Une vidéo montrant une brève échauffourée, filmée depuis un immeuble voisin et impliquant des habitants de la localité de Baakline dans le Chouf ainsi que les passagers d’une voiture noire sur un rond-point, fait le tour des réseaux sociaux depuis dimanche. Le chef de la municipalité, Abdallah Sleimane el-Ghossayni, que nous avons contacté, a minimisé l’incident, indiquant qu’il s’agissait d’un contrôle de véhicule supervisé par la municipalité, au cours duquel les esprits s’étaient échauffés dimanche après-midi. Il a assuré que l’incident avait été monté en épingle et n’impliquait pas le Hezbollah, contrairement à ce qui a été avancé par certains internautes. « La municipalité aide à contrôler les allées et venues dans la ville et l’identité des éventuels déplacés qui s’installent dans la localité pour des raisons de sécurité, compte tenu du fait que les forces de sécurité n’ont pas assez d’effectifs pour le faire. Le ton est simplement monté de quelques crans à l’un de ces contrôles, comme cela peut arriver. Le Hezbollah n’est pas impliqué et il n’y a pas grand-chose d’autre à dire », a-t-il déclaré.
Cet incident est survenu alors que le Chouf a été ciblé par plusieurs bombardements israéliens, dont un la semaine dernière qui a tué un rescapé des explosions des bipeurs.
اشكال مع عائلة نازحة في #بعقلين
— Jezzine news (@news_n1197) November 4, 2024
اهلا وسهلا بكم في بلاد الحضارة والثقافة #لبنان pic.twitter.com/261sB05j4l
Ce que montre la vidéo
La vidéo, d’un peu plus d’une minute et apparemment filmée avec un téléphone mobile, montre uniquement une altercation entre deux personnes en colère qui semblaient avoir pris position au milieu de la rue près d’un rond-point et qui ont forcé, en criant et en administrant quelques coups légers, un homme qui était sorti de la voiture à regagner le siège passager. La vidéo montre en tout une dizaine de personnes, dont l'un des deux meneurs a également passé quelques secondes à admonester et insulter le conducteur du véhicule, qui n’apparaît pas sur la vidéo, avant de demander au véhicule de circuler. L'une des personnes dans la rue, portant un bonnet traditionnel druze, fait partie de ceux qui ont tenté de calmer la colère des deux hommes énervés. Le véhicule a finalement poursuivi sa route. Tout au long de la vidéo, on peut entendre la voix d’au moins un enfant qui pleure et qui semble occuper le siège arrière de la voiture. On entend enfin les voix de deux femmes à la fin de la séquence, probablement situées à proximité de la personne qui filme, qui commentent la scène.
Ce qui a été dit sur les réseaux sociaux
Sur son compte X, l’utilisateur Metraton, qui a relayé la vidéo, indique qu’elle montre des « réfugiés expulsés de Baakline », en référence à des déplacés qui ont fui les bombardements israéliens. Dans son message, l’utilisateur affirme qu’il s’agit de « partisans du Hezbollah qui avaient volé le costume d'un religieux druze pour se déguiser », assurant qu’ils avaient ensuite « essayé d'acheter un costume, sans succès ». Il ajoute que les personnes en question ont été engagées par un cheikh nationaliste syrien nommé Salim Hamadé, qu’il désigne comme un paria. « Les expulsions menées par le peuple dans la montagne druze commencent », s’est encore réjoui l’utilisateur, qui se présente comme philosophe et journaliste indépendant de confession druze, et dont le nom d’utilisateur reprend celui d’un archange reconnu par les trois principales religions monothéistes.
La vidéo a été relayée par d’autres comptes, dont celui de Jezzine News, qui s'est montré plus sobre dans sa description de la vidéo, évoquant une « bagarre avec une famille déplacée » et ironisant : « Bienvenue au pays de la civilisation et de la culture. »
Le magazine local Azhar, qui a aussi relayé la vidéo sur X, parle d’un « affrontement qui a éclaté hier entre des jeunes hommes de la région de Baakline et des personnes déplacées (…) au lendemain d'une réunion des dirigeants politiques et spirituels druzes. » Cette réunion, où étaient annoncés le cheikh Akl druze Sami Abi el-Mona, le leader druze Walid Joumblatt, l’ancien ministre des Déplacés Talal Arslane ou encore le cheikh Nasreddine el-Gharib, a en effet eu lieu samedi à Baadaran, dans le Chouf, selon l’Agence nationale d’information (Ani, officielle).
C’est triste d’arriver à ce stade de méfiance envers nos communautés différentes parce qu’au fond nous sommes tous libanais sauf que l’arrogance du Hezbollah ainsi que son obédience à l’Iran a creusé ce fossé entre nous. J’entends encore des voix chiites affiliées à ce parti qui continuent de proférer des menaces envers les libanais qui sont en désaccord avec eux et cela doit cesser quitte à ce que l’armée les retrouvent et font cesser fermement ce comportement inacceptable.
16 h 08, le 04 novembre 2024