Un pompier, un agent des forces de l’ordre, un fossoyeur, une famille entière... Malgré l’entrée en vigueur, le 27 novembre, du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban – mettant un terme à plus d’un an d’hostilités transfrontalières et à deux mois de guerre ouverte entre la formation chiite et l’armée israélienne – les bombardements israéliens continuent de faire des victimes, au moment où l’armée israélienne procède parfois à la destruction d’habitations à la pelleteuse, voire même aux explosifs.
Ces frappes, principalement contre le Liban-Sud, ont fait au moins 24 morts, selon un décompte basé sur des chiffres officiels et des informations recueillies par nos correspondants. La plupart des victimes étaient des civils venus constater les dégâts dans leurs maisons après avoir été déplacés par les frappes israéliennes sur leurs villages du Sud et de la Békaa au cours des deux mois d’offensive élargie, selon notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah. Plus de 1,3 million de personnes avaient fui les bombardements israéliens, trouvant refuge dans des zones relativement plus sûres, selon des chiffres de l’ONU.
La dernière victime en date, Mahmoud Mohammad Bazzi, était père de six enfants et fossoyeur de métier. Dans sa ville de Bint Jbeil (caza de Marjeyoun), il creusait des tombes pour enterrer les défunts, raconte à L’Orient-Le Jour Mohammad Asseily, moukhtar du village. Il a été tué lundi matin dans une frappe de drone israélienne sur sa voiture près d’un poste de l’armée libanaise à Bint Jbeil. Quatre soldats libanais ont aussi été blessés dans la frappe, selon l’armée.
Le dimanche 8 décembre, un tir similaire a touché une maison dans le quartier el-Arid à Debbine (caza de Marjeyoun), tuant deux personnes, un homme et une femme. La veille, Mohammad Karim , un étudiant à l’Université Libanaise de Nabatiyé, a été fauché par un tir de drone également, alors qu’il circulait à moto à Deir Siriane (caza de Marjeyoun), affirme Ali Hassan Ibrahim, moukhtar du village. Le jour-même, un bombardement israélien a visé une maison dans la localité de Beit Lif, près de Bint Jbeil, tuant cinq civils. Peu d’informations ont filtré sur les victimes de ce « massacre » tel qu’il a été décrit sur les réseaux sociaux où l’on évoque la mort de femmes et d’enfants.
Un berger
Quatre jours plus tôt, c’est Jamal Saab, un berger quadragénaire et père de quatre filles et deux garçons, qui a été tué le 3 décembre par une frappe de drone alors qu’il se trouvait dans un champ de Chebaa dans le caza de Hasbaya, selon les informations de notre correspondant. Le même jour, Ali Nabaa, pompier de la Défense civile libanaise, a été tué dans une frappe de drone alors qu’il rentrait chez lui pour constater les dégâts dans sa maison. Son corps a été retrouvé le lendemain à Deir Siriane.
Le 2 décembre, une série d’attaques aériennes israéliennes en réponse au seul tir du Hezbollah revendiqué depuis le cessez-le-feu a visé plusieurs régions du Sud. À Haris, un bombardement a ciblé un immeuble résidentiel, tuant une famille qui venait tout juste de s’installer dans la région : les frères Jamil et Haydar Nasser, l’épouse de ce dernier, Hala, et leur fils Mehdi. Deux autres jeunes hommes, Abdallah et Hassan el-Ali, ont également été tués lors de cette attaque.
صور الشهداء الـ6 (بينهم طفل وامرأة) والذين ارتقوا نتيجة غارة شنها الاحتلال أمس على بلدة حاريص بجنوب لبنان. pic.twitter.com/xMrO6VubBo
— علي هاشم 313 (@ALI_HASHIM_313A) December 3, 2024
Toujours le 2 décembre, en journée, à Jdeydet Marjeyoun, Mahdi Khreis, agent de la Sécurité de l’État libanaise et membre de la Défense civile, a été tué dans une frappe de drone israélienne alors qu’il circulait à mobylette près de la station électrique de la ville, selon nos informations. Il était originaire de Khiam, une localité ayant connu d’importants combats entre l’armée israélienne et le Hezbollah avant le cessez-le-feu. Plus tard ce soir-là, à Tallousé, dans le caza de Marjeyoun, quatre autre personnes ont été tuées dans une autre frappe israélienne, sans plus d’informations sur leurs identités.
Le 30 novembre, une frappe de drone israélienne a ciblé Rab el-Thalathine (Marjeyoun), faisant deux morts, notamment un homme revenu inspecter sa maison, selon des habitants du village. L’armée israélienne a, elle, affirmé avoir tiré sur des combattants qui transportaient des armes.
Outre ces victimes, plusieurs personnes au Liban-Sud ont également été enlevées par l’armée israélienne. Dimanche, deux Libanais de la famille Sinane, originaires de Aïn Qania (caza de Hasbaya), ont été enlevés alors qu’ils cueillaient des olives près des fermes contestées de Chebaa. Ils ont finalement été relâchés lundi dans la journée via le village annexé de Ghajar.