Les secouristes du Hezbollah dans le viseur d'Israël

Israël s'est acharné, une nouvelle fois vendredi, contre des secouristes à travers le Liban, faisant au moins douze morts parmi le personnel paramédical dans des frappes visant la banlieue sud de Beyrouth et le sud du pays.

Le Hezbollah a confirmé la mort de onze secouristes de son Comité sanitaire, tués dans des frappes israéliennes à Marjeyoun, Chakra et Khirbet Selem aujourd’hui.

Vendredi matin, un drone israélien a tiré un missile sur une ambulance du Comité sanitaire islamique (CSI), affilié au Hezbollah, devant l'hôpital gouvernemental de Marjeyoun, rapporte notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah. La frappe a fait au moins sept morts, selon le responsable média du CSI.

Une autre frappe a visé dans l'après-midi un centre du Comité sanitaire islamique à Bir el-Sanassel, dans le caza de Bint Jbeil, indique notre correspondant. Deux secouristes du CSI ont également été tués par une frappe qui a visé une de leurs ambulances à Tebnine (Bint Jbeil), selon notre correspondant. Une frappe aérienne israélienne qui a visé une ambulance appartenant au CSI à Majdel Zoun a également fait un mort et cinq blessés.

En vidéo

Jusqu'où peut aller Israël pour détruire le Hezbollah ?

Le Hezbollah a également accusé Israël d'avoir mené une frappe vendredi sur des secouristes qui se trouvaient sur le site d'une frappe nocturne dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant un mort. Une frappe israélienne « a visé des équipes de la Défense civile qui déblayaient les gravats et tentaient de récupérer des blessés, faisant un mort parmi eux », selon un communiqué du parti chiite. Une source proche du Hezbollah avait auparavant fait état à l'AFP d'une frappe de drone.

Le Comité sanitaire islamique a été ciblé à de nombreuses reprises ces derniers jours, notamment lors d'une frappe inédite à Bachoura, dans le centre de Beyrouth, sur un de ses centres. Ce raid aérien a fait neuf morts, dont sept secouristes. Selon un bilan dressé jeudi par le ministre de la Santé Firas Abiad, les attaques israéliennes ont fait, jusqu’à ce jour, 97 tués et 188 blessés des différentes organisations, et endommagé 45 centres et 128 véhicules.

Commentant les attaques israéliennes contre les secouristes du CSI, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee a indiqué que « ces derniers jours, des combattants du Hezbollah utilisent de plus en plus les véhicules de secouristes pour transporter des armes ».

Tout véhicule « utilisé par des membres armés du Hezbollah à des fins terroristes, quel que soit son type, fera l'objet de mesures appropriées pour empêcher son utilisation à des fins militaires », a-t-il mis en garde.

Mikati appelle à protéger les civils

Dans ce contexte, le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a intensifié ses contacts diplomatiques en vue d’obtenir que des pressions soient exercées sur les Israéliens, les obligeant à arrêter de viser des secouristes et des sauveteurs qui se rendent sur les lieux ciblés par son aviation, en vue de transporter les blessés et les victimes. Selon un communiqué du Grand sérail, M. Mikati a « dénoncé ces agressions de l’ennemi israélien qui vont à l’encontre du droit international et des règles humanitaires en vigueur ».

Entre-temps, quatre hôpitaux du Liban-Sud sont actuellement hors service : l'hôpital Salah Ghandour, l'hôpital gouvernemental de Marjeyoun, celui de Mays el-Jabal et celui de Bint Jbeil, rapporte notre correspondant. L’hôpital de Mays el-Jabal (caza de Marjeyoun) a annoncé sa fermeture vendredi, en raison de la difficulté d’accès du personnel et de l’arrivée de matériel médical, des coupures de courant et d’eau. La direction de l’hôpital a dénoncé les attaques contre les centres de santé, et appelé la communauté internationale à réagir aux agressions israéliennes.

De son côté, l'hôpital Sainte Thérèse, situé dans une zone près de la banlieue-sud de Beyrouth que l'armée israélienne avait appelé à évacuer à maintes reprises avant ses frappes, a démenti sa fermeture. « Après avoir pris connaissance de l'alerte (dans la nuit de jeudi à vendredi), nous avons commencé à appeler tous les patients et le personnel à se réunir au premier étage en un seul endroit. L'explosion a frappé le côté sud-ouest de l'hôpital, causant de graves dommages structurels », nous a confié Jessy Kassem, sage-femme. « Les installations hydrauliques ont été touchées, ce qui a provoqué une inondation importante et des problèmes électriques dans le service de radiologie, la salle d'opération et les urgences », a de son côté affirmé le directeur général de l'hôpital, Élie Hachem. « Les réparations d'urgence ont commencé et l'établissement fonctionne avec une capacité limitée. On ne sait pas encore quand il sera en mesure de reprendre toutes ses activités », a-t-il poursuivi.