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Culture - Documentaire

Byblos devant la caméra de Philippe Aractingi : le prix Ficab et des découvertes inédites

En même temps qu’il tente avec succès une incursion dans le théâtre, le réalisateur libanais voit son film « Liban : les secrets du royaume de Byblos », brillamment primé au Festival du cinéma archéologique de Bidassoa, en Espagne.

Byblos devant la caméra de Philippe Aractingi : le prix Ficab et des découvertes inédites

Le réalisateur Philippe Aractingi signe un documentaire archéologique sur Byblos. Photo fournie par le réalisateur

Du Canada où il se prépare à recréer Parlons, il est temps, la pièce de théâtre qu’il a jouée de septembre à octobre au théâtre de l’Essaïon à Paris avec un succès croissant, le réalisateur Philippe Aractingi réagit sur un prix « inattendu » qui lui a été décerné il y a une semaine. Il s’agit du grand prix du jury du 24e Ficab, Festival du cinéma archéologique de Bidassoa, en Espagne, pour son film documentaire Liban : les secrets du royaume de Byblos.

Archéologie, acrobaties et excitation

« Le film archéologique est une spécialité à part », explique le réalisateur qui en a déjà fait l’expérience, notamment au Sri Lanka. « Les saisons des fouilles sont brèves. Conditionnées par la météo, elles se déroulent généralement en octobre et au printemps, du moins en ce qui concerne le Liban », précise-t-il, ajoutant que le tournage de son documentaire Liban : les secrets du royaume de Byblos a duré une trentaine de jours bout à bout, avec quelques interruptions. Tout commence en 2022 quand, contacté par le producteur Stéphane Millière, Aractingi est enrôlé dans une mission confidentielle, celle de documenter la passionnante avancée d’un chantier de fouilles en cours depuis 2018 sur un site de la ville antique de Byblos, au nord de Beyrouth. Il s’agit de suivre les archéologues pas à pas durant la fouille d’une nécropole restée intacte depuis l’âge du bronze et comportant un exceptionnel matériel archéologique. Dans la foulée des travaux de Maurice Dunand, qui a passé 50 ans à travailler sur le site, l’exploration est dirigée par les archéologues Tania Zaven, de la Direction des antiquités du Liban, et Julien Chanteau, du musée du Louvre. « Un exercice acrobatique pour l’équipe de tournage, précise Philippe Aractingi, dans la mesure où le matériel doit être déplacé rapidement d’un lieu à l’autre, dès l’annonce d’une découverte, celle-ci étant souvent décevante. On est toujours à la merci d’une fausse alerte, mais quand on trouve quelque chose, l’excitation est indescriptible. »

De gauche à droite : Philippe Aractingi, Stéphane Milière (producteur), Yoan Cart (chef-opérateur), Tania Zaven (archéologue) et Julien Chanteau (musée du Louvre).

Une nécropole de 3 800 ans quasi intacte

« Byblos est, avec Jéricho, l’une des villes habitées en continu les plus anciennes du monde. Les premières traces de civilisation y remontent à 8 900 ans », rappelle le réalisateur. Le film de 90mn est un documentaire important coproduit par Gedeon Programmes et ARTE France, avec la participation d’Histoire TV, en partenariat avec le ministère libanais de la Culture, la Direction générale des antiquités du Liban et le musée du Louvre, pour une diffusion en prime time en janvier 2025. « Témoin de l’extraordinaire histoire du Liban et de l’importance de son patrimoine, il est d’autant plus émouvant à découvrir aujourd’hui, alors que le patrimoine libanais est menacé par les bombardements », souligne Philippe Aractingi.

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Sur le contenu du film, le réalisateur lâche quelques confidences au-delà desquelles l’effet de surprise peut être compromis : « On peut dire qu’il s’agit d’une nécropole demeurée miraculeusement en bon état, malgré tous les peuples à travers l’histoire, sans compter les habitants actuels et les touristes qui l’ont foulée. Une nécropole qui date de l’âge du bronze moyen, soit d’environ 1 800 ans av. J.-C. et qui n’a même pas été pillée ! » « Au début de l'âge du bronze, une nouvelle ville sera bâtie. Le promontoire de Byblos qui auparavant accueillait un village va désormais être l'acropole de Byblos. Dès lors, aucune inhumation n'a lieu sous son sol sacré, à l'exception des rois et de leurs familles. Le film retrace l’histoire de cette cité et son importance dans le commerce, notamment du bois et particulièrement avec l’Égypte des pharaons, et il nous informe sur ses rites funéraires. On a par ailleurs découvert que son port n’était pas du tout à l’emplacement du port actuel (autre surprise !) Quant à la nécropole découverte, elle est évidemment liée au récit qu’on peut aujourd’hui développer grâce aux fouilles récentes documentées dans le film et appuyées par une imagerie 3D reconstituant la ville telle qu’à l’époque qui nous intéresse », détaille le réalisateur.

« Bombarder des sites, c’est éradiquer une histoire »

« Quand on pense que plus de 18 sites archéologiques au Liban ont été touchés par les bombardements ces derniers mois, on réalise qu'il ne s'agit pas seulement d'une perte matérielle, mais d'une atteinte à l'histoire du pays. Ce film rappelle au monde l'importance de ce patrimoine et l'urgence de sa préservation », martèle-t-il. En 2006, Aractingi dénonçait déjà la bêtise des guerres à travers Sous les bombes. « On a beau dénoncer les guerres, rien n’y fait », dit celui qui n’en pense pas moins que « nous devons raconter nos histoires, parce que nous existons à travers nos narratifs ». « Bombarder des sites historiques, c’est éradiquer l’histoire de l’autre », martèle le réalisateur qui se dit ravi, « dans un monde de plus en plus fou », de recevoir le prix du Ficab, espérant à travers son documentaire attirer un peu plus l’attention sur la valeur et la fragilité du patrimoine archéologique libanais.

« Liban : les secrets du royaume de Byblos » sera projeté le 25 novembre à 17h, dans le cadre du BAFF, à la Bibliothèque Orientale de l'Université Saint Joseph (USJ), rue Monnot.

Du Canada où il se prépare à recréer Parlons, il est temps, la pièce de théâtre qu’il a jouée de septembre à octobre au théâtre de l’Essaïon à Paris avec un succès croissant, le réalisateur Philippe Aractingi réagit sur un prix « inattendu » qui lui a été décerné il y a une semaine. Il s’agit du grand prix du jury du 24e Ficab, Festival du cinéma archéologique de Bidassoa, en Espagne, pour son film documentaire Liban : les secrets du royaume de Byblos.Archéologie, acrobaties et excitation« Le film archéologique est une spécialité à part », explique le réalisateur qui en a déjà fait l’expérience, notamment au Sri Lanka. « Les saisons des fouilles sont brèves. Conditionnées par la météo, elles se déroulent généralement en octobre et au printemps, du moins en ce qui concerne le Liban »,...
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Bravo! Quelle fierté!

SALEH KAYALI Zeina

15 h 22, le 25 novembre 2024

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  • Bravo! Quelle fierté!

    SALEH KAYALI Zeina

    15 h 22, le 25 novembre 2024

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