« Les peintures qui composent cette exposition réinterprètent ce principe de séparation et/ou fusion entre le personnel et le public. L'utilisation par l'artiste d'une palette très personnelle crée une qualité intemporelle, les œuvres existant simultanément dans le passé et le présent. »
Ces mots sont ceux du célèbre couturier Giorgio Armani partagés sur son compte Instagram. Ils tentent de décrire l’exposition des œuvres de Rocco Ritchie qu’il parraine. Ce peintre qui les présente sous le titre The Tourist n’est autre que le fils de la chanteuse Madonna, né en 2000 de son mariage avec le producteur britannique Guy Ritchie.
Giorgio Armani s'est engagé à soutenir, promouvoir et donner de la visibilité à son travail, comme il l’a toujours fait avec des talents créatifs émergents, qu’ils soient passionnés de mode, de cinéma et de toute discipline artistique et venus du monde entier. En empruntant cette voie, le célèbre couturier avait précisé : « Dans de nombreux domaines, il existe des jeunes talents qui doivent être encouragés et soutenus. Je pense que c'est là un devoir. »
Queen Madonna
Au vernissage, et comme on s’y attendait, Madonna a débarqué à Paris en créant le buzz, une fois de plus, avec une tenue rappelant que la star n’a rien perdu de son glamour : une robe noire transparente portée sur un simple body et, sous un long manteau en cuir noir. La reine de la pop (66 ans) arborait également une longue veste ornée d'un superbe col en fourrure et de manches à revers assorties. La Material Girl a complété sa tenue en superposant des colliers dorés et a opté pour une paire de lunettes de soleil sombres.
À l’ombre de ce personnage haut en couleur et scandales, Rocco Ritchie (24 ans) a clairement eu du mal à se forger sa propre identité artistique. Aujourd’hui, il part à la conquête de Paris où il expose depuis le 26 octobre dernier une sélection de ses toiles dans une galerie située au 78 rue du Temple. Aussi, pour ne pas être tributaire de la célébrité parentale, il avait choisi d’utiliser un pseudonyme, Rhed, sur ses toiles. Le jeune peintre s’explique quant au choix de l’utilisation de ce surnom : « Je suis fier de ce que je suis et d'où je viens, mais je sais que les gens m'auraient jugé de manière agressive à mes débuts si j'avais révélé mon nom. »
Né à Los Angeles en 2000, Rocco Ritchie est considéré comme un artiste prometteur de sa génération. Il a étudié à la Central Saint Martins School et à la Royal Drawing School de Londres, où il vit et travaille actuellement. Dans une nouvelle série, le jeune homme a élargi son exploration de la figure humaine, en s'inspirant de la grande tradition des peintres britanniques qui l'ont précédé, dont Lucian Freud, Paula Rego et Francis Bacon. À son actif auparavant, l'exposition intitulée Lovers and Ennemies faite des portraits de ses amis et de sa famille. Elle avait été organisée par David Dawson, ancien directeur du studio de Lucien Freud. Rocco a grandi, entouré de l'énergie créatrice incarnée en lui par ses parents, Madonna et Guy Ritchie. Ses créations font notamment partie des collections personnelles de Stella McCartney, Donatella Versace et Lorcan O'Neill. On les retrouve aussi dans des médias prestigieux tels que Vogue, Forbes et Artnet News.
Lucien Freud et Francis Bacon, des inspirations
Son dernier travail présenté à Paris est ainsi décrit par le site Say Who : « Les peintures de cette exposition sont créées à partir d’un mélange de hasard et d’intention, alliant des photographies d’archives personnelles, mais aussi publiques de la vie de l’artiste, dont l’enfance fut largement documentée. L’artiste interroge notamment le rôle de la photographie paparazzi qui fut l’un des grands témoins de sa vie. Depuis Richard Hamilton, Gerhard Richter, William Klein jusqu’à Andy Warhol, les artistes ont constamment cherché à immortaliser des images éphémères des médias de masse. »
Dans une vidéo postée sur son compte Instagram il joue les guides et présente ses toiles. Toutes baignent dans une atmosphère bleutée chargée d’anxiété entourant des personnages en prise de tiraillements. Son inspiration n’est pas loin de l’inspiration des modèles aux corps et à l’esprit tendus du peintre britannique Lucien Freud. Son talent a été reconnu par ses pairs dont l’écrivain et critique d’art Godfrey Barker, qui l’a qualifié « de produit authentique, pur et non dilué du XXIe siècle. Rhed ne doit pas encore être classé parmi la “Golden Youth”, ces jeunes peintres qui avaient secoué la célèbre Foire artistique de Frieze à Londres en 1988. Mais, il est de leur veine. Il fait une déclaration puissante dans ses œuvres et il s'est pointé vers l’avenir ». Le critique d'art du Guardian, Jonathan Jones, s'est montré moins enthousiaste, suggérant que « l'artiste avait été mis trop tôt sous les yeux du public ».
Ce travail, qui est une forme de libération d’une enfance où les paparazzis étaient présents à chaque instant, confirme également le talent de Rocco Richie, un coup de pinceau affirmé dans une veine classique et une sobriété, une maturité qui étonne. Richie, parrainé par Armani, dans une communication très « mode », montre finalement les deux aspects du personnage, fruit de parents pour le moins présents.
Ces jeunes artistes issus de parents « Rich and Famous » (gardant ou pas l’anonymat) ne peuvent que susciter des points d’interrogation. Pour preuve une peinture nommée Strand Ed et portant la signature de Rhed, a été proposée en 2021 sur le site Artsy pour la somme de 24 000 livres sterling.