
Layal al-Ikhtiyar, une journaliste libanaise travaillant pour la chaîne saoudienne al-Arabiya. Photo @layalalekhtiar
Le juge d’instruction militaire, Fadi Sawan, a décidé mercredi de poursuivre son enquête sur la journaliste libanaise Layal al-Ikhtiyar, après l’avoir interrogée dans le cadre des accusations portées contre elle par le parquet militaire. Elle est accusée d’avoir enfreint la loi libanaise sur le boycott d’Israël.
Cette procédure fait suite à son interview, réalisée en octobre 2023, du porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee. L’entretien, diffusé sur la chaîne saoudienne al-Arabiya depuis son studio de Dubaï, avait suscité une vive controverse. En vertu de la législation libanaise, tout contact entre un citoyen libanais et des ressortissants israéliens est strictement interdit.
De retour au Liban en provenance des Émirats arabes unis, Layal al-Ikhtiyar s’est directement rendue de l’Aéroport international de Beyrouth au tribunal militaire. Le juge Sawan, qui l’avait convoquée via ses représentants, a décidé, à l’issue de l’interrogatoire, de remplacer sa détention par une libération sous caution. La journaliste a dû s’acquitter d’une somme de 50 millions de livres libanaises, soit environ 561 dollars américains au taux actuel de 89 000 LL.
En 2023, peu après son interview, Layal al-Ikhtiyar avait annoncé que le procureur militaire libanais avait émis un mandat de recherche à son encontre.
Avichay Adraee est une figure bien connue au Liban car c’est à travers son compte X que l’armée israélienne annonçait les ordres d’évacuation avant de bombarder des zones résidentielles durant la guerre entre le Hezbollah et Israël. Layal al-Ikhtiyar n’a pas répondu aux sollicitations de L’Orient-Le Jour pour un commentaire.
La journaliste, ancienne collaboratrice des chaînes LBCI et OTV, a précédemment qualifié les poursuites engagées contre elle de « persécution politique déguisée en oppression judiciaire ». Elle a affirmé que cette action avait été initiée à la demande de personnalités « proches du Hezbollah ».
Selon l’article 1 de la loi libanaise sur le boycott d’Israël, il est « interdit à toute personne physique ou morale de conclure, personnellement ou par l’intermédiaire d’un tiers, un accord avec des organisations ou des personnes résidant en Israël ou détenant la citoyenneté israélienne, ou de travailler en leur nom ou dans leur intérêt, lorsque l’objet de cet accord implique des opérations commerciales ou financières, ou toute autre transaction, de quelque nature que ce soit ».
Pays Bananier et justice de despotisme
06 h 18, le 26 janvier 2025