Jannik Sinner 2, Carlos Alcaraz 2, Novak Djokovic 0 : en 2024, une page a été tournée puisque l’Italien et l’Espagnol se sont partagé les quatre titres du Grand Chelem et que le Djoker risque de ne pas se qualifier pour les Masters de fin d’année.
« Melbourne (l’Open d’Australie, NDLR) est venu comme un soulagement, parce que je travaillais dur pour gagner un (tournoi du) Grand Chelem, mais on n’est jamais sûr de pouvoir en gagner un. Ici c’était difficile, notamment à cause de l’avant-tournoi. J’ai l’impression d’avoir grandi, progressé, chaque match augmentant mon niveau de confiance », a déclaré Sinner après son titre à Flushing Meadows en allusion au double contrôle antidopage pour lequel il a été blanchi mais qui a été révélé juste avant le début du tournoi.
Djokovic est certes monté, à 37 ans, sur la plus haute marche du podium olympique en remportant à Paris le seul grand titre qui manquait à son incomparable palmarès. Mais globalement, il est tombé de son piédestal.
« Je n’ai quasiment jamais aussi mal joué, et je n’avais jamais aussi mal servi », constatait-il avec une colère mêlée de défaitisme après son élimination au troisième tour à Flushing Meadows.
Quasi parfait
Lui, dont le mental a si longtemps complété un jeu quasi parfait pour en faire le chasseur de records qu’il a été, a flanché. Plus surprenant, n’était pas capable de l’expliquer.
« J’ai dépensé énormément d’énergie pour remporter l’or (olympique), et en arrivant à New York, je ne me sentais pas frais mentalement ni physiquement. Mais comme c’est l’US Open, j’ai voulu tenter le coup et fait de mon mieux. Je n’avais aucun souci physique, j’étais juste sans énergie », a-t-il commenté.
Lundi, au lendemain de la victoire de Sinner, 23 ans, à Flushing Meadows, le plus grand joueur de l’histoire est retombé à la quatrième place du classement ATP, derrière l’Italien large n° 1, l’Allemand Alexander Zverev, remonté à la deuxième place grâce à deux saisons très régulières mais sans grand titre (si ce n’est le Masters 1000 de Rome cette année), et Alcaraz.
Depuis deux saisons, avec la retraite de Roger Federer et l’intermittence de plus en plus large de Rafael Nadal, le Djoker tenait tête seul, avec panache, aux générations montantes.
Depuis le premier titre de Federer à Wimbledon en 2003, le Big3 avait remporté au moins un Majeur par saison. Djokovic avait même été à un match de réussir l’exploit ultime du Grand Chelem en 2021.
Ancien régime
En 2023 encore, il avait remporté l’Open d’Australie, Roland-Garros et l’US Open pour égaler le record absolu de 24 titres du Grand Chelem.
Mais en 2024, Djokovic a cédé en demi-finales de l’Open d’Australie, où il détient le record de dix titres, face à Sinner qui a remporté dans la foulée son premier tournoi du Grand Chelem. Puis il s’est blessé à Roland-Garros et a été contraint au forfait avant les quarts de finale. À Wimbledon, il a joué son unique finale de la saison à ce jour, mais il s’est fait balayer par Alcaraz. Et il a chuté dès le troisième tour à New York...
Outre Sinner et Alcaraz, promis depuis des mois à dominer le circuit dans les années qui viennent, le Majeur américain a mis en avant le renouveau du tennis national, avec quatre joueurs US en huitièmes de finale (Taylor Fritz futur finaliste, Tommy Paul, Brandon Nakashima et Frances Tiafoe), sans oublier Ben Shelton, peut-être le plus prometteur de tous, battu au troisième tour par Tiafoe.
Le Britannique Jack Draper a aussi marqué le tournoi en se hissant à 22 ans en demies, tandis que Daniil Medvedev et Alexander Zverev restent dangereux à chaque tournoi.
« C’est bien de voir de nouveaux champions, de nouvelles rivalités. Il y aura toujours des joueurs pour me rendre meilleur, qui me battront à certains moments. Il faut alors trouver un moyen de les battre », estime Sinner, pour qui l’ancien régime semble résolument du passé.
Au classement de la Race, qui détermine en temps réel les huit meilleurs joueurs qui s’affronteront dans l’ultime tournoi de l’année, les Masters, Djokovic n’est que neuvième après l’US Open.
Il y détient le record de sept titres et y a participé tous les ans depuis 2007, à l’exception de 2017 où, blessé, il avait écourté sa saison avant même l’US Open...
En cette fin de saison, le Serbe doit jouer le barrage de Coupe Davis contre la Grèce, puis il aura encore notamment les Masters 1000 de Shanghai et Paris, ou encore l’ATP 250 de Belgrade pour décrocher son ticket pour Turin (10-17 novembre).
Mais au vu du peu de tournois joués cette année et surtout de ses résultats, rien n’est garanti pour celui qui est toujours à la recherche d’un premier titre sur le circuit ATP en 2024.
Source : AFP