
Une colline dans la localité de Rmeich, dans le caza de Bint Jbeil, au Liban-Sud. Zohra Bensemra/Archives Reuters
Depuis le début de la guerre au Liban, les villages frontaliers sont de plus en plus sous le feu d’Israël. C’est le cas des nombreuses localités chiites du Liban-Sud où le Hezbollah est implanté, mais aussi des quelques villages chrétiens, comme Debl, Aïn Ebel, Rmeich et Kaouzah, du caza de Bint Jbeil, Alma el-Chaab à Tyr ou encore Deir Mimas à Marjeyoun. Les habitants de ces bourgades vivent d’autant plus dans la crainte depuis le début de l’offensive terrestre d’Israël.
En effet, deux d’entre elles (Aïn Ebel et Deir Mimas) font partie des villages dont la population a été sommée d’évacuer par l’armée israélienne en amont du lancement de son « opération au sol ». « Nous avons surtout peur que nos maisons soient ciblées et que ceux qui sont déjà partis ne reviennent plus », déclare à L’OLJ le président de la municipalité de Aïn Ebel, Imad Lallous. D’autant que, peu de temps après la publication de cet ordre d’évacuation, ce village a été ciblé par une frappe qui a détruit une maison inhabitée.« Cela peut être une erreur ou dans l’objectif de nous faire peur », indique le président de la municipalité.
Une femme de 93 ans tuée
Dans ce contexte, la peur s’étend à l’ensemble des villages. « C’est vraisemblablement un appel à l’évacuation, pour que les habitants, y compris dans les villages chrétiens, abandonnent les lieux », craint un homme de Alma el-Chaab qui a requis l’anonymat. « Beaucoup de chrétiens ressentent désormais que le retour chez eux n’est plus possible », ajoute cet homme, à l’heure où ce village, dont le positionnement est stratégique, est celui qui a été le plus ciblé parmi les localités chrétiennes depuis le 8 octobre 2023, et encore plus depuis le 23 septembre, quand Israël a fait le choix de l’escalade. Ainsi, alors qu’un couple de cette bourgade (le mari libanais et sa femme roumaine) venait à peine de quitter son domicile pour se réfugier à l’église, leur maison a été aussitôt bombardée. Une femme handicapée de 93 ans, qui avait refusé de quitter les lieux, a été tuée. Un scénario qui s’est reproduit ailleurs dans le village où deux maisons ont été réduites en cendres, « sachant que les deux habitations étaient totalement vides », assure un habitant, laissant entendre que le prétexte avancé par Israël de la présence de combattants du Hezbollah ou d’armes n’était pas justifié. « Le Liban vit encore en 2006, alors que dans cette guerre, Israël s’est déjà propulsé en 2050. Ce qui nous attend s’annonce de loin plus tragique», ajoute un responsable sécuritaire chrétien originaire du Liban-Sud.
À Rmeich, la plus grosse bourgade chrétienne de la région, avec plus de 10 000 âmes, les habitants retiennent leur souffle. « Les Israéliens ne connaissent aucune ligne rouge. Nous les connaissons parfaitement pour les avoir côtoyés deux décennies durant », témoigne pour L’OLJ un résident de Rmeich qui a requis l’anonymat. La référence est faite à l’époque où l’armée israélienne avait occupé la bande frontalière, de 1978 à 2000, avant de se retirer. Même s’ils contestent l’ouverture du « front de soutien » au Hamas par le Hezbollah en octobre 2023, une guerre « certes noble » mais qui néanmoins se fait « aux dépens» de leur survie, certains chrétiens du Sud n’hésitent pas un instant à qualifier Israël de « pays ennemi ». Vendredi, le périmètre de Rmeich a été ciblé par l’armée israélienne, alors que cette bourgade n’avait jamais été frappée à ce jour à l’exception de son périmètre lointain. « Cette fois-ci, les bombes sont tombées près des habitations », confie Jean Alam, le responsable FL de la localité. « C’est un raid auquel nous n’avons pas accordé beaucoup d’importance et qui n’a fait ni victimes ni dégâts. Il n’y avait rien à cibler non plus dans la localité », commente le responsable, pour signifier qu’il n’y a aucune présence du Hezbollah à Rmeich.
L’accord de 2006
Il y a deux jours, le prêtre de la ville, le père Nagib Amil, s’est adressé aux habitants souhaitant quitter le village, pour les en dissuader. « J’ai reçu des messages concernant la situation dans notre localité. On m’a dit de ne pas vous laisser partir », a-t-il dit, assurant que c’est le nonce apostolique, Mgr Paolo Borgia, qui demande aux gens de Rmeich de ne pas abandonner les lieux. « Rmeich n’est pas en danger, mais Aïn Ebel l’est », a-t-il dit, invitant les résidents de cet autre village à venir se réfugier à Rmeich, qui a accueilli au début du conflit le nonce apostolique à trois reprises.
Fait notoire : durant la guerre de 2006, les villages chrétiens avaient été ménagés, du fait d’une entente informelle conclue sous la pression du Vatican. Sauf qu’aujourd’hui, les circonstances ont bien changé. L’État hébreu est devenu indomptable et souhaite en découdre avec le Hezbollah à n’importe quel prix. Il est même accusé de vouloir occuper de nouveau le Liban-Sud, au moins temporairement, afin de monnayer son retrait.
À noter que dès l’ouverture du « front de soutien », Rmeich, Debl et Aïn Ebel avaient renouvelé le pacte de 2006 avec le Hezbollah et sommé ses combattants de ne pas se positionner dans leurs villages respectifs, encore moins de s’y aventurer pour tirer sur l’adversaire. Des jeunes s’y relayent d’ailleurs pour monter la garde et s’assurer qu’aucune arme n’est introduite chez eux. « Ce n’est malheureusement pas le cas à Alma el-Chaab », confie anonymement un habitant du village. C’est ainsi que certains, notamment issus du camp anti-Hezbollah, justifient le fait que ce village a été beaucoup plus ciblé que les autres. « Qu’il s’agisse de localités chrétiennes, druzes ou sunnites, si elles laissent faire le Hezbollah chez elles, elles n’échapperont pas à la fureur d’Israël. Si le Hezb tire une roquette aujourd’hui à partir du siège de l’Église maronite, Bkerké sera ciblé à son tour », commente le porte-parole des Forces libanaises, Charles Jabbour.
Des victimes collatérales des politiques expansionnistes Iraniennes et de leur manipulation de groupe locaux Ils savaient très bien qu’en s’attaquant sans raison à bien plus fort qu’eux cela aurait des conséquences pour les Libanais et je suis encore plus désolé car la plupart de ces villageois sont des farouches opposants au Hezbollah. Maintenait que le monde a ouvert les yeux il est peut-être trop tard. Imaginez une bombe atomique au main de ces criminels qui ne reculent devant rien demandez aux peuples Iranien, syrien, libanais et iraqien.
14 h 07, le 05 octobre 2024