Une fuite présumée de documents classifiés sur Gaza impliquant un assistant du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a secoué la politique israélienne et indigné les familles des otages détenus par le Hamas, qui poussent pour un accord afin de ramener leurs proches chez eux. Le chef de l'opposition israélienne, Yair Lapid, et le chef du parti de l'Unité nationale, Benny Gantz, tiennent une conférence de presse ce dimanche à 20h30 suite aux « développements » dans cette affaire, ont-ils annoncé dans un communiqué repris par le quotidien israélien Haaretz.
Les détails de l'affaire n’ont filtré que lentement en raison d’une ordonnance de confidentialité. Mais une décision de justice levant partiellement cette ordonnance a fourni un premier aperçu de l’affaire, que la cour a estimé avoir compromis des sources de sécurité et peut-être nui aux efforts de guerre d'Israël.
Vendredi, le tribunal des magistrats a confirmé qu'un certain nombre de suspects avaient été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur une « violation de sécurité causée par la fourniture illégale d'informations classifiées ». Benjamin Netanyahu a nié tout acte répréhensible de la part de ses collaborateurs et a déclaré dans un communiqué samedi qu’il n'avait pris connaissance du document divulgué que par les médias. Les suspects n'ont pas pu être joints par Reuters pour commenter.
Des détails du document en question ont été publiés par le journal allemand Bild le 6 septembre dernier, selon le Haaretz, l'un des médias ayant fait appel au tribunal pour lever l'ordonnance de confidentialité. L'article, présenté comme une exclusivité, décrivait prétendument la stratégie de négociation du Hamas.
À cette époque, les États-Unis, le Qatar et l'Égypte jouaient un rôle de médiateurs dans les négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui devaient inclure un accord pour libérer les otages détenus à Gaza. Mais les pourparlers ont échoué, Israël et le Hamas s’accusant mutuellement de l’impasse. L'article en question correspondait largement aux accusations de Benjamin Netanyahu contre le Hamas concernant ce blocage.
Il a été publié quelques jours après que six otages israéliens ont été retrouvés exécutés dans un tunnel du Hamas dans le sud de Gaza. Leur meurtre a déclenché des manifestations de masse en Israël et indigné les familles des otages, qui ont accusé le Premier ministre d'avoir torpillé les négociations de cessez-le-feu pour des raisons politiques. Samedi, certaines des familles se sont jointes à l'appel des journalistes israéliens pour lever l'ordonnance de confidentialité.
« Ces personnes vivent depuis longtemps dans une montagne russe de rumeurs et de demi-vérités », a déclaré leur avocate, Dana Pugach. « Depuis un an, elles attendent d'entendre tout renseignement ou toute information sur les négociations pour la libération de ces otages. Si certaines de ces informations avaient été volées aux sources de l'armée, nous pensons que les familles ont le droit de connaître tout détail pertinent », a-t-elle ajouté.
Lors d'une autre séance dimanche sur l'enquête menée par le service de sécurité intérieure Shin Bet, la police et l'armée, le tribunal a ordonné la libération d'un suspect, tandis que d'autres restent en détention provisoire, selon Channel 13 News d'Israël. Interrogé sur l'enquête, Bild a déclaré qu'il ne commente pas ses sources. « L'authenticité du document que nous connaissons a été confirmée par l’armée israélienne immédiatement après la publication », a-t-il déclaré.
La guerre à Gaza a éclaté après qu’une attaque de militants dirigés par le Hamas a frappé Israël le 7 octobre 2023, tuant quelque 1 200 personnes et emmenant 251 otages dans l’enclave, selon les chiffres israéliens. Les offensives de représailles d'Israël ont tué plus de 43 000 Palestiniens et réduit une grande partie de Gaza en ruines.
*Cet article est une traduction d'une dépêche de l'agence Reuters.