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Campus - SOLIDARITÉ

Les étudiants libanais à l’étranger se mobilisent une fois de plus pour le Liban

Assister de loin à la destruction de leur pays et à la détresse de leur peuple génère des sentiments terribles à vivre pour les jeunes qui ont quitté leur pays, leur famille et leur terre, souvent malgré eux, pour poursuivre leurs études.

Les étudiants libanais à l’étranger se mobilisent une fois de plus pour le Liban

Riwa Hussein, Sara Badra et Tatiana Mikaelian lors de l’événement culinaire organisé à Genève. Photo DR

Scotchés jour et nuit à leurs écrans, incapables de rester inactifs face à la guerre entre Israël et le Hezbollah qui sévit au Liban, énième catastrophe qui s’est abattue sur leur pays, les étudiants libanais se sont mobilisés pour lever des fonds et venir en aide à la population.

« Nous ne pouvions plus assister à la destruction du pays sans réagir. Nous ressentions tous le besoin d’être utiles, sans savoir par où commencer ni quoi entreprendre », raconte Alain Jabbour, en 5e année de science politique à Paris. Alors que certains manifestent pour le Liban dans les rues de Paris, des étudiants de Sciences Po choisissent d’agir autrement. Ils créent le « Collectif des Libanais » et lancent une cagnotte pour venir en aide au Liban. Leur objectif : collecter 10 000 euros et les envoyer à quatre ONG. « Beaucoup de personnes pensaient que nous n’allions pas réussir à atteindre cette somme. Les réactions étaient très partagées, explique Alain. Certains considéraient que cette cause était politisée, d’autres n’avaient plus autant de moyens qu’à l’époque du 4 août 2020. Beaucoup d’étudiants galèrent aujourd’hui pour poursuivre leurs études à Paris. »

Alain Jabbour. Photo Nadim Jabbour

Mus par le désir d’agir, les étudiants lancent une campagne de communication sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les jeunes à cette cause. Un mois plus tard, ils atteignent presque leur objectif en collectant 9 000 euros, mais souhaitent aller encore plus loin. Ils lancent alors l’idée de vendre des cartes postales illustrées par des photos du Liban prises par des étudiants libanais. Ces cartes s’écoulent immédiatement grâce à un petit stand installé au sein de l’université, leur permettant de récolter plus de 1 000 euros supplémentaires. « Malheureusement, le Liban est devenu un pays qui survit grâce aux dons et aux aides de ses citoyens et des étrangers. Et pourtant, malgré le fait que certains sont fatigués par cette crise économique et sécuritaire qui n’en finit plus, il y a encore une grande ferveur auprès des jeunes Libanais, qui sont toujours autant motivés. Et c’est cela qui donne beaucoup d’espoir. »

En Suisse, trois étudiantes en relations internationales à l’Université de Genève – Riwa Hussein, Sara Badra et Tatiana Mikaelian – décident de lancer un événement « à connotation humanitaire et sociale » réunissant toute la communauté libanaise de Genève autour de la richesse culinaire du pays. L’idée d’une vente de petits plats aux saveurs libanaises germe alors dans leur esprit. Elles lancent des messages à travers les réseaux sociaux aux 400 membres de la communauté libanaise de Genève, frappent aux portes des restaurants libanais, qui réagissent immédiatement en offrant des mana’ich, fatayer, samboussik, mezzés… et créent le concept « The Food for Good », une journée lancée au profit de la cause libanaise. En une journée, elles récoltent plus de 5 000 francs suisses (5 644,87 dollars), qui sont envoyés à la Croix-Rouge libanaise, montrant « la générosité et la bienveillance d’un peuple rongé par les guerres et les multiples destructions ».

Gaëtan Abi-Nader. Photo Joe Abi-Nader

Un soutien et un hommage au Liban à travers l’art

Depuis 2023, l’association « Libanais en Yvelines » œuvre pour reconnecter les jeunes Libanais de l’étranger avec leur pays d’origine à travers des événements culturels et artistiques. « Mais aujourd’hui, face à l’ampleur de la catastrophe qui s’est abattue sur le pays, nous devions agir différemment », explique Gaëtan Abi-Nader, 19 ans, étudiant en double licence informatique et sciences de la vie à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Bien qu’il n’ait jamais vécu au Liban, Gaëtan, à l’instar d’un grand nombre de jeunes Libanais de l’étranger, garde de très profondes attaches avec son pays où il se rend chaque été. Ces jeunes se mobilisent rapidement, entreprennent une levée de fonds qu’ils envoient aux déplacés abrités actuellement dans une école à Dekouané, à l’église Saint-Jean à Jbeil, et à quelques familles dans la ville de Tyr, bombardée chaque jour par l'armée israélienne. « Malheureusement, les Libanais sont aujourd’hui très divisés : certains refusent d’aider parce qu’ils estiment que cette cause ne leur appartient pas, et d’autres ne donnent que lorsque leur famille se trouve dans des villages au Sud. » Face aux besoins croissants et à une guerre qui n’en finit plus, ces jeunes ont décidé de solliciter les gens différemment. Les 7 et 8 décembre, ils organisent deux récitals, l’un à Amiens, l’autre à Versailles, présentés par la chanteuse Christiane Najjar, « une manière d’offrir quelque chose à ces personnes en contrepartie de ce qu’elles donnent », conclut le jeune étudiant.

Sana al-Halwani et Tamara Barakat. Photo Ghadi el-Alam

Tamara Barakat et Sana al-Halwani, diplômées l’une en sciences de l’architecture de l’Université de Boston et l’autre en stratégie du design de l’Université de Parsons à Paris, ont voulu aider leur pays à travers le monde artistique. « Les gens ne connaissent le Liban qu’à travers les guerres, les destructions, les discordes. Nous voulions leur montrer l’autre facette de notre pays, sa richesse, sa beauté, où la résilience de son peuple se mêle à la beauté de l’art », expliquent les deux jeunes femmes qui résident à Paris et vouent un attachement viscéral à leur pays. L’idée de lever des fonds en créant un événement artistique avec des artistes libanais qui raconteraient le pays à travers leurs œuvres d’art naît dans leur esprit. Elles rencontrent le directeur d’une grande salle d’exposition dans le Marais qui, ému par la cause qu’elles défendent, leur offre l’espace gratuitement. Et contactent plus de 50 artistes, libanais et étrangers, reçoivent des réponses positives de la plupart, « malgré les moments difficiles que traversent ces artistes, vu la situation économique du pays », précise Sana al-Halwani. Leur événement, « Moments for Lebanon », aura lieu les 30 novembre et 1er décembre dans le Marais. Cette exposition réunira une cinquantaine d’illustrateurs, de photographes, de peintres et de vidéastes, libanais et étrangers, venus de Paris et d’ailleurs… « Tous les bénéfices de la vente de ces tableaux iront à quatre associations apolitiques, qui ne sont affiliées à aucun parti particulier », précisent les deux jeunes filles, avant de conclure : « Par l’art, nous tissons des ponts entre les cœurs et les cultures, et offrons à ce pays ce qu’il mérite le plus : la promesse d’un avenir où chaque moment devient un symbole de renaissance et de force. »


Scotchés jour et nuit à leurs écrans, incapables de rester inactifs face à la guerre entre Israël et le Hezbollah qui sévit au Liban, énième catastrophe qui s’est abattue sur leur pays, les étudiants libanais se sont mobilisés pour lever des fonds et venir en aide à la population.« Nous ne pouvions plus assister à la destruction du pays sans réagir. Nous ressentions tous le...
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