Le secteur bancaire libanais ne comptait plus que 761 agences bancaires à la fin de 2023, un nombre qui est passé en-dessous de la barre des 800 au second semestre de l'année, selon les données de la Banque du Liban compilées par Lebanon This Week de la Byblos Bank. Cela se traduit par une baisse de 34 % du nombre d’agences bancaires par rapport à fin 2019 et de 10,8 % comparé à fin 2022. Le dégraissage a eu lieu dans les banques commerciales, qui détiennent 741 des agences encore ouvertes à fin 2023. Sur ce total, 695 sont localisées au Liban, les autres étant à l’étranger.
Le secteur est dysfonctionnel et techniquement en faillite depuis fin 2019 et le début de la crise dans laquelle le pays est plongé. L’État n’a toujours pas commencé à le restructurer malgré plusieurs tentatives – dont la bonne foi est difficile à juger – pour finaliser un plan organisant cette opération. Les salaires d’une majorité des employés n’ont pas été ajustés de manière à compenser la dépréciation liée à l’effondrement de la livre libanaise.
Selon un dirigeant de banque qui a requis l'anonymat et se basant sur des données compilées par l’Association des banques du Liban (ABL), les rémunérations dans le secteur bancaire ont diminué en moyenne de 50 % par rapport à leur niveau d’avant la crise. Contacté, le président du syndicat des employés de banques, Georges el-Hage, indique que les salaires du secteur bancaire figurent parmi les moins élevés du marché du travail libanais. Le secrétariat général de l’ABL n’a pas répondu à nos appels visant à préciser ces statistiques, ni à confirmer si elles intègrent aussi les avantages qui ont été maintenus, comme la participation aux frais de scolarité ou aux frais d’assurances. Une autre source bancaire affirme de son côté que les rémunérations varient sensiblement d’une banque à l’autre.
Le secteur « n’attire plus »
Parallèlement au nombre d'agences, celui des effectifs du secteur continue lui aussi de baisser. Selon d’autres données publiées par la Banque du Liban, le secteur financier dans son ensemble n’employait plus que 15 198 personnes à fin 2023, un total qui s’est effondré de 41,8 % depuis fin 2019. La proportion d’employés de banques commerciales atteint 91,1 % (13 845 personnes) contre 4,5 % dans les banques privées et d’investissements (684), le reste travaillant pour les sociétés financières non-bancaires. Le nombre d’employés de banques communiqué par la BDL (14 529) est différent de celui publié sur le site de l’ABL, qui fait état de 14 860 employés à fin 2023, toutes catégories de banques confondues. Une différence qui peut trouver sa source dans le fait que la banque centrale ne comptabilise que les employés basés au Liban. Le nombre d’employés du secteur avait déjà baissé de 35 % entre fin 2019 et fin 2022, passant de plus de 26 000 à moins de 17 000 sur cette période.
Georges el-Hage affirme ne pas pouvoir confirmer ces chiffres avec exactitude, mais il estime qu’ils sont fiables. Il ajoute que le secteur « n’attire plus » et continue de perdre progressivement tous ses employés les plus qualifiés – notamment les techniciens informatiques – qui trouvent facilement des emplois mieux rémunérés à l’étranger. Il ajoute que de plus en plus de cadres intermédiaires tentent également de partir à l’étranger, mais sont boudés par les recruteurs des pays du Golfe, refroidis par les mésaventures du secteur bancaire libanais. « C’est un phénomène qui touche toutes les catégories de postes », assure le dirigeant de banque, qui précise que certaines banques recrutent pour remplacer les départs.
Dire que jusqu’à il y 5 ans nous étions fiers de notre secteur bancaire, alors qu’aujourd’hui on n’ose même pas lui cracher dessus de peur de salir sa salive…
19 h 03, le 10 septembre 2024