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Politique - Décryptage

L'Iran a-t-il lâché le Hezbollah ? Des sources pro-iraniennes répondent


S’il est vrai que le guide suprême et même le ministre des Affaires étrangères de l’Iran se sont rapidement rattrapés, les petites phrases du président Massoud Pezeshkian ont eu de grands échos dans les milieux de « l’axe de la résistance » et en particulier dans l’environnement du Hezbollah. De New York où il préside la délégation de son pays à l’Assemblée générale des Nations unies, le président iranien a affirmé que l’Iran souhaite reprendre les négociations avec les États-Unis, laissant entendre que la République islamique ne compte pas participer à la guerre qui se déroule actuellement à Gaza et au Liban, même si le Hezbollah ne peut pas rester seul face à Israël, tout en demandant à la communauté internationale d’empêcher que le Liban devienne un autre Gaza. À ces petites phrases considérées comme ambiguës, dans une période aussi délicate, il faut ajouter des informations véhiculées dans des médias américains, notamment le site Axios, selon lesquelles le Hezbollah aurait demandé aux Iraniens d’intervenir à ses côtés contre les attaques israéliennes, mais ceux-ci auraient répondu que le moment n’est pas propice.

Dans le contexte de cette terrible violence israélienne, qui fait de nombreux morts dans les rangs des civils, ces informations et ce climat général ont commencé à provoquer un sentiment d’amertume chez les partisans du Hezbollah, d’autant que les adversaires de la formation se sont empressés d’affirmer que celle-ci a été lâchée par son « parrain iranien » alors qu’elle se bat au Liban pour servir les intérêts de celui-ci. L’idée circule désormais dans les milieux politiques et populaires et les analyses se multiplient dans les médias selon lesquelles le Hezbollah se retrouve tout seul et que les Iraniens, qui n’ont toujours pas riposté à l’assassinat du chef du Hamas Ismaïl Haniyé à Téhéran le 31 juillet, cherchent à conclure un accord avec les États-Unis aux dépens du parti chiite.

Ce dernier refuse jusqu’à présent de répondre à ces affirmations, pour montrer, dit-il, qu’il ne leur accorde aucune importance. Par contre, des sources proches des Iraniens expliquent que dans le système actuel, il faut faire une distinction entre le président de la République, qui a plutôt un rôle technique qui ressemble plus à celui du Premier ministre dans un système présidentiel de gouvernance, et le guide suprême qui, lui, est en charge des questions stratégiques de la République islamique.

Pezeshkian s’est donc rendu à New York avec un message clair, celui de maintenir un fil même ténu avec l’administration américaine. Selon ces mêmes sources, après avoir mené des négociations directes à Oman, les Iraniens et les Américains avaient convenu de les suspendre en attendant l’élection présidentielle américaine. Une délégation américaine avait même rencontré des représentants iraniens dans ce but il y a près de 3 mois et les deux parties s’étaient mises d’accord sur le fait que si les démocrates devaient l’emporter, les négociations seraient reprises rapidement, sur le nucléaire mais aussi sur les autres dossiers conflictuels dans la région. C’est dans ce contexte que le président iranien a fait des déclarations positives à l’égard des Américains, car les deux parties avaient décidé de maintenir le statu quo qui prévalait à ce moment-là, c’est-à-dire éviter toute escalade pour pouvoir reprendre les discussions le moment venu. Ce que le Premier ministre israélien ne voit pas d'un bon œil, pour des raisons personnelles.

Toutefois, en mars dernier, avant l’attaque contre le consulat iranien à Damas (début d’avril), les Iraniens avaient transmis un message aux Américains pour dire que si une guerre totale était déclenchée au Liban, l’Iran adoptera une toute autre attitude, différente de celle qu’elle a face à la guerre à Gaza. Benjamin Netanyahu a répondu à ce message iranien en attaquant le consulat iranien à Damas et plus tard en assassinant Haniyé à Téhéran. Son but est d’entraîner directement les Iraniens dans le conflit. Ceux-ci, selon leurs sources, ne veulent pas jouer son jeu, mais si vraiment le Hezbollah est en danger, ils ne se tiendront pas à l’écart. Il y avait donc sans doute une certaine maladresse de la part du président iranien dans ce contexte précis, mais il n’y a rien de changé dans la stratégie iranienne qui reste définie par le guide suprême. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un message clair d’appui au Hezbollah a été envoyé juste après les déclarations de Pezeshkian. C'est dans ce cadre que le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Arakji a déclaré mercredi que « l’Iran ne restera pas les bras croisés en cas d’éclatement d’une guerre totale au Liban ».

Les mêmes sources expliquent à cet égard que l’idée de lâchage du Hezbollah par les Iraniens avait déjà été évoquée lors de la conclusion de l’accord sur le nucléaire en 2015, certains estimant alors que le prix iranien de la conclusion de cet accord était l’abandon du Hezbollah. Mais rien de tel n’a eu lieu et la République islamique n’a cessé depuis d’augmenter son aide au Hezbollah. Ce dernier, expliquent les mêmes sources, est partie intégrante de ce que les Iraniens appellent « la Force al-Qods » qui était dirigée par le général Kassem Souleimani auquel a succédé le général Ismaïl Qaani. Il s’agit d’une alliance régionale qui regroupe des formations de divers pays, comme le Hamas, les Fatimides en Afghanistan, les Noujaba et le Hachd al-Chaabi en Irak, les Husseinistes au Pakistan, les houthis au Yémen. Le Hezbollah en est la composante la plus importante. Cette alliance est placée sous la houlette des gardiens de la révolution. Cela fait des années que la République islamique travaille pour la construire, elle ne va donc pas la sacrifier aussi facilement, surtout qu’elle a poussé vers la fabrication d’armes sur place dans chacun des pays où se trouve une des forces de cette alliance, afin d’éviter les transports risqués. Les usines pour fabriquer des armes se trouvent donc dans chacun de ces pays. C’est l’une d’elles qu’ont bombardée les Israéliens dans la région de Messiaf en Syrie le 9 septembre et c’est ce qu’ils essayent de détruire au Liban, surtout que ces usines fabriquent ce qu’on appelle les missiles de haute précision.

Les sources proches de l’Iran se demandent ainsi comment la République islamique pourrait-elle lâcher un investissement de cette importance, surtout pour des promesses qui peuvent ne pas être tenues, comme elle en a déjà fait l’expérience ? D’ailleurs, l’investissement sur le Hezbollah et les autres forces de « l’axe » s’est poursuivi pendant la présidence du réformateur Khatami et même lors des négociations sur l’accord nucléaire. Selon ces mêmes sources, ce sont les Occidentaux qui distillent les rumeurs sur un lâchage iranien du Hezbollah pour le pousser à accepter la conclusion d’une trêve au Liban, qui serait en faveur des Israéliens, ne serait-ce que parce qu’elle met fin au « front de soutien ».

S’il est vrai que le guide suprême et même le ministre des Affaires étrangères de l’Iran se sont rapidement rattrapés, les petites phrases du président Massoud Pezeshkian ont eu de grands échos dans les milieux de « l’axe de la résistance » et en particulier dans l’environnement du Hezbollah. De New York où il préside la délégation de son pays à l’Assemblée générale des Nations unies, le président iranien a affirmé que l’Iran souhaite reprendre les négociations avec les États-Unis, laissant entendre que la République islamique ne compte pas participer à la guerre qui se déroule actuellement à Gaza et au Liban, même si le Hezbollah ne peut pas rester seul face à Israël, tout en demandant à la communauté internationale d’empêcher que le Liban devienne un autre Gaza. À ces petites phrases...
commentaires (6)

D’après les rumeurs qui ont circulé depuis peu, l’Iran a lâché le parti de Dieu. En fait, comme l’a d’ailleurs confirmé Karim Pakradon lors d’une interview sur une chaîne locale, que l’Iran n’intervient jamais dans les décisions prises par la milice chiite. Allez comprendre! Mais tout compte fait, nous nous trouvons dans une situation terriblement dangereuse.

Hitti arlette

17 h 09, le 27 septembre 2024

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Commentaires (6)

  • D’après les rumeurs qui ont circulé depuis peu, l’Iran a lâché le parti de Dieu. En fait, comme l’a d’ailleurs confirmé Karim Pakradon lors d’une interview sur une chaîne locale, que l’Iran n’intervient jamais dans les décisions prises par la milice chiite. Allez comprendre! Mais tout compte fait, nous nous trouvons dans une situation terriblement dangereuse.

    Hitti arlette

    17 h 09, le 27 septembre 2024

  • C'est encore trop tôt, il faut attendre et voir venir. Pour l'instant il semble que le HB finira en Syrie éventuellement sous tutelle Russe et ce ne sera pas un hasard.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 53, le 27 septembre 2024

  • Il est donc clair et net que le Hezbollah est un satellite de l’Iran dont le seul but est de détruire le Liban pour y installer une république islamique. Cet article est un cas casus belli pour tous les souverainistes libanais qui doivent s’opposer au Hezbollah et à tous les collaborateurs de l’invasion Iranienne qui soutiennent le Hezbollah. FL réveillez vous, la patrie est en danger contre ces envahisseurs et leurs agents

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 50, le 27 septembre 2024

  • L’Iran lâcher le Hezbollah? Posée en ces termes, la question est d’une évidente absurdité. Elle supposerait l’existence d’une milice libanaise soutenue par l’Iran, alors qu’elle n’est que la branche libanaise des pasrarans, créée, armée, financée et commandée par l’Iran. Dès lors, il faut poser la question autrement. Etant entendu que Téhéran veut éviter de s’impliquer officiellement dans cette guerre (les manœuvres navales américaines sont oeut-être pour quelque chose dans cette attitude), quels ordres, le Guide Suprême va-t-il donner à Nasrallah?

    Yves Prevost

    07 h 51, le 27 septembre 2024

  • L’Iran pense à son intérêt national et c’est normal. Par contre le hezbollah pense lui aussi à l’intérêt de l’Iran et là ce n’est pas normal. Le hezbollah se retrouve tout seul à recevoir les coups…et avec lui les Libanais . L’Iran fait des avances au satan américain. On verra bien jusqu’où iront les mollahs pour retrouver la bienveillance américaine. Ce sont bien les USA qui leur ont livré l’Irak et qui ont maintenu leur allié Bacahr au Pouvoir.

    Goraieb Nada

    06 h 52, le 27 septembre 2024

  • Maladresse par ci ou par là. Est-ce que les villages bombardés comprennent ceci? Rien que des paroles. Les faits en disent autrement.

    Khazzaka May

    03 h 10, le 27 septembre 2024

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