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Nos Lecteurs ont la Parole

Une rentrée contre vents et marées...

Depuis 2020, la rentrée scolaire au Liban ne se déroule pas comme à l’accoutumée. Crise sanitaire en premier lieu, économique en second lieu et, cette année, pour couronner le tout, un conflit armé, une guerre sanglante.

Enfants, jeunes et adultes sont contraints de vivre des atrocités et à franchir des obstacles qui sont, à vrai dire, quasi insurmontables.

En dépit d’un lendemain incertain, le ministre de l’Éducation nationale décide d’inaugurer la nouvelle année scolaire en novembre 2024. Divers scénarios sont envisagés pour assurer le droit à l’éducation pour tous les enfants libanais.

En temps de guerre, cette décision s’apparente à un acte de résistance silencieuse, un symbole d’espoir et de résilience face à l’obscurité des conflits. L’éducation se révèle être la première arme contre l’ignorance, une lueur d’espoir éclairant les ténèbres. Ces ténèbres qui n’ont cessé de submerger le Liban au cours de ces dernières années. Nos écoles demeurent présentes, tout comme nos jeunes apprenants, avides de savoir. Mais dans quel état se trouvent-ils réellement ? Quelle est la situation des enseignants, des élèves, des parents ?

Selon Mary Ghazarian, spécialiste en sciences de l’éducation, notamment le domaine des compétences socio-émotionnelles, et qui par son centre de formation est en contact permanent avec les principaux acteurs du secteur éducatif, « lorsqu’on a demandé aux parents et aux éducateurs quelles étaient leurs principales préoccupations concernant l’éducation de leurs enfants en période de guerre, leur priorité était le bien-être et la santé mentale des enfants. Les participants étaient préoccupés par le bien-être socio-émotionnel de leurs enfants. D’après eux, toutes les matières académiques étaient affectées. Ils croyaient que des cours sur les compétences sociales, des ressources en ligne et un suivi par les enseignants étaient nécessaires pour réduire l’écart entre les écoles. Les enseignants, de leur côté, avaient des préoccupations similaires. Ils faisaient tous de leur mieux pour cibler, dans leurs cours, des activités principalement axées sur l’expression des émotions et la communication efficace. Ils formaient les élèves à des techniques de respiration et proposaient des activités pour les aider à réguler leurs émotions négatives, qu’il s’agisse de peur, d’anxiété ou de colère. Quant aux enfants âgés de 7 à 12 ans, ils étaient principalement inquiets et ne comprenaient pas pourquoi de telles choses se produisaient. Leur besoin était de comprendre et d’être conscients d’eux-mêmes et de leur environnement, puis d’apprendre à gérer leurs émotions ».

Quant à Layal, enseignante des écoles depuis une vingtaine d’années, elle qualifie cette année comme étant, pour le moins, exceptionnelle. « En dépit de la situation alarmante et des nombreux défis à relever, les enseignants ont voulu faire la rentrée avec le souhait de pouvoir mener l’année “comme à l’accoutumée”. Les élèves aussi ont voulu venir à leurs cours comme pour se prouver que tout va encore “bien”. En effet, l’école est un endroit où l’on se sent en paix et en sécurité, un endroit où l’on peut se déconnecter des mauvaises ondes et des horreurs qui nous entourent. La situation du pays est évidemment portée dans nos pensées ; mais le travail en classe embaume et panse un peu les inquiétudes et les angoisses qui nous rattrapent à la maison. Alors oui, rentrer cette année a été vraiment un événement particulier et difficile ; mais ça nous a permis de sentir que la vie pourrait continuer et que les futurs citoyens libanais étaient encore bien accompagnés sur leur chemin. »

Des questions interminables surgissent dans les esprits des Libanais face à cet avenir incertain. Mais d’ailleurs l’avenir n’est-il pas toujours incertain ? Ce qui reste, malgré les défis, c’est l’espérance ; ce moteur qui permet de jeter sur chaque événement un regard renouvelé. Nous vivons tous dans l’espérance, en acceptant l’angoisse et, en même temps, en vivant dans la joie. Et nos écoles, publiques comme privées, ne sont-elles pas, elles-mêmes, les principales porteuses et cultivatrices de ce sentiment ?

Docteure en sciences de l’éducation

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Depuis 2020, la rentrée scolaire au Liban ne se déroule pas comme à l’accoutumée. Crise sanitaire en premier lieu, économique en second lieu et, cette année, pour couronner le tout, un conflit armé, une guerre sanglante.Enfants, jeunes et adultes sont contraints de vivre des atrocités et à franchir des obstacles qui sont, à vrai dire, quasi insurmontables. En dépit d’un lendemain...
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