Le front de mer de Tyr, au Liban-Sud, bombardé par l'aviation israélienne, le 28 octobre 2024. Photo REUTERS/Stringer
Au moins sept frappes israéliennes ont visé lundi après-midi la cité millénaire de Tyr, au Liban-Sud, pour laquelle l'armée israélienne avait émis, une heure plus tôt, un appel à évacuer. Tyr est, ces derniers jours, au coeur d'une campagne de raids aériens intenses et meurtriers. C'est la deuxième fois en cinq jours que l'armée israélienne menaçait des quartiers du centre de cette grande ville.
Les bombardements ont notamment visé un appartement de la rue dite « Furn Bahr », selon les informations de notre correspondant Mountasser Abdallah. Une frappe « d'avertissement », lancée par un drone, avait préalablement été menée par l'armée israélienne. Une deuxième frappe s'est abattue au niveau du front de mer. Des photos obtenues auprès de riverains par notre correspondant montrent une épaisse fumée recouvrir la zone. Des vidéos amateur tournées dans la périphérie de la ville montrent au moins deux autres frappes consécutives sur la ville, l'une visant une cible très proche d'un des sites archéologiques.
Entre deux sites archéologiques
Les menaces de frappes avaient été publiées peu avant 13h sur X par le porte-parole arabophone de l'armée, Avichay Adraee, les habitants d'une zone située entre les rues Ali Khalil, Hiram, Mohammad Zayyat et Nabih Berry, à partir et « se diriger vers le nord du fleuve Awali », situé au nord de Saïda. « Toute personne se trouvant à proximité de membres, d'installations et d'armements du Hezbollah risque sa vie », a ajouté le porte-parole.
Sur la carte accompagnant cet avertissement, la zone menacée est identifiée en rouge. Elle est plus large que celle qui avait été appelée à évacuer mercredi dernier dans la même ville et se termine, à l'est, à la bordure du site archéologique de l'hippodrome. Ce cirque romain date du premier siècle après Jésus-Christ et est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Au sud, cette zone est délimitée par la rue Nabih Berry, le nom officiel de la promenade sur le front de mer sud de la péninsule sur laquelle se trouve la ville. A l'ouest, cette zone se termine à un bloc de bâtiments d'un autre site archéologique, celui comprenant notamment des thermes romains et l'ancien port égyptien.
Le caza de Tyr dans le viseur
Après les menaces de l'armée israélienne, des membres de la Défense civile de la municipalité de Tyr et de l'association des Scouts de la mission islamique, affiliée au mouvement Amal, avaient parcouru les rues de la zone, appelant les riverains présents sur les lieux à « partir immédiatement », selon des informations de notre correspondant dans le Sud.
À l'aube, un bombardement sur le quartier al-Ramel de la ville, sans avertissement préalable, avait fait sept morts et 17 blessés, selon le ministère de la Santé.
« Des avions de chasse ont frappé aujourd’hui des cibles terroristes à Tyr au Liban-Sud, dont des dépôts d’armes, des missiles anti-blindés, des bâtiments militaires et des sites d’observation de plusieurs unités militaires du Hezbollah, dont l’unité Aziz qui est responsable des frappes à partir du sud-ouest du Liban », a déclaré sur X Avichay Adraee, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, lundi après-midi.
« La région de Tyr est considérée comme une zone d’action terroriste importante pour le Hezbollah et l’unité Aziz », a affirmé le porte-parole, tout en accusant le parti chiite « de mettre la main de manière systématique sur des zones civiles au Liban pour mener des actions terroristes (...), ce qui met la vie des civils en danger ».
Avichay Adraee, qui a accompagné ses publications d’une vidéo et d’une image des lieux visés, prétend par ailleurs que l’armée israélienne « a mis en place plusieurs mesures avant les frappes pour limiter la possibilité de toucher des civils, dont le fait de lancer des alertes pour les habitants ».
Le caza de Tyr, en général, a également été lourdement frappé depuis les premières heures de la journée. Des bombardements ont notamment visé Rmadiyé, une zone près du cimetière de Baflay, une maison de Chaaïtiyé, ainsi que Qlaylé, Chamaa et une zone située entre Halloussiyé et Deir Qanoun el-Nahr.
Nombreux morts dans la Békaa et au Liban-Sud
Israël n'a pas non plus épargné la Békaa ni le Liban-Sud dans la journée de lundi. Dans la Békaa, l'armée israélienne a visé une habitation à Brital qu'elle avait déjà ciblée il y a quatre jours, mais le missile n'avait pas explosé à ce moment-là. La nouvelle attaque d'aujourd'hui a tué deux personnes et en a blessé quatre autres, rapporte notre correspondante dans cette région Sarah Abdallah.
Au total, selon notre correspondante, les nombreuses frappes de la journée dans la Békaa ont fait 53 morts : 2 morts à Younine, 3 morts à Taraya, 9 morts à Ram, 2 à Hadath Baalbeck, 7 à Bodaï, 2 à Brital, 2 à Hellaniyé, 16 à Allak et 10 à Hfeir.
Au Liban-Sud, deux personnes ont été tuées à Rmadiyé (caza de Tyr) par une frappe israélienne.