Le ministre sortant de l'Education et de l'Enseignement supérieur, Abbas Halabi, serait-il en voie de présenter sa démission, alors que la nouvelle année scolaire vient tout juste de commencer ? C'est ce qu'affirment plusieurs médias locaux qui lient cette décision à des tensions autour des nouveaux frais d'inscription dans les écoles publiques du Liban.
Selon une décision récente du ministre, les frais d'inscription ont été augmentés à 4,5 millions de livres libanaises (près de 50 dollars) pour les élèves libanais et 9 millions (environ 100 dollars) pour les élèves étrangers afin de renflouer les caisses des écoles publiques, déjà malmenées par la crise économique qui sévit depuis 2019.
Cette décision a été critiquée sur la plateforme X par l'ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, malgré la proximité du ministre avec le PSP. M. Joumblatt semble avoir effacé ultérieurement ce commentaire dans lequel il considérait que le ministre de l'Éducation ne respectait pas le principe de la gratuité de l'enseignement dans les écoles publiques, tel que stipulé par la Constitution.
Contacté par L'Orient-Le Jour, un conseiller du ministre n'était pas en mesure de confirmer ou non les rumeurs sur la démission de Abbas Halabi, ce dernier étant actuellement « en déplacement en France pour un événement organisé par l'Unesco et sans accès à son téléphone ».
Selon le quotidien an-Nahar, le ministre considérerait que le secteur de l'éducation au Liban serait victime d'une « conspiration ». Selon le Nahar, qui cite des sources proches de Halabi, ce dernier a l'impression d'un « abandon général » du secteur éducatif et de l'enseignement public et privé, et se sent « lâché » par le gouvernement « qui se dérobe à ses responsabilités ». « Des ministres participent à des campagnes contre l'éducation pour des raisons politiques », pour obtenir des « nominations et postes », selon la source citée. Dans cette situation, « la rentrée scolaire va faire face à de grandes crises », selon des sources au sein du secteur citées dans le quotidien arabophone, qui évoquent notamment un risque de grève des enseignants et un retard des aides en provenance des pays donateurs. C'est dans ce contexte que M. Halabi envisagerait de « démissionner ou se mettre en retrait ». Une source citée dans le Nahar affirme que le ministre n'a pas pris son poste « avec en tête un projet politique », mais qu'il ne veut pas « rester témoin de l'effondrement du secteur en raison de son abandon par l'exécutif et les forces politiques ».
Contrairement aux années précédentes, les enseignants cadrés du public ne se sont pas mis en grève au cours de l'année scolaire écoulée. Seuls les professeurs contractuels ont manifesté à plusieurs reprises, menaçant de grève sans toutefois y recourir, afin de réclamer une révision de leur statut. Ces protestations n'ont toutefois pas impacté l'année scolaire.
Cette dernière a par contre été entravée par la guerre déclenchée au Liban-Sud en octobre dernier.