Dix commandants de la force d’élite al-Radwane du Hezbollah et son chef effectif Ibrahim Akil ont été tués vendredi après-midi dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, selon l'armée israélienne. Une frappe qui a également fait des morts civils et des dizaines de blessés.
Le responsable militaire visé était recherché par les États-Unis pour son implication dans les attentats à la bombe contre l’ambassade américaine à Beyrouth en avril 1983.
Après que trois énormes détonations ont retenti dans le quartier de Haret Hreik vers 16h, l’armée israélienne a revendiqué sans tarder une « frappe ciblée » sur Beyrouth, qui a eu lieu près de la mosquée al-Qaëm, dans la banlieue sud, bastion du Hezbollah. En début de soirée, le porte-parole arabophone de l’armée Avichay Adraee a affirmé qu’Ibrahim Akil, « chef des opérations » militaires du parti chiite, a été tué dans la frappe, aux côtés d’environ « dix commandants du Hezbollah ».
Après minuit, le Hezbollah a confirmé la mort d'un de ses « grands dirigeants », Ibrahim Akil, sans préciser son rang ni sa position.
Selon une source sécuritaire citée par al-Jazeera, vingt membres de l'unité al-Radwane qui tenaient une « réunion du comité de commandement » ont été visés dans la frappe. L'attaque, qui a consisté en quatre missiles notamment au niveau du parking du bâtiment visé, a provoqué l'effondrement de l'immeuble jusqu'au deuxième sous-sol.
« Akil et les autres dirigeants tués étaient impliqués dans la planification d’une invasion du Golan par le Hezbollah, visant à envahir des localités du Golan et à tuer des civils », a accusé Adraee en comparant leurs plans présumés à l’attaque du 7 octobre. Le porte-parole de la troupe assure également que « l’armée israélienne continuera à agir pour désarmer les capacités du Hezbollah et frapper sur tous les fronts pour protéger les citoyens israéliens ». Plus tard, la radio de l’armée israélienne a indiqué sur X que l’attaque n’était « pas une élimination longuement planifiée » mais une « opportunité opérationnelle » bien saisie, qui avait été « rapidement » planifiée. « Lorsque nous parlons d’une nouvelle phase de la guerre, c’est exactement ce que nous voulons dire. Beyrouth était la ligne rouge, aujourd’hui il n’y a plus de ligne rouge », a ajouté la radio. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a pour sa part affirmé que les objectifs d’Israël étaient clairs et que ses actions parlaient d’elles-mêmes, selon des médias israéliens, tandis que son ministre de la Défense, Yoav Gallant, a menacé que « les ennemis d'Israël n'ont aucun lieu où se réfugier, pas même la banlieue (sud de) Beyrouth ». Le porte-parole l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a quant à lui affirmé que la troupe n’avait « pas l’intention d’accroître les tensions dans la région après sa frappe aérienne ».
Des dizaines de blessés
Deux sources sécuritaires citées par Reuters et une source proche du Hezbollah citée par l’AFP ont également confirmé le décès d’Ibrahim Akil. Une source de sécurité a indiqué à Reuters que le haut commandant a été tué aux côtés d’autres membres de la force al-Radwane alors qu’ils tenaient une réunion. Selon le quotidien allemand Tagesspiegel, Ibrahim Akil « venait tout juste de sortir de l’hôpital vendredi, après avoir été blessé lors d’une attaque contre des équipements techniques du Hezbollah », en référence aux opérations israéliennes ayant fait exploser simultanément, mardi et mercredi, des milliers de bipeurs et de talkie-walkies utilisés par le parti chiite. Il n’était pas clair jusqu’à présent dans laquelle de ces vague d’explosions Akil aurait été blessé.
Selon un bilan provisoire du ministère libanais de la Santé publié vers 19h30, la frappe a fait au moins quatorze morts et 66 blessés, dont neuf dans un état critique. Le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, tiendra une réunion exceptionnelle du Conseil central de sécurité samedi, à midi, tandis que celui de la Santé, Firas Abiad, abordera la situation sanitaire au Liban à la suite des attaques israéliennes de cette semaine lors d’une conférence de presse samedi à 11h30.
Escalade à la frontière sud
Il s’agit de la troisième frappe de ce type sur la banlieue sud de Beyrouth depuis le début de la guerre à Gaza et l’ouverture du front par le Hezbollah contre Israël en soutien à son allié, le Hamas. La première, le 2 janvier, a tué Saleh el-Arouri, le numéro deux du bureau politique du Hamas, ainsi que six autres personnes. La deuxième, le 30 juillet, a coûté la vie au commandant militaire de haut rang du Hezbollah, Fouad Chokor, ainsi que deux enfants et trois femmes. Selon la chercheuse Randa Slim, du cercle de réflexion Middle East Institute à Washington, Ibrahim Akil avait remplacé Fouad Chokor.
Cette frappe intervient alors que les bombardements de part et d’autre de la frontière libano-israélienne se sont intensifiés au cours des dernières 24 heures. Le Liban-Sud a été très lourdement bombardé par l’armée israélienne dans la nuit de jeudi à vendredi, avec plus de cinquante missiles lancés en une vingtaine de minutes, notamment sur les hauteurs du caza de Jezzine et dans la vallée de Berghoz, dans le caza de Hasbaya. L’armée israélienne a dit avoir visé des dizaines de lance-roquettes. En riposte, le Hezbollah a revendiqué plus d’une dizaine d’attaques avec des roquettes Katioucha, des Falaq et des missiles guidés sur une série de positions militaires d’importance dans le nord d’Israël, jusqu’à la région de Safed, à une douzaine de kilomètres de profondeur et dans le Golan syrien, jusqu’à 20 kilomètres de la ligne bleue. En milieu de journée, l’armée israélienne a indiqué que près de 70 roquettes avaient été tirées vers Israël depuis le Liban. Dans la matinée, des salves de roquettes du parti chiite ont détruit « une dizaine de maisons » dans le Nord israélien, légèrement blessé une femme et provoqué des incendies, selon l’armée, les autorités locales et les services de secours cités par le Haaretz.
Après le raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah a notamment affirmé avoir tiré des salves de roquettes Katioucha sur « le principal quartier général des renseignements dans la région nord (d’Israël), responsable des assassinats », ajoutant qu’il s’agissait d’une « réponse aux attaques de l’ennemi israélien » sur le sud du Liban.
Le parti chiite a par ailleurs annoncé tout au long de la journée la mort de cinq de ses combattants. Trois d’entre eux ont succombé à leurs blessures subies mardi ou mercredi, ce qui porte le bilan des opérations israéliennes contre les moyens de télécommunications du Hezbollah à 40 morts. Deux autres ont été tués au Liban-Sud. Une source de sécurité a déclaré à notre correspondant au Liban-Sud, leurs corps ont été pris en otage par l’armée israélienne. Cette dernière avait plus tôt annoncé avoir tué deux membres du Hezbollah qui tentaient de planter des explosifs le long de la frontière.
Wow !
22 h 02, le 20 septembre 2024