Une question se dessine depuis plusieurs jours aujourd’hui sur les lèvres de chaque Libanais résident ou expatrié : que va-t-on devenir ?
La réponse est absente dans un pays aussi imprévisible.
Nous nous retrouvons en 2024, en ce mois d’octobre, dans une situation où le peuple libanais vient de vivre en cinq ans des guerres de tous types : sanitaire (Covid-19), une révolution ratée (octobre 2019), des crises économiques et financières, des crises sociales, l’explosion au port en 2020, des crises institutionnelles, etc. Il s’ajoute à cela aujourd’hui une guerre militaire qui se mène sur le territoire libanais, une guerre qui oppose le Hezbollah et Israël, une guerre dévastatrice à tous les niveaux – un dérèglement politique suite à la mort de Hassan Nasrallah, au niveau des infrastructures –
sans oublier l’énorme poudrière qui prend feu dans la région.
Cette guerre pourrait bel et bien sonner la fin d’un chapitre de l’histoire libanaise, un chapitre nouveau se forme, un chapitre qui pourrait être positif tout comme négatif.
Les voies potentielles peuvent être divisées en grandes parties : les réactions des différents partis politiques libanais, car oui – au cas où certains découvrent toujours notre pays – ils sont complètement dissociables de l’État et de l’intérêt général ; ensuite vient le point de l’influence et des actions potentielles des États, que ça soit l’État libanais ou les puissances externes ; et pour finir les réactions sociales au sein du pays.
Ces propos sont bien évidemment théoriques et ne sont applicables qu’en cas de fin de guerre, ce qui dépend surtout de l’influence externe et sûrement des élections présidentielles des États-Unis.
Le Liban est un pays qui se distingue par la forte présence de partis politiques qui semblent tous axés sur la religion et le confessionnalisme.
Le Hezbollah qu’on ne présente plus, fortement soutenu par la population chiite, aura forcément intérêt à rebâtir une dominance et à affronter une société qui le perçoit aujourd’hui de deux façons bien paradoxales, d’un côté il y a ceux qui le considèrent comme étant un héros de la résistance, le seul qui se bat aux frontières, et de l’autre ceux qui le voient comme la cause de toute cette frustration et cette destruction. En gros, son image se joue, mais également sa dominance qu’il a toujours proclamée. Dans le même spectre, nous retrouvons les autres partis principaux, dont la présence au sein du pays (sociopolitique) se ressent, et qui pourraient éventuellement voir cette guerre comme une opportunité de s’agrandir avec l’affaiblissement du Hezbollah.
En somme, la scène politique libanaise peut connaître une véritable redistribution des cartes.
Au niveau de l’État libanais, rappelons qu’il y a un gouvernement sortant instable, une vacance à la présidence de la République, des sessions parlementaires caduques.
L’État aura en plus du lourd travail qui l’attend en cas de fin de la guerre, des comptes à rendre au peuple au niveau des infrastructures, de la sécurité et plus idéalement, enfin imposer une souveraineté ? Tout cela reste bien évidemment en lien avec le déroulement des événements et surtout le problème du confessionnalisme et des intérêts personnels qui transcendent l’intérêt de la nation et non du peuple (parce que la nation n’est pas le peuple). Il faut évidemment compter sur les interventions extérieures qui, comme toujours, jouent un rôle substantiel au Liban.
Par ailleurs, une théorie veut que cette guerre éveille les ruines de la haine entre chrétiens et musulmans qui ont porté la guerre civile libanaise, une haine qui pourrait se justifier du désordre qu’a pu causer un parti musulman ou encore par le manque d’humanisme qu’aurait pu afficher un parti chrétien face à la demande d’aide de la population impactée. Mais comme toujours, il y a de l’espoir, l’espoir dans une jeunesse qui pourrait potentiellement allumer cette flamme d’une torche que l’on appelle la patrie, une flamme qui pourrait faire changer le pays ; nous pouvons changer les choses, nous pouvons apprendre des erreurs de nos parents tout en gardant nos identités personnelles.
Il faut tout simplement que l’on fasse confiance à cette jeunesse, et que cette jeunesse ait la confiance et le courage d’essayer avec l’appui des vétérans, main dans la main.
Un avenir se présente devant la société libanaise, les deux chemins semblent être empruntables, il s’agit aujourd’hui de s’unir autour de notre pays, notre république mais surtout de notre patrie.
Ahmad-Nadim ZREIK
Étudiant en droit
Université Paris-Saclay
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Bel article. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait..
07 h 18, le 22 octobre 2024