Nawaf Salam avait tout pour plaire au Hezbollah. Président de la Cour internationale de justice qui a émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, juriste et homme de loi connu et reconnu, ne faisant pas partie de la classe politique traditionnelle et n’ayant donc pas une assise populaire propre, tout en possédant la stature et les relations internationales qui correspondent à la nouvelle ère qui commence au Liban et dans la région.
Mais l’accord préliminaire conclu avec le président de la République Joseph Aoun quelques heures avant son élection et avec certaines parties du Quintette avait prévu, pour des raisons pratiques, que Nagib Mikati devait être le premier président du Conseil du premier gouvernement de ce mandat pour favoriser « une transition en douceur et poursuivre certains chantiers politiques et économiques déjà entamés ». En fait, c’était aussi une façon pour le Hezbollah de remercier Mikati d’avoir géré les affaires courantes pendant une période aussi délicate que celle traversée par le Liban depuis le 8 octobre 2023, en évitant toute confrontation et surtout en écartant tout ce qui aurait pu provoquer des dissensions confessionnelles.
Pour cette raison, le tandem chiite avait opté pour Mikati et c’est en toute sérénité que le bloc parlementaire de « la Fidélité à la résistance » a enregistré samedi son rendez-vous pour les consultations parlementaires contraignantes au palais de Baabda fixé à l’après-midi de lundi. Toutefois, lundi matin, il a rapidement compris que les événements ne se déroulaient pas comme prévu. Plusieurs députés, notamment sunnites, considérés comme évoluant dans son orbite, avaient désigné le juge et ancien ambassadeur Nawaf Salam pour la présidence du Conseil. Même le bloc de la Rencontre démocratique (présidé par Taymour Joumblatt) a voté dans ce sens, alors qu’en principe il avait accepté l’idée de désigner Mikati.
Les contacts se sont aussitôt multipliés et il est apparu, selon des sources proches du Hezbollah, qu’un développement imprévu avait eu lieu dimanche dans la nuit qui a complètement modifié les cartes. Selon des sources politiques, les Saoudiens, qui sont en train de s’impliquer de nouveau au Liban après des années d’éloignement, auraient très mal pris la visite de Nagib Mikati en Syrie et sa rencontre avec le nouvel homme fort de ce pays Ahmad el-Chareh. C’est là qu’ils auraient décidé d’intervenir auprès de certains députés pour les pousser à ne pas le désigner. Ce serait aussi une des raisons du soudain retrait de Fouad Makzoumi de la course à la présidence du Conseil le lundi matin. De leur côté, les sources proches de Mikati affirment que ce dernier n’a pas pris seul l’initiative de se rendre en Syrie et qu’il avait même consulté des autorités du Golfe avant de solliciter un rendez-vous avec Chareh.
D’autres sources, proches de milieux diplomatiques dans la mouvance du Quintette, affirment de leur côté que la visite de Mikati en Syrie n’a rien à voir avec la volte-face de certains blocs parlementaires. Selon ces sources, la véritable raison, c’est que le nouveau mandat du président Joseph Aoun ne peut pas prôner le changement et faire ses débuts avec Mikati comme président du Conseil. Ce dernier reste dans l’esprit de nombreux Libanais l’un des visages de ce qu’on appelle « le système », ou en tout cas une figure traditionnelle, alors que le nouveau président ne l’est pas et veut montrer aux Libanais qu’avec son arrivée à Baabda, le Liban entre dans une nouvelle phase, avec de nouvelles figures et un nouveau système de gouvernement, loin du traditionnel partage des parts avec son cortège de compromis.
Toujours est-il que, lorsque le rendez-vous des deux blocs chiites pour les consultations parlementaires obligatoires est arrivé dans l’après-midi de lundi, les dés étaient pratiquement jetés et Nawaf Salam avait déjà obtenu un très grand nombre de voix. Ce qui faisait de lui le nouveau président du Conseil désigné, avec ou sans l’accord des deux grands blocs chiites. Les chiites ont estimé qu’il s’agissait, d’une certaine façon, de répondre implicitement à ce qui s’était passé jeudi au Parlement, entre le premier et le second tour de l’élection de Joseph Aoun, lorsque le tandem avait voulu montrer que, sans lui, le président ne pouvait pas arriver à Baabda. En tout cas, c’est une première depuis l’adoption de l’accord de Taëf en 1989 qu’un président du Conseil est désigné sans les voix chiites. Le tandem n’a d’ailleurs pas manqué d’exprimer son mécontentement, d’abord par la voix du président de la Chambre Nabih Berry, lors de la réunion tripartite traditionnelle à Baabda après la désignation d’un nouveau président du Conseil. Et ensuite à travers la décision des deux blocs chiites de ne pas participer aux consultations parlementaires non contraignantes menées par Nawaf Salam mercredi et jeudi avec les députés pour écouter ce qu’ils attendent du nouveau gouvernement et comment ils le conçoivent.
Là aussi, il s’agit d’une première dans la vie politique libanaise, mais elle reste sans grande conséquence puisqu’il s’agit de consultations facultatives. Selon des sources proches du tandem chiite, il s’agissait essentiellement pour Amal et le Hezbollah d’exprimer leur mécontentement, non pas tant pour le choix de Nawaf Salam, mais pour le fait que l’accord conclu avant l’élection présidentielle n’a pas été respecté et parce que les deux grands blocs chiites ont eu le sentiment d’avoir été marginalisés.
Mardi, le président de la République a reçu une délégation du Conseil supérieur chiite et a tenu un langage très rassurant sur la place des chiites dans le système. De même, Nawaf Salam a multiplié les déclarations pour dire qu’il avait les mains tendues à toutes les parties et qu’il n’avait nullement l’intention d’isoler qui que ce soit. Toutes ces déclarations suffiront-elles à rassurer le tandem chiite ? Ce sujet sera probablement abordé lors de la rencontre prévue vendredi entre Nabih Berry et Nawaf Salam, mais les sources proches du Hezbollah laissent entendre que celui-ci a l’intention de donner toutes ses chances au nouveau Premier ministre et au président Joseph Aoun, dont il a hautement apprécié le comportement tout au long de la guerre israélienne et après l’adoption de l’accord de
cessez-le-feu. Le Hezbollah et Amal ne compteraient donc pas boycotter le gouvernement Salam, ils sont même prêts à y participer de la façon que le nouveau Premier ministre jugera convenable, d’autant que ce cabinet devra combler les nombreuses vacances au sein de l’administration. Selon les mêmes sources, le tandem chiite ne veut pas refaire l’erreur des parties chrétiennes à partir de 1992, lorsqu’elles avaient décidé de ne pas participer aux élections législatives ni au gouvernement pendant la période de ce qu’on avait alors appelé « le désenchantement chrétien ».
Cheap incompetent journalism, confusing the ICC with the ICJ, subtly justifying the criminal organization's behavior that is responsible for the destruction of our country and the dismantling of our system of governance with travesties, in addition to becoming professional beggars for reconstruction funds from the countries they have insulted and killing our free leaders.....Time to wake up and smell the roses! Stay out of the government and let competent persons lead the country without your archaic culture of death!
20 h 43, le 16 janvier 2025