Les bruits se sont confirmés sur une démission du général Mohammad Kheir de ses fonctions de secrétaire général du Haut comité de secours (HCS), en pleine crise des déplacés de la guerre entre Israël et le Hezbollah. « Une page est tournée », a affirmé le principal intéressé à L’Orient-Le Jour mercredi, refusant cependant de répondre à d’autres questions, et nous renvoyant au bureau du Premier ministre sortant Nagib Mikati, auquel le HCS est rattaché.
Interrogé à ce sujet, le conseiller de M. Mikati, Farès Gemayel, a confirmé la démission du général Kheir, et l'a qualifiée de « procédure administrative ordinaire ». Assurant à L’OLJ que le poste a déjà été rempli, il souligne que la présidence du Conseil n’a pas d’autres commentaires que celui qu’elle a déjà publié, à savoir que « la démission a été présentée volontairement », étant due principalement « au fait que le général Kheir avait déjà servi de nombreuses années à ce poste ». M. Gemayel a refusé, lui aussi, de répondre à d’autres questions.
Une interview en cause ?
La démission du général Kheir est intervenue peu après un entretien dans un talk-show à la chaîne locale MTV. Le haut fonctionnaire faisait face au journaliste Riad Tawk, qui avait récemment fait éclater un scandale concernant les aides envoyées de l’étranger aux ONG venues en aide aux personnes déplacées, soutenant que le HCS en prélevait une certaine proportion, « de 20% au moins », afin de la redistribuer.
La guerre entre Israël et le Hezbollah, qui avait connu une escalade dramatique entre septembre et le 27 novembre, date de la conclusion d’un cessez-le-feu, a provoqué un vaste déplacement de population, plus de 1,2 million de personnes selon les estimations, allant des régions du Liban-Sud, de la Békaa et de la banlieue sud de Beyrouth, vers la capitale et le nord. Ces personnes se sont retrouvées dans le dénuement le plus total, et ont beaucoup compté sur le dynamisme des ONG locales et internationales pour survivre. Une grande partie d'entre elles sont rentrées dans leurs maisons après la fin des combats.
Interrogé par L’OLJ, Riad Tawk affirme qu'une « proportion des aides envoyées de l’étranger aux ONG se retrouvait aux mains des partis politiques, via le HCS, notamment le tandem chiite à Beyrouth, et des députés au Liban-Nord ».
« Selon nos investigations, l’affaire a commencé quand les ONG ont sollicité le HCS pour les aider à faire passer les aides aux douanes sous sa houlette, étant donné que c’est la seule façon de ne pas attendre des mois avant d’obtenir les autorisations nécessaires », poursuit le journaliste.
Il ajoute : « En contrepartie de sa collaboration, le HCS demandait qu’une certaine proportion lui soit remise, sous prétexte de la redistribuer lui-même aux déplacés. Cette requête peut se comprendre en situation de guerre et d’urgence. Sauf que le général Kheir n’a jamais expliqué suivant quels mécanismes et quels critères cette distribution était effectuée. Et quand il s’est retrouvé face à moi à la télé, il était à court d’arguments et a fini par lâcher que le Premier ministre était au courant de cette procédure. Je crois que c’est ce qui a poussé ce dernier à lui demander de démissionner. »
Pour Riad Tawk, même s’il n’y a pas vraiment eu reddition de comptes, « cette démission reste un fait rare dans l’administration libanaise, et constitue une victoire pour le journalisme d’investigation que nous pratiquons ».
Suivant l’indice de perception de la corruption dans le monde, développé par l’ONG Transp arency International, le Liban occupait en 2023 la 150e place au classement mondial sur un total de 180 pays.
Il y a comme un vent de changement... Un militaire qui fouille les diplomates Iraniens, selon la loi et le protocole diplomatique, alors qu'ils pensaient se promener comme s'ils étaient chez eux. Aujourd'hui un responsable dans une institution de l'état qui démissionne, c'est le signe d'un progrès. Voyons jusqu'où ce changement ira? Atteindra-t-il les Joumblatt, Berri, Mikati et tous les autres? Je doute mais c'est toujours cela d’acquis. Apres nous verrons!
11 h 36, le 05 décembre 2024