Une semaine après le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, l’opposition a défini les grandes lignes de son action politique dans les semaines à venir. Celle-ci devrait être axée sur la consolidation du cessez-le-feu et, surtout, sur l’élection d’un président de la République lors de la prochaine séance électorale, fixée au 9 janvier. Les opposants réclament un président qui respecte la Constitution, l’accord de Taëf et celui du cessez-le-feu, mais aussi qui soit disposé à lancer le processus de réformes économiques exigées par la communauté internationale.
Les composantes de l’opposition ont choisi d’adresser un message au Hezbollah depuis Meerab, les Forces libanaises étant le groupe le plus large de ce camp et le principal adversaire local du parti chiite. Si ce camp veut profiter de « l’affaiblissement » du parti chiite à la suite de la guerre, il reste pragmatique. Car les protagonistes de l’opposition sont conscients que seule une large entente, dont ferait partie le Hezbollah, permettrait de mettre fin à la vacance à la tête de l’État.
Le chef des FL, Samir Geagea, a parrainé mardi une réunion des représentants des 31 députés regroupés au sein d’une frange de l’opposition (laquelle, au sens large, comprend aussi le bloc joumblattiste). Mais contrairement aux rendez-vous d’avril et d’octobre derniers, celui-ci s’est tenu en présence de certaines grosses pointures telles que Michel Moawad, député de Zghorta et ancien candidat à la présidentielle. Il y avait aussi plusieurs parlementaires FL, aux côtés de Nadim Gemayel et Salim Sayegh (Kataëb), ainsi que les trois députés de l’Alliance du changement (Waddah Sadek, Mark Daou et Michel Doueihy), entre autres indépendants. « Il s’agit d’une réunion qui a discuté de sujets cruciaux pour l’avenir du pays. L’opposition a donc voulu faire preuve d’unité. D’où le large éventail de personnalités présentes », commente Charles Jabbour, porte-parole des FL. Selon les informations de L’Orient-Le Jour, le cessez-le-feu scellé le 27 novembre a été longuement évoqué au vu des violations commises par Israël et de la toute première riposte du Hezbollah qui a ciblé lundi la zone contestée des collines de Kfarchouba. « Il est nécessaire de consolider le cessez-le-feu en appliquant les mécanismes approuvés par le gouvernement libanais, notamment pour ce qui est des résolutions internationales, ainsi que le déploiement de l’armée libanaise aux frontières », peut-on lire dans le communiqué publié à l’issue de la réunion.
Les participants ont également discuté de la question de la présidentielle, et plus précisément du profil du futur chef de l’État. « Nous voulons un président qui respecterait la Constitution et rejetterait le triptyque “armée, peuple, résistance” cher au Hezbollah », souligne le député Adib Abdel Massih, indiquant toutefois que, contrairement aux attentes, les noms des présidentiables n’ont pas été abordés. « Nous nous sommes entendus pour nous réunir une nouvelle fois dans une dizaine de jours, afin de permettre aux divers protagonistes de poursuivre leurs contacts en vue de la tenue de l’élection », ajoute ce député du Koura, se faisant l’écho du communiqué publié à l’issue de la rencontre. « Nous allons intensifier nos contacts avec tous les blocs parlementaires pour tenter de nous entendre autour d’un candidat qui bénéficierait d’un large soutien », ont assuré les parlementaires qui se sont dits « attachés au profil requis pour édifier un État ». Il devrait s’agir donc d’un président qui « respecterait la Constitution et enclencherait le processus de réformes », comme on peut lire dans le texte.
Bassil remet sa machine en marche
De son côté, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil – tout juste libéré de son entente avec le Hezbollah –, entend lui aussi lancer une nouvelle dynamique politique en quête d’un consensus sur la présidentielle. « Nous sommes conscients des grosses pressions internationales pour combler le vide à Baabda. Mais il faut qu’un parti chrétien s’active », affirme un proche collaborateur du leader aouniste. Celui-ci compte se rendre auprès des instances religieuses et politiques, dans une tournée entamée mardi par un entretien avec le mufti de la République, Abdellatif Deriane. « Nous avons discuté d’une liste de candidats avec les blocs parlementaires et plusieurs noms font l’objet d’une entente », a lancé M. Bassil à la suite de cet entretien. Selon les informations de L’OLJ, cette liste inclurait notamment Jihad Azour, ancien ministre sur lequel le CPL avait « convergé » avec l’opposition en 2023, Jean-Louis Cordahi, ex-ministre des Télécoms proche de l’ex-président Émile Lahoud, et Ziad Baroud, ex-ministre de l’Intérieur. Par contre, Gebran Bassil « est intraitable » dans son refus de certaines candidatures, dont celles du chef des Marada, Sleiman Frangié (soutenu par le tandem chiite), du commandant de l’armée, Joseph Aoun, mais aussi de Nassif Hitti, ex-chef de la diplomatie, et Neemat Frem, député du Kesrouan qui avait claqué la porte du groupe parlementaire aouniste dans la foulée de la double explosion au port de Beyrouth (2020).
Le chef du CPL s’est également entretenu avec l’ambassadeur d’Égypte à Beyrouth, Ala’ Moussa. « Il fait preuve d’ouverture et de flexibilité pour élire un président le 9 janvier comme le veut la communauté internationale », confie le diplomate à L’OLJ, faisant savoir que les ambassadeurs des pays membres du Quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) s’entretiendront dans les prochains jours avec le reste des chefs de file, en quête d’un déblocage.
Qui a lue la grenouille qui voulait devenir aussi grosse qu'un boeuf? Quelques uns certainement. Et le nabot bassil? Il n'a pas lu la fin de l'histoire, surement. Tellement elle se gonflat qu'à la fin elle explose... a méditer.
07 h 45, le 05 décembre 2024