une nouvelle ère », où l'Etat aurait « le monopole des armes », dans un pays où le Hezbollah est le seul groupe à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile (1975-1990). Il avait en outre promis d'adopter une « politique de neutralité positive » et de nouer « les meilleures relations avec les pays arabes frères ».

« Pilier qui a préservé l'unité des Libanais »

Le chef de la diplomatie saoudienne est arrivé jeudi après-midi à l'Aéroport international de Beyrouth où il a été accueilli par le ministre libanais sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, et l'ambassadeur saoudien Walid Boukhari. Il s'est directement rendu à Baabda pour rencontrer le nouveau président libanais, Joseph Aoun, dont la candidature est largement considérée comme ayant été soutenue par Riyad.

Le ministre saoudien a ensuite rencontré le président de la Chambre, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné. Selon l'Agence nationale d'information (Ani), le conseiller de Fayçal ben Farhane, le prince Yazid ben Mohammad ben Fahd al-Farhane, l'ambassadeur saoudien Walid Boukhari, et Ali Hassan Khalil, bras droit de M. Berry, étaient présents. « Les discussions ont porté sur la situation au Liban et dans la région, les développements politiques récents, ainsi que sur les relations entre le Liban et l'Arabie saoudite », a ajouté l'Ani.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane avec le président du Parlement libanais Nabih Berry. Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Le ministre saoudien s'est ensuite rendu au Grand Sérail, où il a été reçu par le Premier ministre sortant Nagib Mikati. « Avec le début du mandat de Joseph Aoun et la désignation de Nawaf Salam pour former le nouveau gouvernement, nous regardons avec espoir la reprise du soutien de l'Arabie saoudite au Liban », a déclaré M. Mikati. Il a décrit la relation entre les deux pays comme « fraternelle et solide », affirmant que Riyad est un « pilier qui a préservé l'unité des Libanais ».

Le ministre saoudien a ensuite rencontré le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, à sa résidence à Koreitem. Il a exprimé le souhait que les Libanais « privilégient l'intérêt national au-dessus des intérêts partisans et poursuivent les réformes nécessaires ». M. Salam a souligné qu'« il existe une opportunité exceptionnelle pour le Liban, qu'il ne faut pas laisser passer » et a assuré qu'il collabore pleinement avec le président de la République pour cette cause. Il a également affirmé son engagement à « entreprendre les réformes politiques, judiciaires, administratives et financières nécessaires », tout en s'engageant à « ramener le Liban dans son environnement arabe naturel, afin de retrouver son rôle aux côtés de ses frères arabes ».

Selon des informations rapportées par la LBCI, Fayçal ben Farhane doit se rendre en Syrie demain. 


Photo Ani.


Actions concrètes

Avant sa visite, alors qu'il se trouvait à la réunion annuelle du Forum économique mondial en Suisse, le ministre saoudien avait affirmé que son pays souhaitait voir « des actions concrètes et des réformes » pour renforcer son engagement au Liban. « Les discussions en cours au Liban permettent d'être optimistes », a déclaré le ministre saoudien. « Il faut des actions concrètes et des réformes pour renforcer notre engagement. » Il a également estimé que « l'élection d'un président libanais après une longue vacance du pouvoir est extrêmement positive ».

Riyad était un investisseur majeur au Liban, mais les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence croissante du Hezbollah. Ce dernier a été affaibli après une guerre avec Israël et la chute de son allié, le président syrien Bachar el-Assad.

Les relations entre le Liban et l'Arabie s'étaient notamment tendues depuis 2016, lorsque l'Arabie saoudite avait interrompu son aide de trois milliards de dollars à l'armée libanaise, disant protester contre des prises de position inspirées selon elle par le Hezbollah.

En novembre 2017, le Premier ministre de l'époque, Saad Hariri, avait annoncé à la surprise générale sa démission depuis Riyad, accusant le Hezbollah et l'Iran de « mainmise » sur son pays. Riyad avait démenti avoir forcé M. Hariri à quitter ses fonctions et l'avoir retenu contre son gré.

En 2021, les États du Golfe, dont l'Arabie saoudite avaient rappelé leurs ambassadeurs à Beyrouth après les propos d'un ministre libanais critiquant l'intervention militaire de l'Arabie saoudite au Yémen. Riyad avait également suspendu les importations de fruits et légumes en provenance du Liban en avril de la même année, affirmant que les cargaisons étaient utilisées pour le trafic de drogue et accusant Beyrouth d'inaction. Un an plus tard, Riyad annonçait rétablir son ambassadeur à Beyrouth.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, arrivé jeudi à Beyrouth, a assuré, depuis le palais présidentiel de Baabda, que l'Arabie saoudite « se tient aux côtés du Liban » et s'est dit « confiant » dans la capacité des nouveaux dirigeants à mener des réformes. Il s'agit de la première visite d'un ministre saoudien des Affaires étrangères au Liban depuis...