Les manifestants dans le centre-ville de Beyrouth. Photo fournie par notre correspondant Mountasser Abdallah
La réunion du gouvernement sortant de Nagib Mikati prévue mardi matin, pour notamment lancer l'étude du projet de budget 2025, a été reportée sine die, a annoncé le secrétariat général du Conseil des ministres. Cette décision a été prise faute de quorum des participants, alors que les accès vers le Grand Sérail étaient bloqués par des manifestants, notamment des militaires à la retraite, qui réclament une révision des salaires du secteur public.
« Faute de quorum, il a été décidé de reporter la réunion du Conseil d'aujourd'hui à une date ultérieure », a annoncé le secrétariat dans un bref communiqué.
Selon l'Agence nationale d'Information (ANI, officielle), seuls les ministres sortants de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, des Télécoms Johnny Corm, de l'Industrie Georges Bouchikian, et des Sports Georges Kallas ont pu arriver au siège du gouvernement.
Dès l'aube, plusieurs dizaines de militaires à la retraite et manifestants se sont mobilisés dans le centre-ville de Beyrouth, brûlant des pneus pour empêcher les voitures de se rendre vers le Grand Sérail. Les vétérans de l'armée libanaise réclament au gouvernement une amélioration de leurs indemnités de retraite et une revalorisation des salaires du secteur public.
Revendications
Pendant le sit-in, le général à la retraite Georges Nader a déclaré qu'il n'y « aura pas de Conseil aujourd'hui, tant que les revendications des militaires à une vie digne, à l'instar de tous les autres secteurs, ne seront pas entendues ».
L'ANI rapporte encore qu'avant l'annonce du report de la séance, des vétérans de l'armée ont essayé de retirer les fils de fer barbelé autour du Sérail, sur la place Riad el-Solh. Des agents de la brigade anti-émeute et des militaires présents sur les lieux les en ont dissuadés en leur faisant part de la décision de reporter le Conseil.
Des manifestants ont ensuite refusé de quitter les lieux et d'ouvrir les routes avant de pouvoir s'entretenir avec un représentant de Nagib Mikati.
Solutions provisoires
De son côté, Farès Gemayel, un conseiller auprès de Nagib Mikati, a estimé au micro de la chaîne al-Jadeed que le report de la réunion ministérielle « entraînera l'ajournement » de certaines décisions qui devaient être prises durant la séance, notamment celles concernant « des revendications de base et solutions provisoires en attendant l'approbation du budget ». « C'est le droit de chaque citoyen d'exprimer ses revendications de la manière qu'il juge la plus appropriée, mais cela a-t-il mené aux objectifs attendus ? », s'est-il interrogé. Il a en outre indiqué qu'il n'était pas prévu jusqu'à présent d'organiser une autre séance dans l'après-midi.
Après l'annonce de report de la réunion, le ministre Bouchikian a déclaré avoir contacté un général à la retraite pour lui proposer d'entrer au Sérail et de s'entretenir avec les ministres présents, mais que les autres contestataires ne lui avait pas permis de rentrer dans le bâtiment. « Cela nous a surpris, comment pouvons-nous négocier s'ils ne veulent pas nous rencontrer ? » a ajouté le ministre.
Lundi soir, le Premier ministre sortant Nagib Mikati s'était dit étonné de l'appel à manifester des militaires retraités. Mardi matin, son bureau de presse a publié une photo de lui « dans son bureau, en train de préparer la séance du Conseil des ministres ».
Une soixantaine de points étaient inscrits à l'ordre du jour de cette séance, en tête desquels figure l'étude du budget de l’État et une demande du ministère du Travail visant à modifier le salaire minimum. L'ordre du jour ne précise pas les détails, si ce n'est la mention d'une « formule validée par le Conseil d’État ». La dernière modification salariale remonte à avril dernier, lorsque le salaire minimum était passé de 9 à 18 millions de LL par mois.