
L'émissaire américain Amos Hochstein à Aïn el-Tiné, le 19 novembre 2024. Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Le Liban entrevoit enfin une lueur d’espoir après plus d’une année de violences. Amos Hochstein, principal conseiller du président Biden, qui a joué un rôle-clé dans la négociation d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban, a partagé, lors d’une conversation tenue mercredi via zoom avec quelques journalistes, des nouvelles positives et des perspectives sur un accord qui pourrait marquer un tournant pour la région.
L’accord prévoit un mécanisme de surveillance révisé, incluant la France et les Etats-Unis, pour garantir la mise en œuvre du cessez-le-feu. Le succès de cet accord dépend également du soutien international pour la reconstruction du Liban, tant au niveau financier que technique. La stabilité du pays nécessitera également une résolution de son blocage politique, notamment l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement représentatif. « Le cessez-le-feu est un progrès significatif », a souligné Amos Hochstein, qui représente aussi le début d’un long travail pour maintenir et renforcer la paix.
Dans son discours, l'émissaire américain a exprimé sa reconnaissance envers les communautés américano-libanaise et arabo-américaine pour leur soutien continu, tout en expliquant le rôle crucial de l’administration américaine dans la facilitation de cet accord. « Nous avons enfin atteint cet objectif », s'est félicité M. Hochstein. Il a souligné que si ce cessez-le-feu représente une victoire symbolique, le véritable défi réside dans sa mise en œuvre durable et dans la reconstruction du pays.
Détails de l’accord de cessez-le-feu
Le cessez-le-feu, qui est entré en vigueur le mercredi à 4h du matin, a été accueilli par un soulagement des populations des deux côtés de la frontière libano-israélienne. Après 13 mois et demi de conflit, cette trêve permet aux Libanais de reprendre leurs activités quotidiennes sans craindre les violences. Mais contrairement aux accords précédents, comme la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU en 2006, ce cessez-le-feu vise une solution pérenne, fondée sur un plan détaillé de déploiement, indique le conseiller de la Maison Blanche.
L’accord de cessez-le-feu prévoit un déploiement progressif des forces libanaises dans les zones de la frontière contrôlées par Israël. Parallèlement, les forces israéliennes commenceront à se retirer par étapes. « Ce n’est pas une mesure temporaire », a insisté Hochstein. Le plan prévoit un déploiement de 60 jours, avec un contrôle libanais total sur les zones concernées d’ici 40 à 50 jours. Un mécanisme tripartite, avec la France et les États-Unis à la tête, supervisera le respect de l’accord, en assurant une réponse rapide aux violations.
En ce qui concerne la sécurité, les autorités libanaises ont demandé aux civils de ne pas retourner dans les zones encore sous contrôle israélien pendant la période de transition, afin d’éviter toute escalade. Ce processus vise à garantir un changement ordonné et éviter la répétition des erreurs du passé.
Reconstruction du Liban et défis à venir
Amos Hochstein a souligné que pour que l’accord soit véritablement efficace, la reconstruction du Liban est essentielle. « L'armée libanaise aura besoin de soutien financier et logistique pour maintenir la sécurité », a-t-il précisé. Le pays, déjà en crise économique, doit impérativement attirer des investissements pour redynamiser son économie. Les États-Unis et leurs alliés internationaux s’engagent à soutenir ce processus. « Les nations du Golfe, qui se sont éloignées en raison de la corruption et de l’instabilité, doivent être encouragées à réinvestir », a ajouté M. Hochstein.
Parallèlement, le Liban doit surmonter son blocage politique. L'élection d'un président et la formation d’un gouvernement pleinement fonctionnel sont cruciaux pour garantir la stabilité. Amos Hochstein a dans ce cadre insisté sur la nécessité d’une représentation équitable pour toutes les communautés libanaises : chiite, sunnite, chrétienne et druze, dans un gouvernement capable de servir les intérêts de la nation sans ingérences extérieures.
Vers une mise en œuvre réussie
Lors de la session de questions-réponses, des précisions importantes ont été apportées sur le processus de surveillance de l’accord. Le comité de surveillance, qui débutera immédiatement ses travaux, aura pour mission de suivre la mise en œuvre du cessez-le-feu et de traiter toute violation. Selon l'envoyé US, une équipe américaine devrait arriver au Liban dans les prochaines heures, tandis que la France déploiera également ses représentants pour aider à superviser la situation.
Un autre sujet crucial abordé lors de la conférence était le financement de la reconstruction. M. Hochstein a expliqué que le processus inclurait la réparation des infrastructures endommagées, notamment des habitations et des fermes, tout en stimulant les investissements pour relancer l’économie libanaise. Il a souligné la nécessité de rassurer les pays du Golfe sur la sécurité et la transparence des investissements. Les États-Unis joueront un rôle clé pour encourager ces investissements, essentiels à la résurrection économique du pays.
Une question pertinente a porté sur la capacité du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah, une demande implicite dans l’accord. Amos Hochstein a répondu que l’accord exigeait le retrait du parti chiite de certaines zones et que l'armée libanaise serait responsable de l’application de cet engagement. Cependant, il a précisé que la question de la souveraineté libanaise et du désarmement des groupes armés restait complexe et nécessitait une gouvernance stable et un soutien international.
Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, bien qu’encourageant, n’est que le premier pas vers une paix durable au Liban, a souligné le diplomate US. Le pays devra relever plusieurs défis, notamment sur les plans politique et économique, pour assurer la mise en œuvre efficace de l’accord et garantir la stabilité. Cependant, ce moment représente une opportunité unique pour le Liban de se reconstruire et de renforcer sa souveraineté, soutenu par la communauté internationale. Les États-Unis, avec l’appui de leurs partenaires, continueront de jouer un rôle crucial dans ce processus. « C'est un moment d’opportunité pour le Liban, une chance de se reconstruire et de progresser vers la paix et la stabilité », a conclu l'émissaire américain.
Handsome Hochstein, fallait rajouter une close impérative : la dissolution du Hezbollah pour compléter le cessez-le-feu !
20 h 07, le 28 novembre 2024