Un titre qui semble inspiré par la saison de la rentrée scolaire. Mais ce n’est pas le cas.
Je fais référence à la situation dramatique et honteuse, pour ne pas dire maladive, qui divise les Libanais. Plus précisément, je parle de l’état d’esprit incohérent et hétéroclite qui règne chez les Libanais durant ces bombardements dévastateurs et inhumains par l’État hébreu dans le sud du pays, infligeant des dégâts très importants, notamment à la respectable communauté chiite.
Un peu de rétrospective. Il faut avoir le courage d’admettre que chacun de nous garde une blessure à cause de la guerre dite « civile » du Liban. Peut-être certains plus que d’autres. En tant que chrétien et fils du quartier d’Achrafieh, je ne cache pas la haine que j’éprouvais à l’époque contre les forces palestiniennes et progressistes, et surtout contre l’armée syrienne. Mon ami musulman, de l’autre côté de la ligne de démarcation, dite
« Beyrouth-Ouest », éprouvait les mêmes sentiments de haine à notre égard, nous, les chrétiens, que lui considérait comme des agents de l’Occident. Mais tout cela appartient au passé depuis bien longtemps, car nous avons compris que cette guerre dite « civile » avait été imposée au Liban par les puissances étrangères. Nous avons pleuré nos victimes, malheureusement certains plus que d’autres. Mais nous avons évolué. Il fallait évoluer. Avec beaucoup de force et d’espoir pour l’avenir, nous avons tourné la page, car il le fallait, tout en réalisant que cette guerre nous avait été imposée pour assurer la survie de l’État d’Israël. Diviser pour mieux régner.
Il y avait des leçons à tirer de cette guerre. Mais malheureusement, la réalité montre qu’il existe toujours une grande faille intercommunautaire chez les Libanais. Quelle honte. La preuve en est que nos frères meurent au Sud, mais certains d’entre nous ne se sentent pas concernés. Même des civils innocents sont sauvagement bombardés dans leurs résidences, mais beaucoup ne se sentent toujours pas affectés.
Quel dédain. Il suffisait d’apprendre une leçon de la guerre civile, et cette leçon était de rester unis et solidaires contre les ingérences extérieures. Mais d’un côté comme de l’autre, cette leçon n’a pas été apprise. Nous n’avons pas compris que l’intérêt du Liban devait primer sur tout.
« Le Liban avant tout » était la seule devise que nous devions apprendre, mais malheureusement, beaucoup ont préféré leurs intérêts communautaires avant celui du Liban. Dommage. Maintenant, il est peut-être trop tard.
Ce qui m’effraie, c’est que « l’ouragan » est déjà à nos portes. Aujourd’hui, il est en train de consumer le sud du pays et sa population, mais, tôt ou tard, il arrivera plus loin, et l’histoire en témoignera. Ne pensez surtout pas que vous serez épargnés. Le jour viendra où ceux qui se sentent « non concernés » par cette guerre deviendront une monnaie d’échange. Ne vous souvenez-vous pas de l’histoire, il n’y a pas si longtemps ?
Dr Vartkès ARZOUMANIAN
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.
Le Liban avant tout ou l’Iran ?
05 h 09, le 24 septembre 2024